C’est une grande page de l’histoire aéronautique nazairienne qui s’est tournée le vendredi 5 juin 2020 en début d’après-midi. C’est en effet ce jour-là qu’est intervenue la toute dernière expédition des éléments de fuselage de l’avion géant Airbus A380, produits depuis l’usine Airbus de Gron.
Près de trois semaines de voyage
Portant le numéro de construction 272, la pointe avant du dernier appareil construit pour les besoins de la compagnie aérienne Emirates a quitté la première l’usine pour un court périple de deux kilomètres environ. Celui l’amenant sur les quais du port de Nantes-Saint-Nazaire pour embarquement à bord du navire spécialisé Ville de Bordeaux. Ce premier élément a été rejoint trente minutes plus tard par le tronçon central du fuselage. Tarant environ 124 tonnes en incluant l’ensemble routier, ce dernier comportait un message d’adieu de la part des compagnons ayant participé à son assemblage. Les deux éléments ont ensuite quitté l’embouchure de la Loire le lundi 8 juin à destination de Pauillac (Gironde).
Débarqués le même jour, les tronçons ont ensuite rejoint le hall d’assemblage de Toulouse par voie fluviale (jusqu’à Langon grâce à la barge Breuil), puis par la route. Attendus sur place le 18 juin au matin, ces éléments de fuselage seront intégrés dans l’assemblage du tout dernier A380 qui quittera la chaîne d’assemblage courant 2021. Ce sera alors le 251e et dernier exemplaire livré à une compagnie aérienne.
Ce dernier départ s’est fait dans la discrétion la plus totale. La cérémonie prévue à cette occasion par Airbus a été annulée pour cause de crise sanitaire.
Seize ans d’une chaîne logistique hors dimensions
Plutôt que d’emprunter majoritairement la voie des airs comme pour les autres familles d’appareils du constructeur européen, les différents éléments de l’Airbus A380 – dont neuf exemplaires restaient à livrer au 31 mai 2020 – étaient acheminés par voie routière, maritime et fluviale.
Pour Saint-Nazaire, la première expédition avait eu lieu le 29 mars 2004. C’était déjà le même bateau qui avait assuré cette première rotation d’une dizaine d’heures environ. Le rythme d’expédition était en moyenne d’un avion toutes les semaines. Mais cette cadence aurait dû être tout autre puisqu’il avait été prévu d’atteindre la cadence de quatre avions par mois en rythme de croisière. Finalement, les plus fortes cadences de production ont été atteintes en 2012 et 2014, années au cours desquelles les livraisons ont porté sur trente appareils par an. Il semblerait désormais que l’avenir soit aux biréacteurs géants, dont l’A350 est le dernier représentant en date au sein de la famille Airbus.