Conformément au plan de vol que l’armateur de porte-conteneurs, numéro un mondial du transport maritime de ligne, avait présenté lors du lancement de sa propre compagnie aérienne MSC Air Cargo, le premier B777-200F, un des premiers d’une série de quatre, vient de lui être livré.
Le premier avion étant livré, MSC Air Cargo devrait pouvoir démarrer ses opérations en début d’année prochaine. C’est l’horizon que le groupe de la famille Aponte s’était fixé et il l’avait conditionné à la réception de son premier appareil. Pour rappel, la future flotte sera exploitée par Atlas Air, une filiale du groupe Atlas Air Worldwide, sur un modèle assez proche de celui de CMA CGM quand le groupe français a lancé son offre de fret aérien : s’appuyer dans un premier temps sur un partenaire aérien confirmé pour l’exploitation.
« Nos clients ont besoin de solutions aériennes, c'est pourquoi nous intégrons ce mode de transport en complément de nos opérations de fret maritime et terrestre. La livraison de ce premier appareil marque le début de notre investissement à long terme dans le fret aérien », a indiqué à cette occasion Jannie Davel, que MSC a recruté pour diriger sa nouvelle filiale.
« Depuis mon arrivée chez MSC, j'ai rencontré de nombreux partenaires et clients et il est clair que le fret aérien, pour ses qualités en termes de vitesse, de flexibilité et de fiabilité, peut répondre aux besoins logistiques d’un certain nombre d’entreprises (…) Il présente aussi des avantages particuliers pour le transport des denrées périssables, des produits pharmaceutiques et les marchandises de grande valeur », ajoute l’ex-directeur commercial de Delta Cargo qui a occupé des postes de responsabilité au sein d’Emirates SkyCargo et de DHL en Allemagne et aux États-Unis.
Abandon du projet de reprise d’ITA Airways
Avant de lancer sa propre compagnie aérienne, MSC avait déposé une offre en janvier, conjointement avec la compagnie aérienne allemande Lufthansa, pour acquérir une participation majoritaire d’ITA Airways dans le cadre de la privatisation partielle de la compagnie italienne, héritière d’Alitalia Airways. Mais le ministère italien de l'Économie avait finalement choisi fin août de poursuivre les échanges avec l’offre concurrente pilotée par le fonds d'investissement américain Certares, associé à Air France-KLM et Delta Air Lines.
Alors que le nouveau gouvernement italien, qui a succédé à celui de Mario Draghi, vient de décider de ne pas aller plus loin avec ces derniers, la compagnie aux origines italiennes a fait savoir récemment « qu’elle n'était plus intéressée » par le dossier. Entre-temps, elle s’est lancée en solitaire dans l’aventure...
Maersk, CMA CGM, MSC, une stratégie alignée
Á présent, les trois premiers armateurs mondiaux de porte-conteneurs sont alignés sur la même stratégie. En se lançant dans le fret aérien, ils poursuivent le même objectif : offrir un transport intégré.
MSC semble procéder comme CMA CGM à ses débuts dans le fret aérien. La compagnie française a démarré en février 2021 en s’appuyant sur Air Belgium, depuis sa plateforme de Liège. Aujourd’hui, CMA CGM Air Cargo, qui dispose de son Certificat de transporteur aérien (CTA), vole de ses propres ailes avec à sa direction Olivier Casanova (ex-directeur financier de Ceva Logistics) tandis que les opérations ont été récemment confiées à Benoit Schafer, transfuge d’Air Austral.
CMA CGM a lancé son premier service aérien entre Paris-CDG et Hong Kong qui sera assuré cinq fois par semaine. Séoul, Shanghai et Bangkok pourraient faire l’objet de prochaines offres de service.
Ce lancement marque le transfert de la compagnie et de sa flotte de six freighters (quatre A330-200F et de deux B777F neufs) de l'aéroport belge de Liège vers la porte d'entrée française. Deux autres Boeing, ceux-là neufs, doivent entrer en flotte en 2024 (pour le premier livré) tandis que quatre A350F, le nouveau freighter d’Airbus, ont été commandés et entreront en service entre 2025 et 2026. L’alliance de partage avec Air France-KLM (dont l’armateur français est désormais le premier actionnaire privé), donnera naissance à un pool de dix tout-cargos qui, avec les commandes en cours de part et d’autre, totalisera 22 appareils.
Maersk sur le tarmac en décembre
Maersk avait annoncé il y a un an la commande de deux B777F neufs, qui seront livrés en 2024, et l’affrètement de trois B767-300F auprès de Cargo Aircraft Management pour sa compagnie aérienne, Maersk Air Cargo, basée à Billund, au Danemark.
Le premier vol direct entre la Chine et les États-Unis est prévu ce mois-ci après le lancement fin octobre de deux vols hebdomadaires entre Greenville-Spartanburg, en Caroline du Sud, et Incheon, en Corée du Sud, opérés par les trois B767-300F.
Deux nouvelles liaisons devaient être lancées le 28 novembre, via Incheon, entre Hangzhou (haut-lieu chinois de la high-tech, à 190 km au sud-ouest de Shanghai) et Chicago Rockford, qui entend desservir le Midwest américain. Cette fréquence sera portée à six fréquences par semaine à partir du 2 janvier. Deux autres lignes doivent relier Greenville-Spartanburg, porte d’entrée des bassins de consommation de Charlotte, Atlanta et Dallas, à Shenyang, proches des centres manufacturiers que sont Dalian et Tianjin et Pékin.
Chute de la demande de transport aérien
Hors Europe, des compagnies maritimes disposent de longue date d’une compagnie aérienne : Evergreen avec EVA Air et la japonaise NYK Line avec Nippon Cargo Airlines.
La livraison du premier Boeing tombe toutefois mal pour MSC. Elle intervient à un moment où la conjoncture a subi un coup d’arrêt. La demande de transport aérien n’échappe pas au ralentissement économique. Selon l'IATA, la demande mondiale, mesurée en tonnes-kilomètres de fret (CKT) avait déjà dévissé de 10,6 % en septembre par rapport à l'année dernière. La capacité de fret aérien, quant à elle, a augmenté de 2,4 %
Adeline Descamps