Vale change de stratégie et renonce à 35 navires

Dans les deux ans à venir, le marché asiatique (et en particulier la Chine) devrait représenter environ 80 % des ventes de Vale, numéro un mondial du minerai de fer. C’est pourquoi le géant brésilien, sous la présidence de Roger Agnelli, a largement investi afin de contrôler le transport de son minerai jusqu’aux ports de l’empire du Milieu. Son cheval de bataille? Les Valemax, des minéraliers géants d’une longueur de 362 m, capables de transporter 400 000 t de minerai de fer. Dix-neuf vraquiers ont été commandés par le producteur de fer brésilien au prix fort en 2008, lorsque les tarifs du fret maritime se sont envolés puis effondrés. Grâce à l’acquisition de sa propre flotte de vraquiers, Vale compte épargner ses marges en stabilisant le coût de transport de son minerai de fer et rivaliser avec la concurrence venue d’Australie. C’est sans compter l’opposition des armateurs chinois. Sur les six navires livrés à ce jour, aucun n’a été admis dans l’un des ports chinois en mesure de les accueillir, situés dans les régions de Dalian et de Shanghai. Alors que les sidérurgistes chinois craignent de se voir imposer un fournisseur unique, la China Shipowners’ Association, qui représente les intérêts des affréteurs chinois, a mené une longue campagne contre les navires brésiliens. Deux Valemax déjà chargés déroutés en six mois, une avarie inexpliquée sur un ballast au Brésil fin 2011: c’en est trop pour Vale qui change de stratégie. Le groupe brésilien renonce aux 35 vraquiers géants qu’il avait projeté d’acheter et préfère désormais louer ses navires. Sous la houlette du nouveau président Murilo Ferreira, quatre vraquiers géants ont déjà été mis en vente auprès d’armateurs asiatiques, et quinze autres devraient l’être également cette année. En attendant, les géants des mers accosteront dans d’autres pays asiatiques, quitte à transborder leur cargaison sur des navires de taille inférieure, à destination de la Chine. Deux centres de distribution de minerai sont d’ailleurs prévus: celui d’Oman est devenu opérationnel cette année, tandis que celui de Malaisie sera lancé en 2014.