DP World investit sur le port d’Alger dans de nouveaux outillages mais limité à des navires de 2 000 EVP, le groupe émirati mise sur le port de Djen Djen où il pourra recevoir des 6 000 EVP et élargir son hinterland.
Pour DP World, l’avenir en Algérie se joue indiscutablement à Djen Djen, un port situé à 350 Km d’Alger, à proximité d'un aéroport international, connecté à une ligne ferroviaire qui rallie le complexe sidérurgique d'El Milia et bientôt relié à un grand axe autoroutier Est-Ouest et à la Transsaharienne.
Le groupe y opère, dans le cadre d'une association à 50/50 % avec l’entreprise portuaire publique (EPAL), un terminal sur 72 ha qui pourra prochainement recevoir des porte-conteneurs de 6 000 EVP (contre 2 200 EVP actuellement) avec l'ambition de devenir une plateforme de transbordement.
D’ici la fin 2024, l'opérateur émirati va disposer « d’une extension de 320 m du linéaire de quai avec un tirant d’eau de 14 m [actuellement de 250 m avec un tirant d’eau de 12 m]. Cette extension permettra de recevoir des navires triple-E », annonce Samir Boumati, PDG de DP World en Algérie.
Djen Djen se positionne également comme un hub des trafics transcontinentaux, avec sa connexion aux réseaux autoroutier et ferroviaire. « L’hinterland de la région est intéressant, le corridor mène au sud de l’Algérie où des zones franches sont prévues du côté de la Mauritanie et de la Lybie », précise Samir Boumati.
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Samir Boumati, Pdg de DP World en Algérie. ©NBC
40 % des escales à Alger assurés par CMA CGM
Le groupe maintient parallélement ses investissements à Alger, premier terminal à conteneurs du pays avec 28 % de parts de marché. Premier client, CMA CGM assure à lui seul 40 % des 308 escales réalisées en 2023. Quelque 425 000 EVP ont été manutentionnés l’an dernier sur une capacité nominale de 750 000 EVP. « Au premier trimestre, nous avons enregistré une croissance de 32 % », se félicite le patron de DP World Algérie.
Avec seulement 14 mouvements à l’heure, la productivité du terminal conteneurisé est appelée à s’améliorer. À son arrivée en Algérie en 2009, DP World qui souhaitait investir dans des portiques de manutention s'est heurté au refus des autorités algériennes.
« Nous allons passer à 18 mouvements de l’heure sous deux ans, investir dans 5 RTG, 10 reachstackers et 32 tracteurs », assure aujourd'hui Imad Benhabiles, chief operating officier de DP World Alger. Quatre reachstackers doivent être livrés cette année puis six autres d'ici 2028.
Gagner en productivité
Pour l"opérateur, il s'agit de gagner en productivité tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre des engins portuaires d’ici à 2030 grâce à du matériel hybride.
Parmi les axes de progression, le groupe mise sur l’accélération du dédouanement et une meilleure gestion des flux de poids lourds. « Nous pouvons monter jusqu'a 600 000 EVP par an. L’instauration d’Alces, nouveau système de dédouanement devrait réduire les délais de dédouanement. Le délai de séjour des marchandises à quai a diminué de 30 % », assure Samir Boumati.
Le cargo community system (CCS) tombe à point nommé. La fermeture des ports secs en 2022 a entraîné un retour massif des flux de camions sur le port d’Alger suite à l’arrêt des navettes ferroviaires avec Rouiba, qui avaient permis de réduire de 30% le flux de camions à Alger.
« Nous étudions, avec le ministère des Transports et la douane, la faisabilité d’une nouvelle plate-forme logistique à Rouiba afin de permettre de dédouaner sur la plateforme les conteneurs en cas de congestion à Alger », glisse Rabah Biskri, directeur de l’EPAL
Nathalie Bureau du Colombier
Les transporteurs routiers algériens soumis aux rendez-vous en 2025
À compter de 2025, les quatre portes d’accès au terminal DP world d’Alger seront totalement automatisées et l’accès au site se fera via un système de rendez-vous préalable dématérialisé. Le terminal géré par Zodica, le TOS (Terminal Operating System) conçu par la maison-mère sera interfacé avec le futur VBS (Vehicles Booking System) déployé à compter de la fin de l’année.
N.B.C
