Bilan d'un événement hors norme au large des côtes sud-africaines

Ultra Galaxy

Les conditions ont été si éprouvantes que le vraquier Ultra Galaxy, a dû être abandonné au nord-ouest du Cap le 8 juillet après avoir pris une forte gîte.

Crédit photo ©South African Maritime Safety Authority
Les récents événements météorologiques à la pointe sud de l'Afrique qui ont bloqué la navigation pendant plusieurs jours confirment les prévisions annonçant une saison des ouragans d'une intensité exceptionnelle, à l'instar de l'ouragan Beryl qui a contraint à la fermeture les ports du Texas. État des lieux après trois jours très agités.

Les taux de fret étaient en train de ralentir et certains analystes gageaient déjà sur le fait que le pic avait été atteint. Mais les événements météorologiques, extrêmes et dévastateurs, en Afrique du Sud, pourraient à nouveau les chauffer à blanc.

Le Cap et d'autres régions de la côte sud-ouest de l'Afrique du Sud sont souvent touchés par des fronts froids durant les mois d'hiver (au milieu de l'année) qui apportent de fortes pluies et des vents violents. Mais il est rare que plusieurs fronts se succèdent en un court laps de temps. Or, c’est le cas depuis une semaine,

À terre, les dommages sont considérables et les déplacements de personnes massifs, rapportent les autorités locales, qui font état de routes impraticables et montée des eaux.

En mer, la situation a également fait des dégâts. Les vagues abruptes et dangereuses au large de la côte sud-africaine, dont certaines ont pu atteindre 10 m de haut, ont coïncidé avec un fort cyclone qui a touché la région dès le dimanche 7 juillet, associé à des températures bien inférieures à la normale.

Navigation bloquée, opérations suspendues

CMA CGM a annoncé que son Benjamin Franklin, d'une capacité de 17 859 EVP, avait perdu 44 boîtes et en a endommagé 30 autres « à la suite de conditions météorologiques difficiles au sud-est de l'Afrique du Sud le mercredi 10 juillet ». Maersk a prévenu ses clients d’éventuels retards en raison des conditions de mer agitée dans la région.

Des opérateurs portuaires ont annoncé avoir suspendu les opérations de chargement et déchargement dans plusieurs ports, Port Elizabeth étant le plus touché. L'opérateur portuaire sud-africain Transnet a indiqué de son côté que plusieurs navires étaient également bloqués au Cape Town Container Terminal et que ceux de Ngqura, à Gqeberha avaient été fermés.

Dans une note, le London Stock Exchange Group (LSEG) affirme qu'aucun porte-conteneurs n'avait franchi le cap de Bonne Espérance depuis le 8 juillet. Ce que les données de localisation des navires semblent confirmer. « La situation ajoute à la congestion et aux retards exacerbés par la crise de la Mer Rouge. Nous avons un arrêt complet au Cap de Bonne Espérance pour les porte-conteneurs, à l'Est et à l'Ouest. Il n'y a pas de changement significatif dans le trafic de la Mer Rouge jusqu'à présent, mais plusieurs porte-conteneurs ont fait demi-tour et/ou sont en attente au large de Durban », indique Fabrice Maille, responsable mondial du transport maritime et de l'agriculture chez LSEG.

Échouement et risques de marée noire

Les conditions ont été si éprouvantes que le vraquier Ultra Galaxy a dû être abandonné au nord-ouest du Cap le 8 juillet, échoué dans une zone côtière reculée de la côte, après avoir pris une forte gîte. Ses 18 membres d'équipage, tous de nationalité philippine, ont été secourus par un chalutier, a indiqué l'Autorité sud-africaine de sécurité maritime sur le réseau X. Le navire avait quitté le port de Walvis Bay en Namibie le 4 juillet et se dirigeait vers Dar es Salaam.

La SAMSA (South African Maritime Safety Authority), qui a signalé plusieurs opérations de sauvetage urgentes ces derniers jours, a indiqué avoir pris les mesures pour éviter une marée noire de grande ampleur, signalant que le navire transportait notamment une cargaison d'engrais en sacs, de carburant à faible teneur en soufre, et d'huiles hydrauliques.

600 porte-conteneurs en transit

La situation intervient alors que la route traditionnelle entre l’Asie et l’Europe via le canal de Suez est en proie aux exactions des Houthis qui, en guise de soutien au Hamas palestinien, y poursuivent une autre guerre, celle-là contre la marine marchande hissant le pavillon d’États que la faction originaire du Yémen et armée par les gardiens de la Révolution islamique considère comme ennemis.

Ces actions, opérées à l’aide de drones et de missiles en mer Rouge, ont provoqué un exode massif d’une grande partie de la flotte mondiale vers le cap de Bonne Espérance, à la pointe sud de l’Afrique, ajoutant 10 jours ou plus au transit entre l'Europe et l'Asie. Le phénomène a redonné du tonus aux taux de fret, repartis à la hausse, et généré de la congestion dans certains ports clés où les armateurs transbordent. Selon les données de Flexport, quelque 600 porte-conteneurs transitent actuellement par l’Afrique.

Premier temps d'arrêt des taux de fret

Si l'arrêt temporaire des expéditions autour de l'Afrique australe ne devait pas avoir de conséquences démesurées, il va ajouter quelques jours à des temps de transit déjà longs et un risque d’exacerbation de la congestion portuaire.

Il pourrait aussi faire repartir les taux de fret à la hausse. Selon le dernier relevé de l’indice SFCI (Shanghai Containerized Freight Index), qui reflète les prix du transport depuis Shanghai vers les ports d’une vingtaine de destinations, les taux de fret ont marqué le premier temps d’arrêt depuis des semaines, ayant perdu près de 60 points, dans la semaine se clôturant le 12 juillet. Une pause temporaire après avoir encaissé plusieurs semaines de hausse consécutive, dont une poussée de 12,5 % la semaine précédente ? Ou juste un passage à vide avant un nouveau tour de Grand huit.

Adeline Descamps

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