Au Havre, les professionnels adaptent leurs capacités à un contexte incertain

 

Sur la place portuaire havraise, le transmanche et la croisière paient le plus lourd tribut à la crise. Les professionnels redoutent que le Covid génère un surcroît de réglementations, rarement synonyme de rentabilité. La logistique et les terminaux fonctionnent normalement. Seul bémol, une certaine saturation des espaces de stockage sur la zone portuaire.

Le grand port de Normandie, comme beaucoup de ses homologues en France, se serait bien passé des mouvements sociaux de la fin d’année 2019 et de la crise sanitaire qui sévit à présent. Les acteurs de la place doivent faire preuve de résilience mais aussi de patience, faute de visibilité, en attendant des jours meilleurs. Deux activités, la croisière et de l’activité transmanche, ont dû mettre leurs opérations au point mort. 

 « Officiellement, toutes les grandes compagnies de croisière ont annulé leurs escales jusqu’à juin, voire juillet pour certaines », explique Benoît Rémy, le directeur de l’office Le Havre Etretat Normandie Tourisme. « C’est le cas au Havre mais aussi dans d’autres ports français. Avec les frontières fermées, on peut difficilement imaginer une reprise rapide. Une programmation d’escales s’agence deux ans à l’avance. Le port du Havre avait prévu 130 escales cette année. Pour le fluvial, les navires ne viendront pas au moins jusqu’en mars 2021. C’est une certitude, ces croisières sur la Seine s’adressent essentiellement à une clientèle américaine et retraitée. Ce sont 130 escales autres escales annulées. »

Le responsable craint notamment que la crise sanitaire n’engendre de nouvelles règles tant à l’embarquement qu’au débarquement et, inévitablement, de nouveaux investissements comme par exemple un sas de décontamination sur le terminal croisière. « Ces nouvelles formalités administratives ou sanitaires auraient également pour conséquence de raccourcir les temps d’excursion, un élément important dans la rentabilité des compagnies maritimes », anticipe-t-il.

Brittany Ferries, contrainte par la crise de revenir à ses fondamentaux

Nous assurons le traitement des navires sans délai. Aucun navire n’est retardé » Louis Jonquière, Générale de Manutention Portuaire

Côté transmanche, il n’y a plus à l’heure actuelle de liaison entre Le Havre et Portsmouth, Brittany Ferries ayant été contrainte par la crise de concentrer ses rotations fret sur Caen-Portsmouth et Cherbourg-Portsmouth. La compagnie bretonne dit attendre le feu vert des différents pays qu’elle dessert, France, Royaume-Uni, Espagne et Irlande. « Nous n’avons pas de visibilité sur la reprise des rotations pour les passagers, que ce soit au départ du Havre ou d’ailleurs. Nous nous adaptons », ajoute la compagnie, qui vient de publier des trafics en baisse

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Sur les terminaux portuaires, l’organisation du travail reste inchangée même si le trafic est en baisse. « Depuis le premier jour du confinement, nous travaillons normalement, que ce soit chez les dockers, à la maintenance ou chez le personnel administratif », assure Louis Jonquière, le directeur général de Générale de Manutention Portuaire, la filiale de DP World et Terminal Link (CMA CGM) exploitant le Terminal de France et retenu en octobre dernier pour réaliser l’extension finale de Port 2000. « Avec une baisse d’activité de l’ordre de 25 % depuis janvier, nous nous sommes adaptés à la volumétrie. La baisse a été compensée par le taux d’absentéisme des personnels ayant une charge familiale, en congés ou en maladie. Nous faisons preuve de flexibilité. Nous assurons le traitement des navires sans délai, aucun n’est retardé. Il n’y pas de réduction de plage horaire ni de shift », assure-t-il.

La consommation des ménages est un élément clef qui permettra aux enseignes de déstocker sur plusieurs semaines » Paul Bernard, Bolloré Logistics

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Paul Bernard, le directeur Région Normandie chez Bolloré Logistics, explique pour sa part que la chaîne logistique fonctionne normalement au Havre. Seul bémol, une certaine saturation des espaces de stockage sur la zone portuaire, un phénomène qui devrait nécessiter du temps pour revenir à la normale. « La consommation des ménages est un élément clef qui permettra aux enseignes de déstocker sur plusieurs semaines », estime-t-il. 

Les ajustements organisationnels se font en interne dans les entreprises de la filière. « Outre les protocoles sanitaires qui sont respectés depuis le début de la crise, nous préparons à l’heure actuelle l’accueil sur site de nos personnels tertiaires. Pour tout ce qui touche à la manutention, groupage et dégroupage, nous avons maintenu également les modalités de mise en place de quarts de nuit qui sont pérennisés pour plusieurs mois. »

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De manière générale, les importations comme les exportations sont en recul sur ces derniers mois. « Ce recul devrait être plus marqué pour les flux en provenance d’Asie courant mai. On espère un redémarrage mi-juin. L’export a également enregistré un recul de l’ordre de 15 à 20 % en avril. Avec le déconfinement, il devrait redémarrer vers l’Outre Mer. En revanche, cela devrait être plus compliqué vers l’Asie, l’Amérique du Nord, en particulier les États-Unis, et aussi l’Amérique du Sud », ajoute le responsable.

Jacques Laurent

 

 

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