Des pétroliers au coeur des nouvelles agitations entre Téhéran et Washington

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Intervention héliportée des forces iraniennes sur le pont du pétrolier Advantage Sweet en vue de l'arraisonner [Capture d'écran d'une vidéo].

Après une période où les réquisitions de pétroliers au titre des sanctions américaines frappant les exportations iraniennes s'étaient espacées, les provocations redoublent de part et d'autre. Le suezmax Advantage Sweet vient d'être arraisonné par les Gardiens de la Révolution iraniens.
 

Nouvelle démonstration de force dans le golfe d'Oman où un navire marchand se trouve à nouveau aux prises des tensions entre l’Iran et les États-Unis.

Les forces marines des Gardiens de la Révolution iraniens, l'armée idéologique de la République islamique (IRGCN) ont arraisonné le 27 avril le suezmax Advantage Sweet. Un navire enregistré aux Iles Marshall et propriété de la société de crédit-bail chinoise Shanghai Pudong Development Bank.

Réquisition par Téhéran

Géré par la société turque Genel Denizcilik Nakliyati pour le compte de l’exploitant Advantage Tankers et affrété par Chevron, le tanker de 159 000 tpl avait chargé des produits raffinés au Koweït d’où il est parti le 25 avril avec pour destination le port américain de Houston.

Selon le commandement central des forces navales américaines, le pétrolier a été saisi peu après avoir traversé le détroit d'Ormuz. Depuis sa réquisition, son signal AIS a été désactivé. La dernière position du navire connue se situe à environ 40 milles nautiques (75 km) au sud-ouest du port iranien Bandar Jask.

Accusé de collision mortelle

Les autorités iraniennes ont motivé leur réquisition en accusant le suezmax d’être à l’origine d’une collision avec un chalutier iranien, « qui a entraîné la perte de deux personnes et blessé plusieurs autres membres de l'équipage », et d’avoir ensuite tenté de prendre la fuite.

« Les actions de l'Iran sont contraires au droit international et perturbent la sécurité et la stabilité régionales. Le gouvernement iranien doit immédiatement libérer le pétrolier », ont réagi in extenso l'administration américaine, estimant à « au moins » cinq le nombre de navires marchandes « saisis illégalement » au cours des deux dernières années. La contrebande de pétrole et de carburants sous sanctions reste le principal motif évoqué.

Provocations entre Téhéran et Washington

Ces dernières semaines, les provocations de part et d'autre se sont enchaînées. Les États-Unis ont saisi en février le Suez Rajan, géré par Empire Navigation. Le pétrolier chargé d’environ un million de barils de brut iranien avait pour destination présumée la Chine, a rapporté Reuters.

Contexte agité

Ces événements interviennent dans un contexte agité outre-Atlantique, l’administration Biden bousculée par des membres de la Chambre des représentants et du Sénat qui ont déposé un projet de loi. Le Maritime Architecture and Response to International Terrorism in the Middle East Act fait pression sur le département de la Défense et sollicite une réaction concertée face aux menaces maritimes de l'Iran et de ses alliés.

Ils font notamment référence aux attaques de drones et tirs de missiles récemment signalées contre des navires marchands. L’administration Biden indique pour sa part avoir empêché les saisies de cargaisons de pétrole iranien pendant plus d'un an.

228 M$ de pétrole iranien saisi

Depuis 2019, l'équivalent de près de 228 M$ de pétrole iranien a été réquisitionné d'après les données de Reuters.

Le dernier incident majeur remonte à mai 2022 lorsque les Gardiens de la Révolution se sont emparés de deux pétroliers grecs dans les eaux du Golfe alors que les autorités grecques avaient annoncé qu'elles allaient transférer aux États-Unis le pétrole iranien du pétrolier russe Pegas qu'elles avaient intercepté. Ce navire, rebaptisé Lana, avait été saisi à la demande des États-Unis, au titre des sanctions frappant Téhéran.

Les 49 membres des équipages du Delta Poseidon et du Prudent Warrior, parmi lesquels dix marins grecs et un chypriote, auront été retenus en otage dans le Golfe persique pendant presque 100 jours avant que Téhéran accepte de les libérer une fois les 100 000 t de pétrole saisies par les autorités grecques à la demande de Washington restituées.

Adeline Descamps

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