Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, les sanctions contre la Russie limitent la capacité du pays à exporter du charbon, assure Filipe Gouveia, analyste du transport maritime au sein de l'organisation maritime BIMCO.
Mais est-vraiment le fait des sanctions ? Une partie importante du charbon russe, qui provient de Sibérie, est transportée par trains vers les ports russes. Or, depuis le début de la guerre en Ukraine, les chemins de fer russes sont sous pression. Les restrictions commerciales des pays occidentaux à l'encontre du Kremlin ont réorienté les exportations de charbon russe vers l'Est. En 2023, la Chine a en effet été destinataire de 41 % du charbon de l'Oural.
En manque de pièces de rechange
L'infrastructure ferroviaire russe, en mauvais état, est surtout entravé par sa difficulté à se fournir en pièces de rechange telles que des lubrifiants spécialisés, des roulements exclusifs et des composants électroniques. Les efforts déployés pour y pallier avec des équipements nationaux n'ont pas abouti, faute de qualité.
Quoi qu'il en soit, avec ou sans la Russie, les expéditions mondiales de charbon ont augmenté de 7 % en glissement annuel.
Trouver de nouveaux partenaires commerciaux
Malgré les obstacles auxquels la Russie est confrontée, le gouvernement s'efforce d'accroître l'extraction du charbon. Deux grandes lignes de chemins de fer doivent être électrifiés en Sibérie et un accord a été conclu pour la construction d'un nouveau pont ferroviaire entre la Russie et la Chine.
« L'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que la demande de charbon de la Chine pourrait avoir atteint un pic en 2023, ce qui limitera la croissance des exportations ». En outre, il pourrait être de plus en plus difficile pour la Russie « de trouver de nouveaux partenaires commerciaux dans un contexte de sanctions et de concurrence d'autres exportateurs tels que l'Indonésie et l'Australie », nuance Filipe Gouveia.
A.D.