Le duo franco-indien, composé de CMA CGM et J.M. Baxi, a emporté la concession pour trente ans du terminal de Nhava Sheva dans le premier port à conteneurs du pays qui fait face à la mégapole de Mumbai, suite à l’appel d’offres lancé par Jawaharlal Nehru Port Trust (JNPT), son actuel propriétaire.
Les détails de la transaction n'ont pas été communiqués, mais les parties prenantes auraient convenu d'une redevance de 57 $ par EVP manutentionne. L'installation sera rebaptisée Nhava Sheva Freeport Terminal (NSFT) et sera exploitée en tant qu’infrastructure multi-utilisateurs et non pas exclusive aux porte-conteneurs de CMA CGM et/ou à ses partenaires au sein de Ocean Alliance (Cosco/OOCL, Evergreen).
Le terminal comprend un linéaire de quai de 680 m et dispose de 54 ha de superficie. La coentreprise prévoit de porter sa capacité nominale annuelle à 1,8 MEVP contre 1,2 MEVP actuellement. Dans le même temps, il sera dimensionné pour recevoir de plus grands porte-conteneurs. Le quai dédié au fret polyvalent (400 m) que le Jawaharlal Nehru Port Trust a créé en 2014 en convertissant un certain nombre de postes d'amarrage pour les porte-conteneurs, ne ferait pas partie du bail. JNPT continuerait donc à exploiter une section coincée entre le NSFT au nord et APMT Mumbai (alias Gateway Terminals India) au sud.
Adani réinvestit à Mundra
Dans le même temps, l’opérateur portuaire privé indien Adani a annoncé un cinquième terminal à conteneurs à Mundra, le concurrent direct du port de Jawaharlal Nehru, nom officiel de Nhava Sheva, dont les volumes sont équivalents. Situé plus au nord, Mundra est cependant mieux placé pour desservir l’immense marché intérieur de la capitale New Delhi. Sous l’impulsion des investissements d’Adani, le complexe portuaire s’est doté d’une zone économique spéciale et d’infrastructures ferroviaires pour le pré et post-acheminement.
Cette fois, Adani Ports a commencé les travaux pour un nouveau terminal à conteneurs, pour l’heure dénommé CT-5, qui disposerait d’une longueur de quai de 900 m avec une capacité nominale annuelle d'environ 1,8 MEVP, une fois pleinement opérationnel. La première tranche des travaux (155 M$) prévoit 600 m de quai pour une capacité d'environ 1,2 MEVP par an. La date de livraison reste approximative, fin 2024 ou début de 2025.
Il portera la capacité du port, qui comprend quatre autres installations, à au moins 8,7 MEVP voire 9,3 MEVP à long terme. Les terminaux en service offrent actuellement une capacité nominale de 7,5 MEVP pour 6,5 MEVP traités effectivement en 2021.
Quatre terminaux aux mains d’Adani, DP World, Til/MSC et CMA Terminals
À Mundra, le CT-1 (quai de 632 m et capacité de 1,3 MEVP par an), également connu sous le nom de Mundra International Container Terminal, est exploité par une filiale de DP World. Le groupe de Dubaï fut le premier étranger présent en Inde en héritant des terminaux gérés par l’opérateur historique P&O Ports que l’émirati a acquis au début des années 2000.
Le CT-2, exploité par Adani, a une taille et une capacité similaires, mais le groupe privé dispose en outre, à l'est du CT-1, d’un ancien quai de vrac sec converti, ce qui porte l’ensemble à environ 1 MEVP.
Le troisième, Adani International Container Terminal Private Ltd (quai de 1 450 m, capacité de 3,1 MEVP par an), est une coentreprise à parts égales entre Adani et Til, l’opérateur portuaire de MSC.
Enfin, le ACMT (longueur de quai de 650 m et capacité nominale de 1,3 MEVP) est une joint-venture entre Adani et CMA Terminals.
À sept ans du terme de la concession de trente ans de Mundra qui lui a été accordée par le gouvernement de l'État de Gujarat, le groupe indien a dû obtenir l’assurance de son renouvellement pour y prévoir de tels niveaux d’investissement...
Adeline Descamps