Le deuxième trimestre 2023 restera pour Euronav comme l'un de ses meilleurs résultats opérationnels

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Les résultats de l'armateur de pétroliers belge pour le deuxième trimestre en disent longs sur l'impact de la guerre en Ukraine. La reconfiguration du sourcing qui s'en est suivie profite aux VLCC et suezmax qui composent la flotte d'Euronav.

Les six premiers mois de l’année ont été particulièrement animés pour l’armateur belge de pétroliers qui a donné de ses nouvelles très régulièrement. Le semestre a été agité, non pas du fait de son marché qui lui est particulièrement favorable depuis la guerre entre la Russie et l'Ukraine, mais en raison de changements importants dans sa gouvernance (entrées et sorties dans son conseil d’administration ).

La première partie de l'année a été en outre rythmée par les agitations internes des deux principaux actionnaires de la société, à savoir la famille Saverys (qui dirige la Compagnie maritime belge, CMB) et le tycoon du transport maritime de pétrole, John Fredriksen (Frontline, International Seaways…).

Bataille actionnariale

Les deux investisseurs – le premier avec 26,12 % du capital et le second avec 22,92 % –, se livrent depuis de longs mois à une course aux titres de propriété de façon à avoir le dernier mot sur la stratégie suivant deux visions radicalement opposées.

Alexandre Saverys prône un modèle en rupture avec un positionnement sur le transport maritime de carburants dits verts. John Fredriksen opère en sous-marin mais est plutôt en phase avec la ligne défendue par l’actuel comité de direction.

La bataille actionnariale aura provoqué le départ de Hugo de Stoop, dans l’entreprise depuis 20 ans et PDG depuis 2019.

Déflagration dans le sourcing

Euronav a publié, le 3 août, ses résultats financiers pour le deuxième trimestre clos le 30 juin 2023.

La société a réalisé un résultat net de 161,8 M$ alors que l’an dernier à la même époque, elle présentait un résultat négatif.

Le bénéfice avant amortissements et dépréciation (Ebitda) s’est élevé à 247,6 M$ contre 74,9 M$ il y a un an.

« Euronav a réalisé sa meilleure performance opérationnelle au deuxième trimestre, exceptée la situation exceptionnelle de pandémie de Covid en 2020, dans un trimestre largement anticyclique pour le marché des grands transporteurs de brut », se félicite Lieve Logghe, directeur financière assurant la présidence par intérim depuis le départ de Hugo de Stoop.

Elle fait référence au premier semestre 2020 lorsque la pandémie a dopé la demande de VLCC pour stocker les excédents de pétrole que le monde ne pouvait plus consommer.

La situation a enflammé les tarifs des très grands pétroliers. Ensuite, le secteur a entamé sa traversée du désert avec des navires plus souvent exploités en deçà de leur seuil de rentabilité jusqu’à ce que l’agression de la Russie envers son voisin change la donne de ce marché.

la conjoncture en mer Noire, à l’origine d’une déflagration dans le sourcing, plutôt avantageuse pour les VLCC (pétrolier d'une capacité de deux millions de barils) et les suezmax (capacité d'un million de barils) qui composent la flotte d’Euronav (41 et 26),

Contre-saison

La performance d’Euronav s’inscrit dans une période – les deuxième et troisième trimestres –, contre-saisonnière en raison des programmes de maintenance des raffineries, de la baisse de la consommation d'énergie au cours du printemps de l'hémisphère nord, et de la planification des stocks.

Toutefois, l'impact est jusqu'à présent est beaucoup plus faible que ce qui a été observé historiquement, « ce qui confirme que le marché des grands transporteurs de brut est bien positionné pour poursuivre le cycle haussier actuel », indique la direction de l’entreprise.

Des tarifs d'affrètement vigoureux

Sur le marché spot, en un an, les revenus des VLCC sont passés de 17 000 à 55 000 $/j et les suezmax de 20 000 à 68 000 $.

Ils sont largement supérieurs à la moyenne depuis 1990 à période comparable (34 000 $/j pour les VLCC et 28 000 $ pour les Suezmax).

« Au cours du trimestre, deux tendances clés ont émergé. D’une part, les plus petits pétroliers ont continué à faire preuve d'une plus grande résilience que les marchés VLCC, compte tenu de dislocation du commerce de pétrole russe et de l'utilisation plus élevée qui en découle. D’autre part la volatilité des taux de fret des VLCC a été plus élevée que d'habitude », indique le rapport d’activité de la société.

Du fait d’un marché très serré entre l'offre et la demande, le mois de juin a été marqué par un pic très important des taux de fret VLCC.

Confiance

Quant à la suite, la direction d’Euronav est confiante. Au cours du troisième trimestre 2023, 45 % des jours disponibles de la flotte VLCC d'Euronav exploités dans le pool Tankers International ont été fixés autour de 45 000 $/j.

Et 50 % de ceux des suezmax ont été négociés à près de 50 000 $/j.

À plus long terme, l'Agence internationale de l’énergie a relevé ses prévisions de consommation pour 2023 presque tous les mois depuis novembre 2022. Elle mise désormais sur une croissance de la consommation de 2,5 millions de barils par jour (Mb/j), soit une hausse de 0,9 Mb/j par rapport aux prévisions du quatrième trimestre 2022.

Nouvelles restrictions de l'OPEP

Le trimestre a été par ailleurs marqué par l'annonce surprise de l'OPEP+ quant à de nouvelles réductions de l'offre à hauteur de 1,6 Mb/j jusqu'à la fin 2024 et de celle l'Arabie saoudite à hauteur de 1 Mb/j sur une base mensuelle.

Ces engagements auront un impact négatif sur les opérateurs de pétroliers qui se concentrent principalement sur le segment des VLCC. « La production non OPEP à la hausse – États-Unis, Norvège, Canada, Brésil et Guyane –, devrait également soutenir les tonnes-milles, la croissance de la consommation continuant à se concentrer sur l’Asie. Aussi, les membres de l'OPEP ont vu leur production et leurs exportations se stabiliser. Enfin, les barils russes continuent de défier la plupart des prévisions du marché avec une production et des exportations à un niveau similaire à celui de la fin 2022 », nuance Euronav.

Équilibre entre l'offre et la demande

Le principal atout du secteur reste le ratio extraordinairement bas par rapport aux normes historiques entre le carnet de commandes et la flotte en service (1,6 % pour les VLCC et 5 % pour les suezmax).

Pour ce qui le concerne, Euronav a reçu en mai deux de ses nouvelles unités en commande, le VLCC Clovis (299 158 tpl) et le suezmax Brugge (156 851 tpl), après avoir été livré au premier trimestre des VLCC Camus et Cassius, d’une capacité similaire.

L’exploitant de pétroliers a actuellement en engagements financiers près de 210 M$ pour cinq suezmax.

Adeline Descamps

*L’assemblée générale des actionnaires du 17 mai a approuvé la nomination de deux nouveaux administrateurs indépendants  tandis que deux mandats arrivés à terme

Adeline Descamps

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