[Série d'été : l'IA] « A La Poste, nous consacrons 500 postes à l’IA »

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Juliette Baudry, responsable de la donnée et de l’IA de cette branche Services-Courrier-Colis à La Poste.

Crédit photo La Poste
[Partie 2/3] Pendant ces trois prochains jours, L'Officiel des Trasporteurs se plonge dans les méandres de l'IA et envisage comment elle pourrait faire évoluer le transport. Forte de 500 spécialistes de la donnée et de l’IA, la branche Services-Courrier-Colis de La Poste mise sur l’IA pour traiter 6 milliards de lettres et 500 millions de colis. Au programme : prévision des flux, jumeaux numériques pour simuler l’impact des évolutions sur le réseau, réduction des émissions de CO2, IA de confiance et IA générative. L'Officiel des Transporteurs a échangé avec Juliette Baudry, responsable de la donnée et de l’IA de cette branche Services-Courrier-Colis.  

Quel est votre principal enjeu en matière d’IA ?

Juliette Baudry : Black Friday, fêtes de fin d’année, fête des Mères… l’un de nos plus grands enjeux, c’est la saisonnalité de la demande. Nos flux entrants atteignent jusqu’à un million de colis en une seule journée dans les dépôts de nos clients ! À cela s’ajoute la sensibilité aux risques : climat, travaux, accidents, grèves, blocages des agriculteurs ou des taxis… Autour de trois axes stratégiques d’amélioration (satisfaction client, processus métiers, conditions de travail), nous déployons l’IA sur l’ensemble de nos activités. À commencer par la prévision des flux, développée en interne sur la base de nos historiques à partir d’algorithmes de séries temporelles (un dérivé du Machine Learning) que nous avons déployés depuis 2021.

Quel en est l’impact ?

J. B. : Sur une échelle d’une semaine à un an, nous mettons régulièrement ces informations à la disposition de nos plateformes industrielles de tri de lettres et colis ainsi qu’à nos sites de distribution qui vont alors planifier plus facilement leur charge de travail, ajuster leurs équipes, leurs moyens de transport et l’organisation des chantiers de tri.

Comment organisez-vous les compétences en IA ?

J. B. : Nous employons 500 experts de la donnée et l’IA dans le groupe, notamment dans nos filiales spécialisées dans l’IA comme Openvalue et Probayes. Pour répondre à nos besoins croissants en ce domaine, nous avons lancé en 2022 l’École de la data et de l’IA, une formation qualifiante et reconnue qui s’adresse aux postiers désirant évoluer. La première promotion a formé, sur trois à douze mois, 41 personnes. En parallèle, grâce à un dispositif d’acculturation, nous avons dispensé une formation de deux heures à plus de 25 000 collaborateurs. Objectif : permettre à chacun de s’approprier la data et l’IA afin de remonter du terrain des cas d’usage pertinents à développer.

En quoi l’IA vous a-t-elle aidé à progresser ?

J. B. : La Poste traite six milliards de lettres et 500 millions de colis avec 470 partenaires de transport, 43 grandes plateformes de tri, 2 200 sites de distribution, 37 500 véhicules électriques et 65 000 facteurs. Par conséquent, notre réseau évolue en maintenance. D’où l’intérêt des jumeaux numériques que nous avons élaborés afin de simuler l’impact de l’évolution des flux. D’autant que, depuis deux ans, nous distribuons désormais 30 % des colis à J + 1 au lieu de J + 2, tout en diminuant de 19 % le nombre de kilomètres parcourus.

Vous disposez d’un « calculateur carbone » pour les entreprises clientes. De quoi s’agit-il ?

J. B. : Depuis dix ans, La Poste propose CO2 Colis, une application qui estime l’impact carbone des colis déposés par nos clients. Opérationnelle depuis septembre 2023, la nouvelle version intègre un algorithme d’apprentissage machine (Machine Learning) qui personnalise le calcul du CO2 en fonction des caractéristiques des colis déposés. CO2 Colis est disponible auprès de 120 000 entreprises clientes pour un total de 420 millions de colis.

Avez-vous une approche d’IA de confiance ?

J. B. : Oui. La confiance est pour nous une valeur cardinale. Dès 2016, le groupe a mis en place une charte data. Nous sommes allés plus loin en 2023 en posant les principes d’une IA de confiance dans une charte spécifique. Un comité d’experts internes et externes (Hub France IA, Inria) vérifie que tous les projets d’IA que nous développons respectent les engagements de cette charte. Cette approche concrète et opérationnelle de l’IA confiance s’applique également à nos fournisseurs.

Recourez-vous à des IA génératives ?

J. B. : Pour l’heure, nous n’en sommes qu’au stade de projet. L’idée consiste à simplifier le travail, notamment celui des codeurs, des nouveaux collaborateurs ou de ceux qui changent de fonction. L’apport de l’IA générative consistera alors à leur donner un accès plus simple à notre documentation qui est très riche. Il s’agit de retrouver la bonne information dans un océan de documentations.

 

A suivre :

2 août : "Augmenter la productivité : l'IA vient appuyer les robots autonomes".

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