Ce lundi 4 novembre, deux textes attendus ont été présentés par le gouvernement, avec plus d’un an de retard : la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE, 2025-2030 et 2031-2035) et la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) à l’horizon 2030. Six semaines de concertation ont été lancées sur ces deux textes sous forme d’une « plateforme en ligne, ouverte à tous. En parallèle, des événements dédiés auront lieu ». À l’issue de cette concertation, le gouvernement analysera l’avis « des citoyens, des acteurs institutionnels et des entreprises, et en publiera une synthèse. » Le PPE et la SNBC constituent, avec le Plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc), présenté fin octobre, la stratégie française pour l’énergie et le climat (Sfec). L’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre a été relevé de -40% à -50% d’ici 2030 (par rapport à 1990 et à la précédente SNBC), un chiffre néanmoins en deçà de l’objectif de l’UE de -55%.
Concernant les transports, une annexe à la PPE (stratégie de développement des mobilités propres) d’une centaine de pages y est consacré.
-31% des émissions de CO2 d’ici 2030 pour le transport
Le TRM demeure une composante majeure des émissions de CO2 avec une part de 24% incombant aux poids lourds et 16% aux VUL. Pour atteindre les objectifs de réduction d’émissions, le TRM devra viser une quantité d’émissions de 90Mt CO2e en 2030, soit une baisse de 31% des émissions par rapport à 2022. « Les projections de consommation énergétique pour le secteur des transports conduisent à une réduction de la consommation énergétique de 501 TWh en 2019 à 396 TWh à l’horizon 2030. En termes de GES, les émissions baissent de 134,1 MtCO2e en 2019 et 131,2 MtCO2e en 2022 à 90MtCO2 en 2030 ».
Le rapport note que l’électrification des flottes constitue le principal vecteur de décarbonation du transport routier de fret et que les biocarburants sont un levier supplémentaire, utilisés de façon croissante. « Lhydrogène ne jouera un rôle éventuel qu’à plus long terme, pour des usages très spécifiques non électrifiables ».
Une « maîtrise de la demande de transport »
Parmi les axes stratégiques et leviers de réduction des émissions concernant le TRM, la SDMP liste la maîtrise de la demande de transport : « Pour le TRM, la demande est intrinsèquement liée à la production industrielle, à la consommation ainsi qu’à l’évolution de l’économie. En particulier, la réindustrialisation et la décarbonation de l’industrie vont profondément modifier un certain nombre de flux, ce qui impactera largement le transport de marchandises. » Pour tendre vers cette « sobriété », le gouvernement identifie la réorganisation de la production industrielle et l’optimisation de la localisation des activités économiques et des entrepôts logistiques.
Le rapport reprend également un objectif déjà évoqué par le ministre des Transports : le renforcement du report modal vers le train, le fluvial ou la cyclologistique. Un point qui peut surprendre, après l’information sur l’abandon du plan vélo révélée par Mediapart, alors que celui-ci soutenait notamment le développement de la cyclo-logistique et le soutien à la structuration de la filière.
Autres pistes évoquées : la promotion et le renforcement de la massification des marchandises (acceptation de contre-flux par les donneurs d’ordre, recours à des logiciels, mutualisation du transport de marchandises entre entreprises, travail sur les emballages pour réduire le volume à transporter). Parmi les leviers économiques mobilisables abordés par la SDMP, il est entre autres indiqué la systématisation de l’inclusion dans le péage autoroutier d’une modulation de tarif selon la motorisation, le soutien au rétrofit électrique, la poursuite des expérimentations sur la recharge dynamique des PL (autoroutes électriques). Le rapport note également que les « modalités de maintien d’un dispositif financier d’accompagnement à l’acquisition [de poids lourds électriques] pour les années suivantes font l’objet de travaux interministériels qui devraient aboutir en 2025. » Un point qui pourrait rassurer les fédérations de transport, inquiète que ces dispositifs ne passent à la trappe avec le rabot d’un tiers du budget de l’Ademe.