Hapag-Lloyd structure ses activités portuaires et vise des participations dans 30 terminaux d'ici 2030

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terminal CTA à Hambourg

Hapag-Lloyd s’est longtemps contenté d'un développement organique plus classique, avec des investissements dans de nouveaux navires. Il a investi dans les quais plus tardivement que ses pairs.

Crédit photo ©HLAG
À partir du 1er juillet, la division « Terminaux et Infrastructures » de Hapag-Lloyd démarrera ses activités en tant que société indépendante, filiale du groupe maritime allemand, reflétant ses ambitions sur les quais. Basée à Rotterdam, Hanseatic Global Terminals, sa nouvelle appellation, sera un élément clé de la future alliance avec Maersk, orchestrée autour de ports pivots.

Hanseatic Global Terminals, c'est la nouvelle identité de la division « Terminaux et Infrastructures » de Hapag-Lloyd qui sera désormais gérée en tant qu'entité commerciale indépendante mais détenue à part entière par le cinquième armateur mondial de porte-conteneurs. Hapag avait annoncé les premiers résultats annuels de sa division à l’occasion de la présentation de ses résultats financiers du premier trimestre, faisant état d’un bénéfice d'exploitation (Ebit) de 18 M$ sur un chiffre d'affaires de 107 M$, soit une marge d’exploitation de 16,6 % (8,4 % pour les activités de transport maritime).

Basée à Rotterdam, la nouvelle entreprise, qui démarrera ses opérations sous sa nouvelle configuration en juillet, gérera l’actuel portefeuille de 20 terminaux à conteneurs dans 11 pays et consolidera les investissements dans les terminaux et les infrastructures à venir. La direction a été confiée à Dheeraj Bhatia, membre du Comex depuis le début de l’année et dans le groupe depuis 2018. Basé jusqu’alors à Dubaï, il dirigeait la région Moyen-Orient, sous-continent indien et Afrique.

La référence à la ligue hanséatique, association historique de marchands maritimes d'Europe du Nord, n'aura échappé à personne. « Le nom de la marque souligne l'engagement de la société en faveur en faveur de la qualité, de l'efficacité et de la durabilité, explique le nouveau dirigeant. Nos clients et partenaires bénéficieront d'avantages significatifs, tels que des services encore plus fiables et efficaces. »

Un positionnement récent sur les quais

Contrairement à CMA CGM et à Maersk qui ont fait du « air-mer-terre » la nouvelle frontière de leur développement, investissant des milliards pour acquérir des entreprises dans la logistique, des avions voire des trains, Hapag-Lloyd s’est réservé d’aller sur ce terrain-là, se cantonnant à un développement organique classique, à savoir investir dans de nouveaux navires.

Sur les quais, Hapag-Lloyd fut plus lent à franchir le pas par rapport à ses concurrents directs. Jusqu’à 2021, les participations de la compagnie de Hambourg se limitaient à une participation de 10 % dans le terminal Tanger Alliance (TC3), le quatrième terminal de Tanger Med, aux côtés de Marsa Maroc et d’Eurogate/Contship, à ses 25,1 % dans le Container Terminal Altenwerder (CTA), l’un des trois terminaux à conteneurs du port de Hambourg, et aux 30 % dans le Jade Weser à Wilhelmshaven, toujours aux côtés du manutentionnaire allemand Eurogate.

Avec le même partenaire, l’armateur de Hambourg a été plus récemment retenu pour construire et exploiter un terminal à Damiette d’une capacité de 3,3 MEVP, dont le chantier est en cours.

Multiplication des prises

« Nous avons appris au cours des 18 derniers mois à quel point il est important d'avoir un réseau robuste autour de quelques terminaux, où il nous semble nécessaire d’avoir le contrôle », avait fait valoir Rolf Habben-Jansen, le directeur général du transporteur, au sortir de la pandémie. Il avait alors fait part de son intention de consolider son transbordement dans une quinzaine de terminaux. « Et il ne serait pas illogique d’investir dans la moitié d’entre eux », avait-il ajouté.

Depuis cette déclaration, la compagnie allemande a mutiplié les prises, en acquérant 49 % de l'opérateur portuaire italien Spinelli, qui exploite notamment le Genoa Port Terminal (580 000 EVP/an) et bien d’autres terminaux italiens.

Hapag-Lloyd a ensuite mis la main sur l’ensemble des activités portuaires et logistiques du groupe SAAM (filiales Ports et Logistics), implanté en Amérique centrale et du Sud, où il exploite 10 terminaux (37 Mt et 3 MEVP en 2022, dernières données disponibles).

Enfin, le transporteur a signé le 25 janvier 2023 un accord pour acquérir 35 % des parts que détenait la société de capital-investissement Bain Capital Private Equity dans JM Baxi Ports&Logistics (JMBPL), l'un des principaux opérateurs privés de terminaux et de services de transport intérieur en Inde. Dans son portefeuille d’actifs, des terminaux à conteneurs (Kandla, Haldia, Visakha, Tuticorin, Nhava Sheva, Mumbai), un terminal polyvalent, des installations pour le vrac sec, des ports secs (Delhi notamment) et des services ferroviaires.

Opération : 30 terminaux portuaires

Bien que les prix élevés des actifs soient susceptibles de retarder les acquisitions, Hapag-Lloyd a l'intention de détenir des participations dans environ 30 terminaux portuaires d'ici 2030, a annoncé le PDG de Hapag qui compte investir dans la région EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique cours des deux ou trois prochaines années.

Les terminaux portuaires seront un élément clé de la prochaine alliance de Hapag-Lloyd et de Maersk, dont le réseau en hub & spoke s'articule autour de lignes principales, complétées par des navettes dédiées, qui escaleront dans des ports pivots quasi exclusivement sous leur contrôle pour pouvoir y effectuer des opérations de transbordement côte à côte.

Le réseau en étoile, tel qu’il est proposé par les deux compagnies de ligne, prévoit un nombre limité d'escales pour garantir une livraison d’horloger. Les navires mères n’escaleront plus dans certains ports, lesquels seront desservis par des navettes, au nombre de 57, de plus grande capacité qu’un feeder classique (5 000 à 6 000 EVP) et en mesure de parcourir de plus longues distances, avait indiqué Rolf Habben Jansen lors de la présentation en janvier.

Les analystes avaient alors relevé qu'il allait se retrouver sous la coupe de Maersk/APM Terminals, dans la mesure où il ne disposait pas de participation importante dans les terminaux situés le long des principaux itinéraires Est-Ouest.

« Son terminal historique, à Hambourg, ne figurera que dans cinq des 26 services de grande ligne prévus et Hambourg a été exclu de l'ensemble des 14 services européens de navettes qui se connecteront aux principaux ports pivots européens du réseau », avait constaté le consultant Linerlytica. Une des nombreuses voix critiques quant à ce nouveau modèle d'alliance, qui a le mérite de proposer une offre différenciante.

Adeline Descamps

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