L’horizon s’éclaircit pour le projet Porthos, porté par le port de Rotterdam et deux entreprises publiques néerlandaises du gaz : Energie Beheer Nederland, qui le produit et le commercialise, et Gasunie, qui en exploite le réseau de transport et distribution. Le 16 août, le Conseil d’État des Pays-Bas a en effet approuvé le dispositif de transport de CO2 vers un ancien site d’exploitation gazier en mer du Nord pour l’enfouir sous le plancher océanique, à 3 000 m de profondeur.
Le CO2 en question, soit 37 Mt au total, sera capté sur différents sites du port de Rotterdam, notamment auprès d’Exxon, de Shell ou encore d’Air Liquide, grâce à 30 km de pipelines installés au sein du port. Il sera ainsi acheminé vers une station de compression située sur la plaine de la Meuse (Maasvlakte), tout au nord du port de Rotterdam. Là, il sera compressé à 35 bars avant d’être acheminé par pipeline jusqu’au site d’enfouissement sous-marin.
Une zone naturelle à proximité
Lancé il y a deux ans, le projet Porthos avait été contesté par une association environnementale devant la justice administrative en raison des atteintes qu’il porte à une zone maritime sensible classée Natura 2000. La décision du Conseil d’État néerlandais clôt désormais cette procédure et permet de relancer le projet.
"Le Conseil d’État a conclu aujourd'hui que l’étude écologique montrait que les dépôts d'azote de Porthos n’avaient pas d’impact significatif sur les espaces naturels proches. La décision finale d'investissement est actuellement en cours de préparation par Porthos. L’objectif est de démarrer la construction début 2024", indique dans un communiqué l’autorité portuaire de Rotterdam.
Elle estime que "le stockage du CO2 dans des champs de gaz vides sous les fonds marins de la mer du Nord permettra de maintenir de grandes quantités de CO2 hors de l’atmosphère à un coût relativement faible. Grâce à Porthos, chaque année, 2,5 Mt de CO2 seront captées et stockées de façon permanente. Cela fait du stockage du CO2 une mesure essentielle permettant à l’industrie de contribuer aux objectifs climatiques des Pays-Bas".
De nombreux projets en mer du Nord
C’est à partir de 2026 que le stockage de CO2 pourra commencer pour le projet Porthos. Les opérations continueront ensuite pendant quinze ans. Le champ gazier utilisé pour ce stockage, situé à environ 22 km au large du port de Rotterdam, a été exploité pendant trois décennies pour en extraire 18 Gm³ de gaz.
Cet ancien site gazier n’est pas le seul pour lequel l’État néerlandais a des projets d’enfouissement de CO2. Afin de mutualiser les moyens terrestres de collecte, de transport et de compression du CO2, Porthos s’accompagne des projets Aramis et Athos, qui visent aussi à utiliser d’anciens champs gaziers pour soustraire du CO2 industriel à l’atmosphère.
Le transport par navire de CO2 liquéfié jusqu’au port de Rotterdam
Le projet Aramis, dans lequel Total est impliqué, comprend le transport par navire de CO2 liquéfié jusqu’au port de Rotterdam. La capacité d’enfouissement pourra atteindre 8 Mt par an.
D’autres projets de plus grande taille existent en mer du Nord, où l’extraction d’hydrocarbures a laissé de nombreux sites propices au stockage de CO2. On peut ainsi citer le projet danois Greensand, qui débutera en 2025 et pourra stocker jusqu’à 13 Mt par an, ou encore le projet norvégien NorthernLights, où l’enfouissement du CO2 doit commencer dès l’an prochain.