Le 21 novembre, un consortium d’entreprises piloté par TotalEnergies, Enedis et Vinci Autoroutes a organisé un atelier relatif à la mobilité lourde électrique. En collaboration avec cinq constructeurs (Daimler Truck, Iveco, MAN, Renault Trucks et Scania), ces travaux visent à évaluer les besoins de recharge en itinérance pour un poids lourds électrique, et l’impact sur le réseau et les infrastructures. « Avec l’arrivée des camions électriques à batteries, il y a un vrai sujet de dimensionnement des infrastructures. Il est donc nécessaire de modéliser l’électrification du parc pour estimer les besoins de recharge et évaluer l’impact sur le réseau », indique Stéphane Chambon, directeur des Affaires publiques et des Comptes stratégiques chez TotalEnergies. Dans le cadre de l’étude, deux hypothèses de départ sont émises : d’une part, ne sont considérés que les besoins liés à la recharge en itinérance, d’autre part, on suppose un iso-trafic et iso-usage du camion électrique à l’horizon 2035.
De lourds investissements à prévoir
En superposant le réseau routier national et ses aires d’arrêt, les flux de poids lourds du TRM, les travaux ont pu estimer les besoins de recharge, et en déduire les travaux nécessaires sur les infrastructures. Le tout en prenant en compte les caractéristiques techniques des camions et différents scenarii de pénétration de la technologie électrique dans le transport. « Dans le scenario haut, nous avons estimé que 30 % du parc de poids lourds était passé à l’électrique, dont 12,5 % pour la longue distance en 2035. Nous avons présupposé que 25 % des trajets longue distance dans le TRM étaient réalisés par des camions à batteries », précise Pierre de Firmas, directeur de la mobilité électrique chez Enedis. Avant de poursuivre : « Avec le scenario haut, nous avons évalué que la France nécessitait en matière de recharge en itinérance de 1,1 GW de puissance et d’une demande en énergie de 3,5 TWh. Ce qui représente un besoin de 10 000 points de recharge CCS et 2 200 points de charge MCS sur les aires de service ». Pour parvenir à répondre aux besoins à la fois des véhicules lourds et légers, il faudrait prévoir 620 millions d’euros d’investissement dont 595 M€ sur le réseau de distribution d’ici à 2035 répartis en une soixantaine d’ouvrages structurants.
En conclusion, l’étude menée par le consortium permet de souligner que l’électrification de la mobilité lourde longue distance n’est pas seulement lié à l’adaptation du réseau électrique mais un sujet d’aménagement du territoire (foncier à mettre à disposition). Les travaux visent à sensibiliser et mobiliser l’écosystème sur les aménagements et les investissements à réaliser, en vue d’une planification. En outre, l’étude met en lumière la nécessité de mettra en place des mesures incitatives et un cadre réglementaire, ce qui permettra l’électrification des flottes dans le cadre de la transition énergétique du TRM.