Les petits États insulaires s'organisent face à une décennie qui s'annonce critique

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Port d'Antigua

Journée historique pour le port de croisière d'Antigua avec sept navires à quai reçus simultanément le 8 octobre 2022.  

En matière de réchauffement climatique, les clivages Nord/Sud sont de plus en plus prégnants entre des économies développées qui émettent toujours plus et des petits états insulaires qui paient le prix fort en catastrophes. Les 39 petits États insulaires se réunissent cette semaine à Antigua-et-Barbuda. À l'OMI, ces derniers plaident pour une taxe internationale dont une partie des fonds viendrait compenser leurs préjudices.

En matière de réchauffement climatique, les clivages Nord/Sud sont de plus en plus prégnants entre des économies développées qui émettent toujours plus et des petits états insulaires qui paient le prix fort le chaos semé par les premiers en catastrophes XXL : pluies torrentielles, chaleur extrême, incendies ravageurs, élévation du niveau de la mer ouragans et typhons dévastateurs...

Pour se préparer aux dix prochaines années, qualifiées de « critiques » dans un document qui devrait être adopté à l'issue de leur conférence, les 39 petits États insulaires se réunissent cette semaine, depuis le 27 mai, à Antigua-et-Barbuda, en présence d'une vingtaine de chefs d'États et de gouvernements.

Dans les Caraïbes, au milieu du Pacifique ou dans l'océan Indien, ces pays, dont certains pourraient être rayés de la carte, sont particulièrement exposés aux dérèglements du climat, notamment en raison de leurs caractéristiques intrinsèques : petit territoire, population éparpillée, isolement géographique, économies peu diversifiées et dépendantes des importations... Ensemble, ils totalisent à peine 65 millions d'habitants, soit la population de la France.

« Un ouragan, un typhon, qui par simple malchance traverse le territoire d'un petit État insulaire en développement peut anéantir un tiers ou plus des infrastructures », a déclaré à l'AFP Achim Steiner, le patron du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Augmentation de la finance climat

Première de leurs revendications, une accélération de l'action mondiale pour freiner le réchauffement et des mesures de finance climat, ce qui nécessiterait sans doute une refonte du système financier international en la matière. Selon le PNUD, la mise en place des mesures d'adaptation aux impacts du réchauffement dans ces 39 pays nécessiterait entre 4,7 et 7,3 Md$ par an.

Or, la plupart d'entre eux sont classés comme pays à revenus intermédiaires et donc exclus des financements à taux préférentiels des banques de développement. Leur situation est d'autant plus critique que la plupart d'entre eux subissent aussi le poids d'une dette importante. L'ONU estime qu'ils vont dépenser 15,9 % de leurs revenus juste pour rembourser les intérêts de leurs emprunts en 2024.

Diversifier leurs économies

Pour ne pas dépendre de l'aide extérieure, ils tendent à diversifier leur économie, gageant notamment sur le développement des énergies renouvelables et sur  l'économie bleue (notamment pêche durable) alors qu'ils comptent 19 % des Zones économiques exclusives (ZEE) de la planète. Ils cherchent aussi à promouvoir un tourisme plus responsable, pour préserver des coraux très prisés mais menacés...

Porter la voix

Ils font entendre leur voix en tout cas. Dans les débats à l'OMI tenus dans le cadre de la Comité de protection de l'environnement maritime (MEPC), les États insulaires du Pacifique font bloc aux côtés de l'Union européenne, du Canada et du Japon pour plaider en faveur d'une taxe mondiale. Les revenus tirés de ce nouvel impôt pourrait générer plus de 80 Md$ par an selon les estimations des promoteurs de cette mesure.

Une partie de ces fonds pourraient être investis, font-ils valoir, pour accélérer le développement de carburants maritimes à faible teneur en carbone et l'autre pour accompagner la transition des pays les plus pauvres, qui sont aussi les plus impactés par le déréglement climatique.

Une proposition déposée par les Îles Marshall, le Vanuatu et d'autres pays l’estiment à au moins 150 $ par tonne de CO2. « C’est la proposition la plus mature et la plus ambitieuse actuellement sur la table », avait applaudi, à l'issue de la 81e session du MEPC Anaïs Rios, responsable de la politique du transport maritime pour l'ONG Seas At Risk, suivie par la plupart des associations environnementales actives à l'OMI.

Autre avancée peut-être. Le Panaméen Arsenio Antonio Dominguez Velasco est depuis janvier le nouveau secrétariat général de l'OMI, succédant au sud-coréen Kitack Lim.

Il y avait trois chances sur sept pour que cela soit une femme, originaire d’Afrique, ou de petits États insulaires, et non d'une grande nation maritime, d’un grand pays constructeur ou d’un pays développé. État du pavillon, le Panama n'entre dans aucune de ces catégories mais les petits États insulaires disposeront peut-être d'une écoute plus attentive à défaut d'un traitement préférentiel.

Adeline Descamps

 

 

 

 

 

 

 

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