"Pour un coût de 3,2 Md€ à 3,7 Md€, selon que le choix de ce canal se fasse avec des écluses simples ou doubles, Seine-Nord sera un vecteur de développement pour le transport fluvial dans la région Nord. Les études menées récemment sur les prévisions tablent sur un trafic de 16,7 Mt à l’horizon 2020 contre 4,2 Mt réalisées en 2000 sur cet axe", a commencé François Bordry, président de VNF lors de la présentation des études de trafic de ce projet. Outre les vracs, les marchandises générales verront leurs flux augmenter. Parmi les vracs, VNF considére que le canal modifiera la logistique des produits agricoles. La réorganisation de la filière autour du canal permettra d’induire un trafic supplémentaire de 2,2 Mt. Autre trafic important qui bénéficiera de l’avantage de ce canal, les granulats en provenance du nord de la France et de la Belgique. Le gestionnaire du réseau fluvial estime le trafic de ces produits à environ 3 Mt. Ensuite, les produits chimiques et les engrais, destinés aux industries proches du canal pourraient générer un flux de 1,2 Mt. Enfin, les produits pétroliers devraient être les grands gagnants de cette liaison Seine-Nord. Le développement du bio-carburant développé à partir de produits agricoles disposera avec le canal d’un atout logistique de taille puisqu’il sera proche des zones de production des produits de base.
Outre les vracs, les marchandises générales, et notamment les conteneurs, pourraient capitaliser sur ce canal. Les prévisions de trafic tablent sur 254 000 conteneurs transitant par ce canal à l’horizon 2020, dont environ 68 000 boîtes avec une origine ou une destination sur une plate-forme installée le long de Seine-Nord. "Cette voie d’eau ne doit pas se regarder uniquement comme un vecteur de transport reliant le nord de la France et le bassin parisien mais comme un tout formé d’une route fluviale et de plates-formes logistiques pour offrir aux ports maritimes reliés des opportunités de développement par le fluvial", a continué le président du gestionnaire du réseau fluvial. Dans les études menées, VNF a intégré avec les prévisions de trafic des données sur le développement de la logistique. Dans le cadre de ce projet, VNF propose la construction de 350 hectares de zones logistiques et industrielles le long du canal, réparties en quatre zones d’activités multimodales (Longueil Sainte Marie, Noyon, Péronne et Cambrai). De plus, l’initiateur du projet prévoit l’installation de quais destinés à développer le trafic céréalier local.
Parallèlement à la publication des résultats de l’étude sur les trafics, le président de Voies Navigables de France a rappelé l’avancement de la partie financière de ce projet. "Le plan financier n’est pas encore bouclé, a indiqué François Bordry. Nous en sommes à la comparaison entre le partenariat public/privé (ppp) et la maîtrise d’ouvrage public sans qu’aucun choix ne soit encore déterminé." Les textes récemment publiés sur les conditions d’octroi et de fonctionnement du PPP permettrait, selon VNF, une économie d’environ 350 M€ à 700 M€ et un gain de temps de 2 à 3 ans sur les travaux. Quant à la répartition des enveloppes, le président de VNF a donné quelques grandes masses: l’État participerait à hauteur de 30 %, l’Europe entrerait pour 10 % à 20 %, les Régions et collectivités territoriales rassembleraient 33 % et le privé disposerait de 10 % à 20 %.
Seine-Nord: des chiffres et des dates
– Mise en service: fin 2012
– Le canal reliant la Seine au réseau du nord de la France représente une artère de 105 km sur une largeur de 54 m avec un tirant d’eau de 4,5 m et de hauteur libre sous ponts de 7 m. Ces caractéristiques permettent le passage d’unités de 4 400 t.
– Ouvrages: sept écluses de 6 à 30 m de dénivelé, chacune de 190 m de longueur et de 12,5 m de largeur. Trois ponts-canaux.
– Coûts: dans l’hypothèse de la construction de ce canal avec des écluses simples: 3 173 M€ (Hors Taxes). Dans l’hypothèse d’une solution avec des écluses doubles: 3 722 M€.
– Trafic estimé en 2020: 16,7 Mt dont 7,2 Mt en transit nord-sud, 3,9 Mt en transit sud-nord et 3,3 Mt de trafics pour des ports locaux.