Chaque année, le Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires publie une étude sur les durées de service hebdomadaires des conducteurs routiers français.
L’objectif de l’enquête est de mesurer en continu le temps de service des conducteurs de poids lourds du transport routier de marchandises. La mesure est réalisée à partir de la lecture des enregistrements des chronotachygraphes.
Parue en fin d'année 2023, l’enquête consacrée à cette activité professionnelle en 2022 montre que ces temps de service sont revenus à leur niveau d’avant crise sanitaire, soit 45 heures et 48 minutes en moyenne.
Ce retour à la période pré-covid est dû pour l’essentiel aux conducteurs oeuvrant en courte distance. Ce sont eux qui ont enregistré le plus de variations durant la période pandémique. Leur temps de service hebdomadaire moyen revient à 44h05, contre 48 heures environ pour les conducteurs grand routier.
Semaines plus longues. Ces temps de service hebdomadaires supérieurs pour les grands routiers se vérifient au quotidien. Correspondant à l’intervalle entre deux repos journaliers successifs, ou entre un repos hebdomadaire et le repos journalier suivant, leur amplitude de service journalière est une heure et demie plus élevée que celle des conducteurs courte distance, soit 11h13 l’an passé contre 9h55 pour les chauffeurs courte distance (cette amplitude comprend les pauses quotidiennes obligatoires).
Les indicateurs sur les durées de service hebdomadaires confirment aussi ce constat. L’an passé, près de 55 % des grands routiers avaient un temps de service par semaine supérieur à 48 heures, et 31 % plus de 51 heures.
Sur les dernières années, un tiers des grands routiers affichent des temps de service hebdomadaires supérieurs à 51 heures. À l’inverse, les chauffeurs courte distance bénéficient de temps de service inférieurs à 43 heures par semaine (39 % de ces salariés en 2022) et de 43 heures à 48 heures (32,4 %).
Temps de conduite variables. Reparties selon la position du chronotachygraphe, ces durées de service hebdomadaires livrent d’autres enseignements, à commencer par les temps de conduite : ils sont supérieurs d’environ 9 heures chez les conducteurs grand routier. En 2022, ceux-ci ont roulé 35h32 en moyenne par semaine, contre 26h31 pour les chauffeurs courte distance.
74 % du temps de service au volant. Stable depuis 2016, la conduite représente 74 % du temps de service hebdomadaire des grands routiers, et entre 60 et 61 %, pour les chauffeurs courte distance.
Globalement, la crise du Covid n’a pas eu d’impact sur le kilométrage moyen parcouru par jour. En ligne avec les amplitudes et les temps de conduite supérieurs, les grands routiers font entre 450 km et 460 km par jour. Leurs homologues sur courte distance parcourent en moyenne 300 km. La différence de 150 km environ entre les deux catégories est stable depuis 2016.
Manutention et temps d’attente. Les autres temps relevés apportent également des arguments aux transporteurs, à l’heure du débat sur l’intervention de leurs conducteurs pendant les opérations de chargement et de déchargement. Ils sont principalement composés de ces manutentions (ils intègrent aussi l’entretien, les formalités administratives, etc.).
En 2022, les temps d'attente se sont élevés à 17h09 par semaine pour les chauffeurs courte distance et à 11h56 pour les grands routiers. Pour les premiers, ils représentent 39 % de leur temps de service et ont augmenté de deux points depuis 2017 (plus de 18 minutes rien qu’en 2022 !). Chez les grands routiers, ces autres temps sont stables et représentent un quart de leur durée de service hebdomadaire ces dernières années.
Curieusement, les temps d’attente sont équivalents et sans variations majeures ces sept dernières années, autour d’une trentaine de minutes. Calculés entre deux opérations de chargement/déchargement, ils étaient en 2022 de 35 minutes pour les grands routiers et de 25 minutes pour les conducteurs courte distance.
Une quasi-parité se retrouve aussi sur les temps de pause et de repos mensuels. Pour les deux catégories de chauffeurs, ils s’élèvent entre 17 jours et 18 jours par mois selon les années.
Parmi les autres enseignements extraits des études sur les temps de service hebdomadaires des conducteurs routiers français, travailler le samedi représente 2,8 % des durées pour tous les salariés.
En revanche, 1,6 % des grands routiers travaillent le dimanche contre 0,8 % pour leurs confrères courte distance. Sur les tranches horaires nocturnes, les premiers sont plus souvent en action entre 21 heures et 0 heure, tandis que les conducteurs courte distance apparaissent davantage sur la tranche de 0 heure à 6 heures du matin.
Cet article est paru dans le France Routes n°502 de janvier 2024. Pour vous procurer le magazine dans la boutique en ligne, cliquez sur ce lien.
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