COP26 : une vingtaine de pays s'engagent à mettre en œuvre six corridors verts

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Clap de fin de la COP26, le sommet international sur le climat, qui s'est clôturé le 13 novembre à Glasgow sur un sentiment de grande amertume. Plusieurs annonces concernent le transport maritime dont celle de corridors verts. Une vingtaine de pays, dont la France, se sont engagés à rendre six routes maritimes entièrement décarbonées d'ici 2025.

La France, les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l'Australie et une dizaine d’autres pays figurent parmi les premiers signataires de l’initiative, lancée sous le nom de Déclaration de Clydebank, du nom de la rivière au bord de laquelle la déclaration a été signée le 10 novembre 2021, en marge de la COP26 à Glasgow.

En signant, ils se sont engagés à contribuer à la mise en oeuvre de six « corridors maritimes verts » d’ici le milieu de cette décennie. Pour cela, ils envisagent de développer les carburants, les technologies de propulsion et des infrastructures portuaires… qui permettront aux principales routes maritimes internationales d’être nettes d’émissions. 

La déclaration précise que ces « couloirs verts » ne seront ni exclusifs ni obligatoires pas plus qu’ils n’interdiront l’accès aux navires propulsés par des carburants conventionnels. En Scandinavie, des incitations pourraient être en outre déployées sur les routes maritimes à courte distance.

Certaines routes sont d’excellents candidats à la décarbonation

« Ils pourraient donner le coup d'envoi de la transition vers un transport maritime à zéro émission. S'aligner sur une feuille de route de décarbonation spécifique à un corridor permettrait de donner à toutes les parties prenantes la confiance nécessaire pour investir, coordonner et fournir les solutions à l'échelle requise d'ici 2030 », soutiennent les auteurs de la nouvelle étude The Next Wave : Green Corridors, commise par la coalition Getting to Zero. La structure, créée par le Forum maritime mondial, Friends of Ocean Action et le Forum économique mondial, vise des navires commercialement viables à émissions nulles opérant le long des grandes routes maritimes d'ici 2030. 

Lire aussi : Des corridors verts pour quelle faisabilité ?

Des mesures réglementaires et des incitations financières ciblées

« Les carburants et les navires à émissions nulles devront commencer à être déployés à grande échelle au cours de la prochaine décennie pour parvenir à une décarbonation complète du secteur des transports maritimes d'ici à 2050, fait valoir cette étude de 74 pages. La R&D portant sur les technologies a déjà commencé. Toutefois, il sera difficile de transformer ces efforts initiaux en solutions applicables à l'ensemble du secteur, étant donné la nature hétérogène et complexe de l'industrie maritime mondiale. La création de corridors verts permettrait de réduire cette complexité », assurent-ils. 

Sur ces itinéraires spécifiques, selon les auteurs de l’étude, des mesures réglementaires ciblées, des incitations financières et des règles de sécurité créeraient les conditions d’une décarbonation accélérée tout en créant des effets d'entraînement vertueux sur d'autres corridors. Étant entendu que sur tous ces couloirs fléchés, les facteurs de réussite sont les mêmes : « un consensus au niveau du corridor sur les filières de carburants, un soutien politique pour aider à combler l'écart de coût pour les carburants à émission zéro les plus coûteux, et des initiatives de la chaîne de valeur pour consolider la demande. »

Faisabilité sur deux corridors ?

Pour être éligibles, elles doivent avoir un potentiel à décarboner à grande échelle pour avoir un effet probant sur les objectifs et être « réalisables du point de vue de la mise en œuvre​ », signifient-ils. Une modélisation a été entreprise sur deux grandes lignes : la route du minerai de fer Australie-Japon et celle des conteneurs Asie-Europe. Une troisième ligne – transport de voitures entre l'Asie du Nord-Est et les États-Unis –, aurait un impact plus relatif. (Plus d’infos sur ce sujet : Des corridors verts pour quelle faisabilité ?)

Engagement français

Parmi les autres annonces majeures faites en marge de la COP26, la France a indiqué avoir rejoint la coalition de pays s'engageant à mettre un terme d'ici à la fin 2022 au financement à l'étranger de projets d'énergies fossiles sans techniques de capture du carbone, a annoncé le 12 novembre la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili à Glasgow. « La réussite de l'accord de Paris et la lutte contre les dérèglements climatiques impliquent nécessairement de tourner la page des énergies fossiles », a-t-elle notamment fait valoir.

La semaine d’avant, lors de la COP26 à Glasgow, une vingtaine de pays dont les États-Unis, rejoints depuis par quelques autres dont l'Allemagne, avaient lancé cette coalition plutôt bien accueillie par les ONG climat, qui resteront cependant « vigilantes sur la mise en œuvre pleine et entière de cet engagement. »

Paris fait déjà partie depuis avril d'une autre coalition « Export Finance for Future » (E3F), qui vise à mettre fin, à un horizon encore indéfini, au financement public des projets impliquant des énergies fossiles à l'export.

Nouvel échec

Quant à la COP26, le sentiment qui a prédominé à la fermeture des portes est bien celui de l’échec si tant est que certains attendaient une révolution. Si l’objectif de 1,5°C reste sur la table, les engagements pris ne devraient pas permettre d’éviter un scénario de réchauffement de + 2,4°C à l’horizon 2100 par rapport à l’ère préindustrielle. 

Dans sa version finale, l'accord appelle les États membres à relever dès 2022 leurs engagements de réductions d'émissions de gaz à effet de serre par rapport à ce que prévoyait l'accord de Paris. Mais il prévoit des aménagements pour « circonstances nationales particulières », mention qui irrite particulièrement.

Pas de « disparition progressive du charbon »

Autre dossier qui a fait l’objet d’âpres négociations : l'aide des pays riches aux plus pauvres auprès desquels la promesse de porter, à partir de 2020, l’aide à 100 Md$ par an, n’a pas été tenue. Particulièrement concernés par les événements météorologiques provoqués par le changement climatique, les pays dits pauvres demandaient une compensation financière pour les préjudices subis dont ils ne sont pas les premiers responsables. 

Mais le sujet qui a suscité le plus de controverses durant le week-end reste la très clivante fin de l'exploitation du charbon, avec un engagement édulcoré in extremis avant l'adoption en plénière, sous le poids de l’Inde et de la Chine.

La version finale exhorte à « intensifier les efforts vers la diminution progressive du charbon sans systèmes de capture de CO2 et la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles », alors qu’il avait été préalablement question de « disparition progressive du charbon ». Chaque pays aura sa propre opinion sur ce qui est considéré comme efficace ou non efficace.

Alok Sharma, le maître de cérémonie britannique de ce 26e sommet international pour le climat, s’est manifestement montré affecté par ce dénouement dont il a tenu à s’excuser auprès des 196 États membres. Un simili plaider coupable.

Adeline Descamps

 

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