« Nous vendrons entre 2 000 et 3 000 camions électriques en 2025 »

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En 2030, si la moitié des camions fonctionneront à l'électricité, la plupart des conducteurs seront habitués à faire ce geste de brancher la prise.

Crédit photo Renault Trucks
La Chambre syndicale des importateurs de véhicules industriels (CSIAM) a fait un point sur le marché français, le 10 septembre à Paris. Dans l’objectif de la décarbonation du transport de fret, elle se félicite de l’amorçage des ventes de camions électriques de plus de 6 t.

Qu'est-ce que la CSIAM ? La CSIAM réunit les importateurs de véhicules industriels, c'est-à-dire la plupart des constructeurs qui commercialisent les huit grandes marques de camions sur le sol français.

Elle a présenté une situation intermédiaire du marché 2024 du véhicule utilitaire (VU), du camion de plus de 6 t et de l’autocar autobus, le 10 septembre à Paris.

Comment se portent les ventes de camions ? Oui, concentrons-nous sur les immatriculations de camions neufs de plus de 6 t en France : elles seront inférieures en 2024 à ce qu'elles furent en 2023, de l’ordre de 4,5 %, et si l’on dépasse 40 000 PL immatriculés, ce sera un bon résultat. Les importateurs ne s’en alarment pas, car le résultat de 48 000 PL immatriculés en France en 2023 était exceptionnel.

Et les ventes de camions zéro émissions ? Ils sont plus attentifs aux ventes de camions électriques. Car, comme le rappelait Jean-Yves Kerbrat, DG de MAN Truck & Bus France, « en 2030 plus d’un camion vendu sur deux fonctionnera à l'électricité ».

Cet objectif découle d'une contrainte imposée par Bruxelles : les importateurs qui ne respecteraient pas le seuil de baisse des émissions de CO2 des camions qu’ils vendent se verraient lestés d’une lourde amende.

Si l’on se borne aux chiffres bruts, il y a de quoi avoir peur pour eux : les ventes de camions électriques ne décollent pas des 1 % des ventes totales. Pourtant, les importateurs se montrent confiants. Car les aides publiques à l’acquisition de camions zéro émissions contribuent à l’amorçage de ce marché émergent.

La part de l'électrique dans les énergies utilisées par les camions pour fonctionner est encore faible en France. Elle décroit même, car en début d'année 2024, on a longtemps attendu le déclenchement du dispositif d'aides publiques.
Crédit photo : CSIAM

Combien de camions ont été achetés grâce à des aides publiques ? Les importateurs ont évalué que l’appel à projet (AAP) lancé par l'Ademe en 2023 (60 M€ d’aides publiques) a abouti à financer l'acquisition de 914 camions électriques, dont 493 porteurs et 369 tracteurs.

Cela devrait se traduire dans les immatriculations à partir du second semestre 2024, voire du premier de 2025. « Les projets d’acquisition de camions électriques sont plus longs à mener que ceux de véhicules gasoil classiques, souligne Jean-Yves Kerbrat. Il faut notamment intégrer l’investissement dans la station de recharge ».

Selon la CSIAM, le chiffre d'immatriculations de camions électriques de plus de 6 t augmente de 263 à 316 entre les 8 premiers mois de 2023 et ceux de 2024. Les tracteurs apparaissent dans le marché.
Crédit photo : CSIAM

Les aides publiques se sont-elles poursuivies en 2024 ? En 2024, le résultat du premier volet de l’AAP véhicule lourd électrique visant les PME a grandement satisfait les constructeurs, avec l’achat programmé de 248 camions à la fin août. Il se traduira dans les résultats d’immatriculations de véhicules neufs en 2025.

Un second volet de l’AAP est prévu, qui s’achèvera en octobre. Au total, 130 M€ auront été distribués aux entreprises de transport en 2024. Les ventes de camions électriques devraient donc s’envoler en 2025, voire 2026. « On s'attend à ce que les transporteurs lauréats de ces aides acquièrent entre 2 000 et 3 000 véhicules », évalue Jean-Yves Kerbrat.

En France, le développement des camions électriques est encore conditionné aux aides publiques à leur acquisition, mais aussi à celui des stations de recharge, qui sont actuellement trop peu nombreuses sur le territoire.
Crédit photo : Milence

Y aura-t-il d'autres aides jusqu'en 2030 ? La CSIAM ne s’y trompe pas, qui demande déjà « une nécessaire enveloppe pluri annuelle d’aides simples d’accès en faveur de l’électrification des PL », explique Athina Argyriou, sa présidente. Que l’effort public se poursuive au moins pendant trois ans.

« Si on stoppe brutalement les aides publiques, le marché risque de chuter, estime Ulrich Loebich, président de Daimler Truck France. Ce fut le cas en Allemagne ». Même si d’autres leviers peuvent être actionnés pour réduire l’écart de coût de possession d’un camion entre gasoil et électrique. « En Allemagne, le prix du péage autoroutier est réduit pour les camions zéro émissions, ce qui a contribué à voir les ventes augmenter à nouveau », constate Ulrich Loebich.


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