DFDS obtient le feu vert des autorités turques de la concurrence pour acquérir Ekol Logistics

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Ekol Lojistik Trieste

Crédit photo ©Ekol Logistics
Un an et demi après l'annonce de l'intention, DFDS vient de franchir une première étape dans sa volonté d'acquérir le groupe turc de logistique. Avec cette opération, qui attend le feu vert de Bruxelles, l'armateur danois veut étendre en Méditerranée son modèle mer/route effectif en Europe du Nord.  

Un an et demi après l’annonce et six mois après avoir déposé son offre, l’acquisition par l’armateur danois DFDS du réseau de transport international du groupe de logistique turc Ekol a été validée par les autorités turques de la concurrence.

La transaction, qui porte sur un montant de 260 M€ (7,6 fois l’Ebitda du logisticien), devrait être finalisée au quatrième trimestre 2024, sous réserve de l'approbation de la direction antitrust européenne, qui n'a pas encore rendu son avis.

L’armateur de rouliers, qui a pris le contrôle de l'armateur turc U.N. Ro-Ro en 2018, avait manifesté en 2022 son intérêt pour cette entreprise basée à Istanbul (470 M€ de chiffre d’affaires en 2023, 3 700 personnes, 26 implantations), qui transporte des marchandises entre la Turquie et l'Europe et dont plus de la moitié des transports effectués en combinant la route, le ferry et le rail.

Schéma rodé à Trieste

Client de DFDS, Ekol achète pour l'heure des capacités sur le réseau méditerranéen de ses ferries (sur les 71 navires de l'armateur danois, dix-neuf sont exploités en Méditerranée). L'accord s’est depuis étendu au transport ferroviaire, que le groupe danois développe depuis les ports d'arrivée vers plusieurs destinations européennes. Pour mémoire, l'un des cinq leaders européens sur le marché des ferries et rouliers est actif dans le rail, dont témoigne le rachat à Kühne de l’opérateur ferroviaire allemand PrimeRail en 2022.

La plus française des compagnies étrangères est en marche forcée depuis quelques années pour développer la complémentarité entre le roulier maritime et la logistique ferroviaire et routière de la remorque. Elle s'est équipée en conséquence avec une flotte de 3 900 remorques/caisses mobiles.

Sète, hub sur le mdodèle de Trieste

Dans l'Hexagone, DFDS, qui opère depuis Marseille, Dunkerque, Calais, Sète et Dieppe, a choisi pour son réseau Méditerranéen de faire passer ses remorques par Sète, où l'exploitant ro-ro est implanté depuis 2019 et où il semble vouloir y dupliquer le schéma éprouvé à Trieste, son hub pour les marchandises transportées entre la Turquie et l’Europe centrale.

Présent dans le port adriatique depuis 1994, DFDS exploite l’un des quatre terminaux ferroviaires d'où partent chaque semaine une soixantaine de trains pour emprunter les corridors européens. Sur les quelque 200 000 unités déchargées par an dans son terminal, 70 % sont chargés sur wagons et 30 % sur les camions. Sète en est encore loin au stade de son développement mais 20 % des remorques empruntent déjà le rail vers Calais et Paris-Valenton.

Complémentarité entre le roulier maritime et la logistique ferroviaire et routière

En faisant entrer Ekol Logistics dans son escarcelle, l'armateur va ajouter le transport routier à son réseau de ferries méditerranéen et étendre ses connexions intermodales en Europe, Ekol étant présent dans une dizaine de pays.

« Cette opération nous permet d'offrir des solutions de transport de bout en bout entre la Turquie et l'Europe directement aux clients finaux, y compris des services de distribution et d'entreposage aux entreprises turques et aux fabricants européens ayant des usines de production ou d'assemblage en Turquie », indique l'entreprise qui mise sur la remorque pour « minimiser les jours de voyage », le fret transporté étant sensible au temps (automobile, pièces industrielles et textile/vêtement).

Montée en puissance du nearshoring

Torben Carlsen, PDG de DFDS, est notamment convaincu que les perturbations dans le transport maritime mais aussi les préoccupations environnementales et la montée des tensions commerciales et géopolitiques vont inciter les entreprises à revoir leurs chaînes d'approvisionnement et leur production. Dans ce schéma, la Turquie bénéficierait de la montée en puissance du nearshoring vers l’Europe car « le pays dispose d’un secteur industriel et d'une main-d'œuvre qualifiée et abondante ».

Selon ses données, la demande de transport entre la Turquie et l'Europe va croître en moyenne d'environ 14 % par an jusqu'en 2028, précisément grâce à la délocalisation des chaînes d'approvisionnement vers l'Europe.

Une fois Ekol acquis, DFDS (469 M€ de chiffre d'affaires en 2023, 3 700 personnes) entend d'abord restaurer sa marge Ebit pour la porter à 5 % alors qu'elle a dégringolé de 4,8 % en 2022 à 2,5 % en 2023, et ce, en trois phases, non datées.

Adeline Descamps

 

DFDS : des volumes très inégaux selon les marchés en mars

En mars, dernières données qui viennent d'être publiées, les trafics de DFDS sont faussés par rapport à la même période que l'an dernier car « les vacances de Pâques tombent en mars cette année, contre avril en 2023. En général, cela augmente les volumes de passagers et diminue les volumes de fret par rapport à 2023 pour le mois », explique l'armateur danois.

Avec 3 651 000 mètres linéaires, soit 280 846 remorques routières non accompagnées de 13 m ou un peu plus de 220 000 ensembles routiers (fret accompagné), les volumes de fret embarqués sur les ferries ont été supérieurs de 2,7 % à ceux de 2023 (à périmètre égal) mais inférieurs de 2,5 % après ajustement pour tenir compte de l'ajout des routes du détroit de Gibraltar en 2024 et de la fermeture de la route Calais-Tilbury en 2023.

Le marché en mer du Nord est toujours à la peine (détails par marché non communiqués). Plusieurs facteurs l'expliquent : la demande de transport a été plus faible certes mais les conditions météorologiques et le décalage de Pâques n'ont pas aidé. Les volumes de la Manche souffert de la sous-performance du détroit de Douvres (décalage de Pâques). En revanche, les lignes sur la Baltique et la Méditerranée sont dans une dynamique positive, supérieure à l'année précédente.

39,3 millions de mètres linéaires sur 12 mois

Pour les douze derniers mois 2024-23, les mètres linéaires transportées sont en repli de 3,6 %, passant de 40,8 à 39,3 millions à période comparable de l'an dernier. La baisse a été de 4,4 % après ajustement pour tenir compte des nouvelles routes.

Le nombre de passagers étaient en hausse de 83,1 % en mars dernier tout comme le nombre de voitures embarqués (+67,5 %), soit 12 mois, 5 millions de passagers contre 4,1 millions pour 2023-22.

L'un des cinq premiers européens sur le marché des ferries et rouliers prévoit un chiffre d'affaires en hausse de 5 % à 8 % en 2024 et un bénéfice d'exploitation (Ebit) compris entre 2 et 2,4 milliards DKK (entre 268 et 322 M€).

A.D.


 

 

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