Retour de la piraterie en Somalie

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Piraterie Somalie

Le patrouillier indien INS Sharda entreprend un embarquement sur le FV Omari afin de s'assurer que l'équipage est sain et sauf aporès avoir libéré par les pirates somaliens.

Crédit photo ©Indian Navy
La piraterie maritime avait changé de destination géographique ces dernières années, en se déplaçant de la Somalie vers le Golfe de Guinée. Or, depuis novembre, les attaques se multiplient dans la corne de l'Afrique. Non sans liens avec le fait que les forces navales chargées de la libre circulation maritime soient accaparées par un autre front...

La piraterie maritime a changé de destination géographique ces dernières années depuis que les pirates originaires de Somalie ont été mis au pas par les opérations militaires internationales déployées dans le golfe d'Aden et dans l'océan Indien, épicentre mondial de la piraterie entre 2001 et 2012.

Là, des gardes armés et des bâtiments de guerre, dépêchés par l'UE dans le cadre de la mission de sécurité maritime Atalanta (Eunavfor), par l’OTAN (opération Ocean Shield) et par les États-Unis (Combined Joint Taskforce-Horn of Africa) pour assurer la sécurité la circulation maritime, ont donné des résultats. Les incidents de piraterie et de vol à main armée se sont raréfiés au large des côtes somaliennes. En revanche, le golfe de Guinée est devenu un repaire pour les flibustiers.

Premier détournement réussi d'un navire depuis 2017

Dans le rapport annuel sur la piraterie et le banditisme maritime en 2023, le Bureau maritime international (BMI) de la Chambre de commerce internationale, qui tient à jour cette comptabilité, a pointé la résurgence des attaques au large des côtes de Somalie. Le navire détourné le 14 décembre 2023, à 700 milles au large de Bosaso en Somalie, constitue « le premier détournement réussi d'un navire marchand par des pirates somaliens présumés depuis 2017 », indique le BMI.

Dans le golfe de Guinée, au contraire, le nombre d'actes qui avait culminé à 84 en 2020 et était redescendu à 19 en 2022, est reparti en légère hausse. On y a dénombré 22 agressions en 2023 et 54 détentions des membres d’équipage.

Multiplication des attaques depuis novembre

D’après la force navale européenne (Eunavfor), au moins deux groupes d'action de pirates opèrent désormais à l'est de l'océan Indien et pourraient être équipés de bateaux-mères (des boutres détournés) afin d'accroître leur rayon d'action.

Les premiers signes de troubles sont apparus le 22 novembre, lorsque des pirates somaliens ont détourné le navire de pêche iranien Al Miraj 1 au large des côtes du Puntland, ancien « paradis de pirates », État semi-autonome du nord-ouest de la Somalie dont la côte s'étend sur 1 600 km.

Le vraquier Ruen, battant pavillon maltais, arraisonné en décembre, ferait actuellement l'objet de « négociations pour sa libération ».

Le 4 janvier, des pirates somaliens présumés ont abordé et tenté de détourner le vraquier Lila Norfolk au large d'Eyl, en Somalie. L'attaque a échoué et les assaillants ont pris la fuite.

Le dimanche 28 janvier, l'UKMTO (United Kingdom Marine Trade Operations), le département des opérations marchandes maritimes du Royaume-Uni, a signalé qu'un bateau avec cinq personnes s'était approché « agressivement » d'un navire à 70 milles nautiques au nord-ouest de Bosaso.

Quatre d'entre eux portaient des AK-47. Ils se sont approchés à moins de 400 m du navire, mais se sont éloignés après que des gardes armés ont tiré deux coups de semonce.

La semaine dernière, le patrouilleur indien INS Sumitra a porté secours à trois chalutiers détournés, l'Iman, l'Al Naeemi et le FV Omari, battant pavillon iranien, dont les membres d’équipage iraniens et pakistanais avaient été pris en otage. Il a secouru 17 marins, sur le premier, 19 sur le second et autant sur le troisième, a indiqué la marine indienne sur l’ex-Twitter.

Fenêtre opportuniste

Le Centre de sécurité maritime de la Corne de l'Afrique (MSCHOA), un service de surveillance, a recensé pour sa part six cas de piraterie et trois tentatives.

Pour les spécialistes, cette résurgence n’est pas sans liens avec le fait que les forces navales étrangères soient accaparés par la lutte contre les houthis du Yémen, offrant une fenêtre de plus grande impunité aux pirates somaliens qui n’ont peut-être pas perdu la main, mettent en garde les experts.

Ce qui n’est pas sans poser d’autres problématiques alors qu’une grande partie du trafic maritime se détourne vers le cap de Bonne-Espérance. Certaines routes peuvent inclure un passage proche des eaux plus proches de la Somalie.

Le sujet est en tout cas pris au sérieux. À en juger : le commandant opérationnel de la force navale de l'UE vient de rentrer d'une visite en Somalie.

Le Lloyd’s List rappelle qu’entre 339 à 413 M$ ont été déboursés en rançons pour des actes commis dans la zone entre 2005 et 2012, soit 2,7 M$ par navire. Pour quels bénéficiaires ?

Adeline Descamps

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