La zone euro vacille et la conjoncture se grippe, mais les armateurs allemands gardent un moral d’acier. Selon la fédération VDR, les navires battant pavillon « noir jaune rouge » ne connaîtront pas la crise cette année. « Nous tablons sur une croissance des volumes de 7 % », pronostique son président Michael Behrendt.
Loin du marasme européen, les compagnies allemandes entendent profiter du dynamisme des pays émergents, Chine et Inde en tête. « À la différence de la crise de 2009, le commerce mondial ne s’est pas effondré: pour nous, c’est le plus important », glisse Max Johns, porte-parole de l’organisation. « De fait, pour nombre de nos adhérents, l’Europe ne joue qu’un rôle marginal. » Autre raison d’aborder l’année avec optimisme, les armateurs sont parvenus à sauver in extremis la généreuse subvention que l’État fédéral leur alloue chaque année pour compenser le coût élevé de la main-d’œuvre allemande. Au total, une enveloppe de 60 M€ par an qui permet à la flotte nationale de rester compétitive et que le Bundestag a accepté de reconduire… mais à condition que les armateurs tiennent leurs engagements. Ordre leur est donné d’immatriculer au moins 60 % de leurs navires en Europe, d’ici fin 2012. Actuellement, le compte n’y est pas: la moyenne se situe autour de 27 %. La VDR assure qu’elle aura rempli sa part du contrat.
Reste une ombre au tableau, et de taille: les prix, qui malgré la hausse de la demande et de bons taux de remplissage des navires, restent au plus bas. En cause, selon la VDR, la guerre des tarifs sans merci que se livrent Mærsk et MSC. Les deux mastodontes donnent le la à l’ensemble du marché, pénalisant aussi bien les compagnies de charters, qui représentent l’essentiel de l’armement allemand, que les compagnies de ligne comme Hapag Lloyd et Hambourg-Süd. « On se retrouve dans une situation absurde, déplore Michael Behrend. C’est comme si Apple décidait de vendre son IPhone deux fois moins cher parce la demande est très forte: cela n’a aucun sens. »