Le Royaume-Uni resserre à son tour l'étau autour de la flotte fantôme russe, bataillon de navires clandestins toujours plus nombreux, exploités par des sociétés à la structure de propriété opaque, assurés et enregistrés en dehors des cercles classiques et reconnus (association internationale des sociétés de classification, groupe des 12 P&I mondiaux...), pour échapper aux sanctions.
Cette quatrième salve britannique vise 18 pétroliers et 4 méthaniers, soit le « plus important paquet » pris à ce jour par Londres pour contrer les exportations russes d'hydrocarbures, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Au total, 43 tankers sont désormais sous sanctions britanniques. Les dix-huit pétroliers ciblés ont permis de transporter pour environ 4,9 Md$ en 2023, affirme le ministère. L'inscription sur la liste des sanctions britanniques prive ces navires du marché britannique de l'assurance maritime, leader mondial dans ce domaine, et leur interdit d'entrer dans tout port du Royaume-Uni.
Sovcomflot à nouveau visée
Le British foreign office a spécifiquement désigné la compagnie pétrolière d'État russe Sovcomflot, qui avait, avant la guerre, pignon sur rue et aujourd'hui stigmatisée par le bloc occidental. La liste comprend de nombreux anciens navires de Sovcomflot qui ont changé de pavillon au Gabon et ont été transférés à Stream Ship Management, une société émiratie qui détient de nombreux anciens navires de Sovcomflot. Nombre de ces navires portent encore le préfixe « SCF » de la compagnie, comme le SCF Samotlor, ou conservent leur ancien nom russe, à l'image du Moskovsky Prospect.
En juillet dernier, au sommet de la Communauté politique européenne (CPE), qui s'est tenu au Royaume-Uni, Londres avait appelé les 44 membres de la CPE à s'unir contre la flotte fantôme russe, estimée à l'époque par ses services à 600 navires. Ils avaient transporté près d'1,7 million de barils de pétrole par jour.
Adeline Descamps