Après un mois d’avril impacté par les conséquences de la crise du Covid-19, l’activité reprend au Grand port maritime de Bordeaux et les salariés ont réintégré les ateliers. Quant aux trafics, hydrocarbures et vracs repartent à la hausse.
A la mi-mai, les 160 salariés mis au chômage partiel sur les 450 que compte le Port de Bordeaux ont retrouvé notamment le chemin des Ateliers du port et sont désormais organisés en deux shifts à la journée bien identifiés et séparés. Les « administratifs » du port, eux, poursuivent toujours en télétravail.
Du côté des manutentionnaires, l’activité a perduré durant ces deux derniers mois où le port de Bordeaux a maintenu globalement ses trafics. En mars, il enregistre une baisse de seulement 0,56 %. En période de reconstitution de stocks, les dépôts pétroliers ont continué à s’approvisionner. « Le port a également bénéficié en mars d’une bonne période sur les céréales et d’un rebond sur le trafic conteneurs lié au rattrapage de l’activité perdue pendant les grèves de début d’année », explique Jean-Frédéric Laurent, président du directoire du Grand port maritime de Bordeaux (GPMB).
Perte de 35 % en avril
En revanche, durant le mois d’avril, les trafics ont fléchi très nettement avec une perte de 35 %. Parmi les produits les plus impactés : les hydrocarbures qui ont chuté de 57 %, soit 150 000t de moins que l’an dernier sur le même mois. En cause, une baisse de la consommation notamment de carburant et, plus globalement, le ralentissement de production des entreprises, voire de l’arrêt de certains secteurs comme le BTP ou de certaines industries tel Michelin qui a désormais repris un rythme graduel de travail. Ainsi, de janvier à fin avril 2020, le GPMB a vu ses trafics réduits d’environ 15 %, « l’impact des grèves ayant été aussi important pour le port que celui lié à la crise du Covid-19 », précise Jean-Frédéric Laurent. Il constate cependant une reprise en cette mi-mai des trafics hydrocarbures et des vracs.
25 escales de paquebots annulées
Un autre pan de l’activité portuaire est quant à lui totalement impacté : les 65 escales de paquebots de croisière prévues sur les quais bordelais et girondins en 2020. « 25 escales ont pour l’instant été annulées ; celles de juillet risquent de l’être et nous restons incertains pour les escales de l’automne. Nous craignons de devoir faire face à une saison blanche », analyse Laurence Bouchardie du GPMB, chargée de l’activité croisière.
Avec une clientèle constituée à 95 % d’Américains, d’Anglais – toujours en confinement – et d’Allemands, les espoirs de reprise sont ténus. « Les compagnies de croisière en revanche sont relativement confiantes pour 2021. Les billets se vendent à l’avance et les réservations sont plutôt bonnes. Sur les 62 escales programmées en 2021, aucune annulation n’a eu lieu pour l’instant ».
Cette perte d’escales impacte plus spécifiquement toutes les entreprises de services portuaires. « À l’année, les escales de croisières représentent 15 % de notre chiffre d’affaires et le trafic pétrolier 50 % », relève Tristan Paillardon, président des Pilotes de Gironde. « En avril, notre chiffre d’affaires a ainsi été réduit de 50 %. La perte pourrait être de 60 % en mai. Nous venons de demander un prolongement du chômage partiel jusqu’à la fin de l’année pour nos salariés. »
Reprise des travaux sur le terminal conteneurs
Autre conséquence de la pandémie, les travaux de réaménagement du terminal conteneurs de Bassens, qui ont pourtant repris début mai, accuseront environ un mois et demi de retard. « Heureusement, juste avant le confinement, un poste de contrôle frontalier avait été aménagé à Bassens, ce qui a facilité les contrôles phytosanitaires, ces derniers nécessitant jusqu’alors un transport des conteneurs dans la zone industrielle de Bruges », se réjouit Jean-Frédéric Laurent.
Autre retard : la très attendue nouvelle drague GNL Ostrea, en construction sur le chantier naval Socarenam, a vu sa livraison prévue initialement ces jours-ci reportée à juillet prochain. Pour autant, durant le confinement, une drague belge a continué à assurer le service et, dès le 12 mai, l’Anita Conti, après des tests de gestes barrière à bord, a aussi repris son activité. Selon le directeur du GPMB, « même s’il y a eu quelques remontées, les tirants d’eau se sont maintenus. Nous avons même sorti un bateau de 30 000 t de blé, ce qui était un objectif que nous nous étions fixés à travers le projet Gironde XL. »
Marianne Peyri
Port de demain : Bordeaux intègre le projet de recherche Éclipse
Développer une méthodologie commune pour analyser les changements climatiques (montée des eaux, baisse des débits, augmentation des températures…) et mieux planifier ainsi les futures infrastructures portuaires : tel est le projet de recherche européen Éclipse, qui associe les ports de Bordeaux, de Valence en Espagne et Aveiro au Portugal et le centre d’études et d’expertise Cerema. Doté d’un budget de plus de 1 Md€, il s'inscrit dans le dispositif Iinterreg Sudoe, programme de coopération territoriale européenne pour le sud-ouest européen co-financé par l'UE sur trois ans. Le modèle hydro sédimentaire morphodynamique, issu des travaux de Gironde XL 3D, va permettre de simuler des impacts du changement climatique.