Le conseil d’administration de la compagnie pétrolière française s’est tenu dans une atmosphère moins chahutée que ceux, ces derniers jours, de ses rivales ExxonMobil, Chevron et Shell, acculées à se montrer plus en faveur des questions climatiques.
La direction du groupe français avait pourtant à soumettre au vote une résolution consultative sur la stratégie climatique de la direction. Celle-ci a été largement approuvée, à 91,88 %, quelques actionnaires considérant cependant que « la stratégie n'était pas à la hauteur » à l’instar du fonds néerlandais Actiam. L'an dernier, onze investisseurs (La Banque Postale, Crédit Mutuel, Meeschaert...) avaient proposé une résolution pour contraindre Total à des objectifs climatiques plus ambitieux. Combattue par la direction, elle avait alors été rejetée par les actionnaires, mais avait tout de même engrangé 16,8 % de voix favorables.
Transformation en groupe multi-énergies
Une autre résolution devait acter le changement de nom de l'entreprise en TotalEnergies pour refléter ses nouvelles orientations stratégiques. La transformation en groupe multi-énergies (gaz, électricité et les énergies renouvelables qui doivent représenter 20 % des investissements), a été validé à plus de 99 %. Le groupe a rappelé à cette occasion ses objectifs de neutralité carbone à horizon 2050, date en soi fixée pour tous. Mais pour ce qui est des produits énergétiques utilisés par ses clients, sur un périmètre dit « scope 3 », Total s'engage par exemple à ce que les émissions aient reculé dans le monde d'ici 2030 par rapport à 2015.
Trente-trois investisseurs de la coalition Climate Action 100+ (parmi lesquels Axa, Amundi ou HSBC), qui avaient déjà demandé à Total de préciser sa stratégie, estiment que le déclin de la production d'hydrocarbures « doit commencer avant 2030, en particulier pour le pétrole », soulignent-ils.
« Les actionnaires ont voté à une très large majorité en faveur de cette résolution parce qu’ils perçoivent le véritable processus de transformation dans laquelle la compagnie est engagée et ils ont fait de ce vote un soutien à cette stratégie audacieuse et exigeante », s’est félicité le PDG du groupe Patrick Pouyanné.
Patrick Pouyannée reconduit
L’Assemblée a approuvé en outre le renouvellement des mandats d’administrateur d’Anne-Marie Idrac et de Patrick Pouyanné, nommé à la tête du conseil d’admibnistration en décembre 2015, ainsi que la nomination comme administrateurs de Jacques Aschenbroich et Glenn Hubbard, pour une durée de trois ans.
Patrick Pouyanné a en outre été reconduit dans ses fonctions de PDG le temps de son mandat d’administrateur. Il avait été nommé à la tête du groupe français le 22 octobre 2014, à la suite de la mort accidentelle de Christophe de Margerie.
Réduction des dépenses dédiées à l’exploration pétrolière
Sans craindre des procès en contradictions, le dirigeant a défendu la nécessité de continuer à rechercher du pétrole tout en mettant en garde contre les positions radicales. Une allusion au rapport récemment publié par l'Agence internationale de l'énergie qui a enjoint les décideurs du monde entier de cesser dès à présent tout nouvel investissement dans les énergies fossiles.
« La radicalité n'est pas tout à fait la réponse : dans transition énergétique il y a le mot transition et je voudrais rappeler à tout le monde qu'aujourd'hui notre économie fonctionne à 80 % avec des énergies fossiles, a-t-il argué. Nous devons accompagner l'évolution de la demande. D'ici le pic de production attendu entre 2025 et 2030, le monde a besoin de pétrole », signifie-t-il.
Total a réduit ses dépenses d’investissements à 800 M$ annuels contre environ 1,5 milliard il y a cinq ans.
A.D.