L’usine sidérurgique, électro intensive, avait justifié en novembre la mise à l’arrêt de son deuxième haut fourneau à Fos par la flambée du prix de l’énergie et par la hausse des importations d’acier en Europe.
Frappé alors par le ralentissement de l'industrie automobile, principal moteur de l'industrie sidérurgique, et une demande globalement faible, l’aciériste, qui comptait 16 hauts-fourneaux en Europe fin 2021, avait annoncé dès septembre 2022 l'arrêt de ses hauts-fourneaux dans deux de ses usines en Allemagne et en Espagne ainsi que des « ajustements » à Dunkerque, Florange et Fos-sur-Mer.
Intégré dans le système d’échanges européen de quotas de CO2 (SCEQE ou ETS), ArcelorMittal doit aussi faire face à des produits d'importation à bas coût qui ne sont pas soumis aux exigences des réglementations européennes en matière d'émissions de CO2. Raison pour laquelle l’entreprise milite en faveur de la mise en œuvre rapide « d’un mécanisme d'ajustement frontalier lié au carbone qui établisse un cadre dans lequel chaque région, chaque pays, devra contribuer équitablement ». La mesure est prévue par la feuille de route climatique de l’UE (Fit for 55) et elle a été validée dans le cadre des négociations en cours en trilogue.
Dans NPI : Avec la « décarbonation », ArcelorMittal Méditerranée se forge un nouvel avenir
Vers de l’acier plus vert
« Cette décision a affecté nos clients mais désormais nous voyons plus clair. Nous faisons face à une augmentation du prix des matières premières et du prix de l’énergie », a souligné le 22 février Bruno Ribo, directeur d’ArcelorMittal Méditerranée, à l’occasion de la présentation sur le site de son ambitieux projet de reconversion vers des aciers verts, qui consistera à remplacer progressivement la production d’aciers fabriqués à partir de charbon et de minerai de fer importés par de l’acier recyclé à base de ferrailles qui arriveront par la mer et par barge depuis la vallée du Rhône.
Á cette occasion, il a annoncé la remise en service en avril du deuxième haut fourneau à Fos. Une bonne nouvelle pour le port de Marseille, dont les trafics de vracs solides dépendent en grande partie de l’activité de filiale méditerranéenne du sidérurgiste européen (cf. plus bas).
Des aciers plus chers à produire
Le dirigeant n’a pas souhaité s’exprimer sur les surcoûts engendrés en 2022 et en 2023. Cependant, la consommation électrique du site est appelée à connaître une très forte augmentation au cours des années à venir avec le remplacement d’un des deux hauts fourneaux par un four à arc électrique de 300 MW.
Au rang des rares projets à cette échelle, selon ArcelorMittal, son installation est prévue à horizon 2030 sous réserve des aides européennes. L’investissement est estimé à 100 M€. « L’énergie sera un facteur de plus en plus important dans la mesure où la décarbonation s’accompagnera d’une augmentation importante de la consommation. Les coûts de l’énergie sont au cœur de la transition et de la décarbonation. Les aciers décarbonés reviendront plus chers à produire », ajoute le dirigeant.
Premier émetteur de gaz à effet de serre de la zone industrialo portuaire de Fos, le sidérurgiste ambitionne d’abaisser ses émissions de CO2 par paliers. De 2 t de CO2 émises par tonne d’acier produite en 2018, il entend passer à 1,75 t en 2025 en injectant 10 % d’acier recyclé pour 90 % de fonte. Une nouvelle étape, en 2030, vise l’abaissement à 1,3 t de CO2 produite par tonne d’acier en portant à 30 % la part des aciers recyclés.
Nathalie Bureau du Colombier
Recul de 26 % des importations de minerai et charbon en 2023
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