La reprise économique mondiale, notamment en Asie, a entraîné une forte hausse des prix de toutes les énergies au troisième trimestre et profite à TotalEnergies. Le groupe français a réalisé un bénéfice net de 4,6 Md$ au troisième. Il y a un an, il devait se contenter de 202 M$.
TotalEnergies sort du troisième trimestre avec un bénéfice multiplié par 23, a indiqué dans un communiqué le groupe présidé par Patrick Pouyanné. La comparaison avec 2020 a bien peu de sens dans la mesure où la seconde partie de l’année a été complètement déprimée par la déroute des marchés pétroliers. Mais en comparant ce résultat au troisième trimestre de 2019, il ressort aussi en forte progression de 66 %. Le résultat net ajusté – qui exclut certains éléments exceptionnels et sert de référence dans le secteur – a pour sa part été multiplié par 5,6 sur un an, à 4,8 milliards.
Le groupe français doit sa performance à la remontée des cours des hydrocarbures (le prix moyen du baril vendu a atteint 69,2 $ dans le secteur au troisième trimestre contre 38,3 $ un an plus tôt), qui atteignent des records de plusieurs années, mais surtout du gaz, notamment sous sa forme liquéfiée (GNL), dont il est un des tout premiers acteurs et promoteurs avec Shell. La major gage sur des prix maintenus à un niveau élevé jusqu'au deuxième trimestre 2022 en raison « du faible niveau des stocks de gaz et de la demande qui devrait rester soutenue, sauf hiver exceptionnellement clément ».
Investissements serrés
TotalEnergies a aussi profité d'une remontée de sa production d'hydrocarbures, en hausse de 4 % sur un an au troisième trimestre. Elle a ainsi atteint 2,8 millions de barils équivalent pétrole par jour et devrait continuer de grimper au quatrième trimestre, à un niveau compris entre 2,85 et 2,9 millions.
Malgré la manne de la flambée des cours, le groupe veut maintenir sa « discipline sur les coûts » et rester dans les clous de sa nouvelle stratégie de transition énergétique, avec des investissements prévus proches de 13 Md$ en 2021, dont 3 milliards consacrés aux renouvelables et l'électricité.
Shell en perte
Son concurrent, l’anglo-néerlandais Shell, également très investi dans le GNL, a dans le même temps, présenté des résultats moins flatteurs malgré l'envolée des cours du pétrole et du gaz. Au troisième trimestre, le groupe passe une perte de 447 M$ contre un bénéfice net part du groupe de 489 millions un an plus tôt. Hors charge comptable de 5,2 Md$ et éléments exceptionnels, le bénéfice net ajusté au troisième trimestre ressort à 4,1 Md$, quadruplé sur un an.
Le chiffre d'affaires a progressé de plus d'un tiers à 61,6 Md$, notamment grâce à la hausse du cours des hydrocarbures et de la reprise de l'activité économique mondiale. La production a pâti de l'impact de l'ouragan Ida et d'effets saisonniers défavorables, indique Shell dans son communiqué. Le groupe anglo-néerlandais souligne aussi avoir réduit sa dette nette à 57,5 Md£ (79,2 Md$) à la fin du troisième trimestre contre 65,7 milliards (90?5 Md$) à la fin du deuxième trimestre.
« Ce trimestre, nous avons généré des flux de trésorerie record, maintenu une discipline sur notre capital et annoncé notre intention de distribuer 7 Md£ [9,6 Md$] à nos actionnaires » a commenté Ben van Beurden. Le directeur général fait référence à la cession à ConocoPhillips d'actifs dans le bassin permien américain.
Dans le collimateur de la justice
Le groupe se fixe un objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de moitié d'ici 2030 comparé à ses niveaux de 2016, sur ses sites ainsi que pour l'énergie qu'il achète ailleurs. Une décision prise suite au jugement en mai du tribunal de La Haye lui intimant d’abaisser ses émissions de 45 % d'ici 2030. Un jugement auquel la compagnie a fait appel ensuite. Le groupe s’est notamment engagé à « éliminer le flaring de gaz de ses activités d'extractions dès 2025 », indique-t-il, ce qui revient à brûler sur les sites d'extraction le gaz qui s'échappe de la production de pétrole.
Ces résultats sont publiés alors que les patrons de majors dont Shell mais aussi ExxonMobil BP et Chevron seront entendus au Congrès américain après les révélations de documents indiquant que ces groupes ont sciemment minimisé voire ont masqué l'impact de leurs opérations sur le réchauffement climatique.
Shell est en outre dans le collimateur de la société d'investissement activiste, Third Point, qui demande sa scission en deux, l'une regroupant les activités historiques d'exploration, raffinage et produits chimiques qui donnerait la priorité au retour sur capital, l'autre focalisée sur les énergies à bas carbone. Ben van Beurden argue que garder des activités intégrées est essentiel pour agir rapidement et avec l’ampleur nécessaire pour assurer la transition énergétique. En clair, que la « transition sera financée par les activités historiques » du groupe.
A.D.
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