Selon le ministère iranien des Affaires étrangères, les 24 membres de l'équipage du navire MSC Aries seraient libres de quitter le navire mais à la condition que le capitaine « coopère ».
Le porte-conteneurs de 14 300 EVP, battant pavillon portugais, avait été arraisonné le 13 avril dans le détroit d’Ormuz avec des moyens héliportés par les Gardiens de la Révolution, la milice armée de l'Iran opérant en dehors des frontières iraniennes. Le navire avait ensuite été conduit dans les eaux territoriales iraniennes.
La situation est confuse autour de cette déclaration sibylline. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a fait cette annonce au cours d’un entretien téléphonique avec son homologue estonien le jeudi 2 mai.
Une promesse déjà faite
Le gouvernement iranien avait déjà, préalablement, assuré les autorités pakistanaises, qui ont des ressortissants à bord du navire, et portugaises, État du pavillon du navire, que les membres de l'équipage seraient mis à la disposition de leurs ambassadeurs respectifs, sous-entendant que l'équipage n'était pas en état d'arrestation (les marins ont un accès consulaire).
Jusqu'à présent, seule une femme, cadet de pont indienne, a pu quitter le navire. Elle a été libérée quelques jours après la saisie du navire.
Un navire emblématique de l'ouverture d'un nouveau front
La prise du MSC Aries est emblématique en cela qu'elle incarne l’escalade des relations entre l’Iran et Israël et son allié historique, les États-Unis. Une ligne rouge a été franchie avec l’attaque meurtrière imputée à l’armée israélienne le 1er avril d’un bâtiment diplomatique iranien en Syrie qui a tué 16 personnes parmi lesquelles deux généraux iraniens.
La riposte de Téhéran, qui avait menacé son ennemi juré de représailles, a ouvert un nouveau front au Moyen-Orient et un point de pression supplémentaire donc pour le commerce maritime mondial. Les navires marchands se trouvent déjà sous la coupe de la géopolitique guerrière imposée par les « révolutionnaires » de Sanaa, les Houthis, qui ont perpétré une centaine d'attaques en mer Rouge et dans le golfe d'Aden en soutien au Hamas palestinien.
Plusieurs navires détournés
Le navire affrété par MSC appartient au NOO (non operating-owner), propriétaire de navires non-exploitant, Zodiac Maritime. Cette société de gestion et d’affrètement de navires, basée à Monaco, est contrôlée par un des frères Ofer, Eyal, aîné du défunt magnat du transport maritime israélien Sammy Ofer.
Le navire est toujours ancré à proximité de trois autres navires détournés parmi lesquels le porte-voitures exploité par NYK, le Galaxy Leader, le premier à avoir été détourné il y a six mois, le 19 novembre, et qui avait été d'abord conduit jusqu'au port yéménite de Salif, situé dans le gouvernorat de Hodeïda.
Le navire avait été saisi quelques jours après l'alerte à la navigation lancée par l'International Maritime Security Construct (IMSC), à la suite d'une série de provocations au large du Yémen.
En février, un appel international émanant d’une trentaine d’organisations maritimes, syndicats et associations professionnelles avait été lancé pour demander la libération des 25 marins, de différentes nationalités, dont le capitaine bulgare, mais aussi des Ukrainiens, des Philippins et Mexicains, toujours retenus en otages.
Le droit de retrait des marins
La situation du Galaxy Leader a par ailleurs motivé la décision prise le 7 février, à l’occasion de l'International Bargaining Forum (IBF), forum qui réunit la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) et les employeurs maritimes internationaux du JNG, à inscrire dans les droits des gens de mer la possibilité de refuser de naviguer dans la zone à haut risque, laquelle a été étendue du sud de la mer Rouge à des zones plus vastes du golfe d'Aden et aux eaux environnantes.
En décembre, le groupe avait déjà approuvé la mise en œuvre de la définition des zones à haut risque permettant aux marins de recevoir une prime égale à leur salaire et une double indemnisation en cas de décès ou d'invalidité.
Adeline Descamps