Dix grands chargeurs s'engagent à rendre neutre leur fret maritime d'ici 2040

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La pression s’intensifie. Ils sont désormais dix-neuf et ils représentent des marques à forts volumes. Target, DuPont, Philips, Beiersdorf, Electrolux, Sisley… rejoignent les Amazon, Ikea, Unilever, Michelin, Patagonia, et autres Zara dans leur engagement à transporter leur fret sur des navires sans émissions de carbone avant 2040. Une exigence bien plus stricte que celle qu’impose l’OMI et alors qu’aucun carburant maritime vert n’est actuellement à portée.

Target, DuPont, Coopérative REI, Philips, Beiersdorf, Electrolux, ETTLI Kaffee, Jouets Moose, Ohana Beverage Company et Sisley viennent de rejoindre l’initiative Cargo Owners for Zero Emission Vessels (Cozev), qui regroupe des chargeurs s’engageant à ce que leur fret maritime embarque sur des navires utilisant des carburants neutres en carbone d'ici à 2040. Ils s’ajoutent à Amazon, Ikea, Unilever, Michelin, Patagonia, Tchibo, Brooks Runnings, Frog Bikes et Inditex (propriétaire de Zara), qui y avaient adhéré dès octobre 2021, ce qui porte à 19 le nombre de clients en grands volumes susceptibles d’accroître la pression sur les commissionnaires et les armateurs. 

Pour rappel, les échéances de décarbonation telles qu’elles ont été décidées par l’OMI en 2018 (potentiellement révisables en 2023) imposent de réduire de 40 % d'ici 2030 l'intensité en carbone des navires par rapport à 2008 et de moitié les émissions de gaz à effet de serre générées par le transport maritime d'ici 2050.

Le volume que cette vingtaine de grands clients du transport maritime représentent n’est pas communiqué mais leur poids est suffisamment significatif pour envoyer les signaux de demande nécessaires au développement des carburants et les technologies à émissions nulles, assurent les membres de cette initiative soutenue par l'Aspen Institute's Shipping Decarbonization Initiative, lequel compte parmi ses partenaires l'Ocean Conservancy, la Clean Air Task Force, l'Environmental Defense Fund et l'UMAS.

Les parties prenantes ne précisent pas non plus ce qu’ils entendent par des carburants neutres en carbone sachant qu’il n’y a rien sur étagères actuellement qui entrent dans cette définition. Si ce n’est des balises futurs : hydrogène, e-ammoniac ou e-méthanol.

Des corridors verts pour quelle faisabilité ?

Six corridors maritimes verts

« En moins d'un an, nous avons changé le récit entourant la décarbonisation du transport maritime », veut croire Dan Porterfield, président et directeur général de l'Aspen Institute. « Les propriétaires de fret donnent le coup d'envoi d'une transition énergétique propre dans cette industrie critique ».

La pression s’accroît pour accélérer alors que l’OMI n’est pas aussi avancée dans son calendrier, freinée par un bloc de pays emmenés par la Chine, grande consommatrice d’énergies fossiles ou pas des États qui n’ont aucun intérêt à anticiper la fin des énergies carbonées comme l’Arabie Saoudite.

En marge de la COP26, vingt-deux pays ont alors signé la déclaration de Clydebank, qui vise, elle, à établir, d'ici à 2025, six corridors maritimes verts, c'est-à-dire des routes maritimes à émissions nulles entre deux ports ou plus. Avec un objectif : que 200 navires zéro émissions utilisent ces corridors d'ici à 2030, avait alors fixé le ministre danois des transports, Benny Engelbrecht.

Dans la foulée, les ports de Shanghai et de Los Angeles avaient fait part de leur engagement commun à amorcer leur transition le long de leur route, le transpacifique étant l’une des plus fréquentées au monde. Le Pacifique pourrait donc être potentiellement l’un des premiers couloirs maritimes verts.

Un prêt indexé à des objectifs de décarbonation

De leur côté, les principales banques qui financent l'industrie du transport maritime ainsi que les grands assureurs du secteur ont lancé les Principes Poséidon, un cadre de référence pour que ceux qui financent les navires conditionnent leurs prêts à des objectifs de décarbonation. Les 30 banques maritimes et les 16 sociétés d’assurance et de courtage, qui représentent plus de 65 % du portefeuille mondial de financement des navires, viennent de resserrer leur norme de référence.

Ils s’étaient jusqu’à présent engagés à aligner leur portefeuille de prêts sur les objectifs climatiques fixés par l'Organisation maritime internationale (OMI), à savoir de réduire d'ici 2050 les émissions annuelles totales de gaz à effet de serre d'au moins 50 % par rapport à celles de 2008. Soit à peine la moitié du niveau visé par l'Accord de Paris pour parvenir à contenir le réchauffement climatique à 1,5 °C. Raison pour laquelle, ils ont décidé « d’accélérer [leur] ambition pour tendre vers cet objectif et jouer [leur] rôle d'incitation et de soutien à la décarbonation du transport maritime», a justifié Michael Parker, président du conseil d'administration de Citi et président des Principes Poséidon pour la catégorie des institutions financières. 

Adeline Descamps 

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