Après plusieurs jours de mobilisation, les agriculteurs poursuivent les blocages d'axes routiers. A l'Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE), êtes-vous plutôt solidaires ou embêtés ?
Les deux, car nous pouvons comprendre le fond des revendications portées par le monde agricole. Ces revendications font écho à des sujets qui nous concernent, comme la fin de l'aide sur le gasoil non routier (GNR). Globalement, nous avons les mêmes difficultés, à savoir des rapports déséquilibrés avec les donneurs d'ordre.
Pour autant sur la forme, nous ne nous inscrivons pas dans cette logique de revendication dans la rue, mais plutôt dans un travail de fond avec les ministères concernés.
Ce mouvement a-t-il des conséquences sur l'activité des transporteurs ?
Ce qui est très inquiétant, c'est ce que nous font savoir les entreprises adhérentes : elles sont très fragilisées les crises précédentes et une année 2023 qui a vu le volume d'activité se réduire. Dans ce contexte, se retrouver avec des véhicules bloqués a des incidences économiques.
Le message que nous faisons passer dans les régions, c'est d'apporter rapidement des réponses au monde agricole pour que tout ça cesse.
Sur les barrages, des camions ont été vidés de leurs marchandises. Qu'en pensez-vous ?
C'est inadmissible. Nous ne pouvons pas avoir aujourd'hui des conducteurs qui sont mis sous pression par les manifestants, notamment pour que soit vérifié le contenu des camions.
La semaine dernière, plusieurs barrages ont eu vocation à être filtrants, sauf pour les transporteurs routiers. Cela signifie que le transporteur routier a été ciblé. Cela aboutit au blocage des entreprises, ce qui peut les mettre en péril.
Quelles consignes les entreprises donnent aux conducteurs face à cette situation ?
La priorité des priorités, c'est l'intégrité des conducteurs. Des itinéraires de contournement ont été mis en place par les préfets. Cela implique que nous puissions utiliser des réseaux qui soient adaptés à la circulation de nos véhicules. Il n'est pas question de faire circuler les conducteurs sur des routes qui représenteraient un caractère de dangerosité.
Et en cas de face-à-face entre agriculteurs et routiers ?
Les entreprises ne vont pas demander aux conducteurs de s'opposer, au risque d'être blessés, sous prétexte qu'il faille protéger la marchandise. Ce n'est pas notre rôle, c'est celle des forces de l'ordre.