Le contexte pandémique a souligné plus que jamais l’importance de la maîtrise de la chaîne du froid et de la logistique liée à la distribution des produits de santé qui est de plus en plus confiée à des transporteurs dédiés et spécialisés. Au-delà de ce phénomène conjoncturel, le secteur se réorganise depuis plusieurs années déjà, dans un environnement marqué par un durcissement réglementaire. Malgré ce contexte, le secteur est au beau fixe.
Des acteurs optimistes
Parmi les acteurs qui se partagent ce marché figure Eurotranspharma (groupe Walden), dont le siège est à Clermont-Ferrand (1 000 salariés en France, 15 hubs et 42 agences dans huit pays). Interrogé sur l’évolution des activités, son CEO, Benoît Latteur, fait état d’un succès commercial. « Notre volume d’affaires était de 158 millions d’euros en 2021 pour s’établir à près de 200 millions d’euros (+ 26 %) pour l’exercice suivant et nous tablons sur un prévisionnel de 220 millions d’euros en 2023. En France, le chiffre d’affaires est passé de 110 millions d’euros à 136 millions en un an et devrait atteindre 150 M€ cette année. Quant aux bénéfices, ils sont passés de 667 000 € à 3 M€ sur la même période. Les prévisions sont de 4 M€ cette année. En un an, nous enregistrons quinze nouveaux clients. »
Le transporteur a réalisé, en 2021, 60 000 expéditions journalières de produits de santé avec une croissance de 10 % en 2022. Autre acteur majeur pour la santé : les Transports Pihen, aujourd’hui pilotés par la 3e génération, Pascal Pihen. Également président de Certipharm depuis 2021, qui est une référence pour tous ceux qui œuvrent à la qualité des produits de santé, il est à la tête d’un groupe de 120 personnes (250 cartes grises, 53 000 m2 de stockage) qui enregistre une croissance régulière de son chiffre d’affaires. « Nous avons développé depuis près de vingt ans un savoir-faire et une expérience. Particulière- ment dans le transport sécurisé de produits sensibles ou à forte valeur ajoutée et dans le transport frigorifique des produits de santé. Des médicaments à usage humain, y compris les vaccins, des médicaments dérivés du sang, des médicaments à usage vétérinaire, y compris les vaccins, des dispositifs médicaux (au sens de la directive EU 93/42), sous température dirigée (2-8 °C et 15-25 °C) ou des produits cosmétiques sous température ambiante et sous température dirigée (30 % du chiffre d’affaires en 2022). Nous transportons en France et dans les pays limitrophes (notamment Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Espagne), tout type de fret sur palettes », explique le transporteur qui peut se flatter d’une croissance régulière de son chiffre d’affaires.
« Pendant la crise sanitaire, les industriels de la pharma manquaient de camions pour transporter les produits de santé sous température dirigée. Nous avons donc été davantage sollicités. Depuis, nous enregistrons une progression annuelle de notre chiffre d’affaires de 5 à 7 %. Aujourd’hui, le transport de produits de santé pèse 30 % de notre chiffre d’affaires (15 M€ en 2022) », prolonge Pascal Pihen qui va injecter près d’un million d’euros dans la création d’une cellule froid de 3 000 m2 pour stocker des produits sous température dirigée. Un projet qui verra le jour au cours du premier semestre 2023.
Heppner témoigne également d’une croissance continue chaque année. C’est à l’occasion du rapprochement avec XP France en 2004, et du lancement en 2021 d’une nouvelle solution de transport dédiée aux acteurs des industries de la santé et de la beauté, que le groupe de transport et logistique, certifié Certipharm depuis 2012 et ISO 9001, a lui renforcé sa position sur le marché de la santé qui pèse aujourd’hui plus de 15 % de son chiffre d’affaires (dont 20 % à l’export). D’après le directeur de la Marketline Health & Beauty, le groupe alsacien revendique sur ce créneau plus de 200 clients (pharmaciens, grossistes répartiteurs, hôpitaux, professionnels de santé…). « Sous l’effet de la crise sanitaire et des multiples confinements, les ventes du Smecta ont chuté quand les produits dermocosmétique (soin, hygiène) se sont plutôt bien vendus. Depuis, nos volumes connaissent une véritable croissance (environ 10 % par an) portée par la santé familiale et la beauté. Ceux des médicaments connaissent une croissance plus lente alors qu’ils baissent pour les produits de spécialité. Les produits de para-pharmacie représentent, quant à eux, les plus gros volumes », détaille Michaël Motte qui cible un objectif de croissance compris entre 5 et 10 %. Heppner envisage de développer l’offre sur la santé, notamment à l’international en s’appuyant sur ses filiales en Allemagne, Benelux et Espagne, entre autres.
Les signaux sont également au vert chez les Transports Chabas (84) qui se sont diversifiés dans la santé il y a 7 ans avant de créer une filiale dédiée en 2017 (six agences, une soixantaine de collaborateurs et une trentaine de poids lourds, véhicules légers et semi-remorques). « Nous travaillons sur toutes les plages de températures en ambiant (le plus gros des volumes), en 2-8 °C, 15-25 °C (2e gros volume) et - 20 °C, pour une quarantaine de clients. Six d’entre eux représentent 80 % du chiffre d’affaires (20 M€ en 2022 contre 15 M€ en 2021). Impacté par la crise sanitaire (-40 % des volumes), nous avons pu pallier cette baisse avec la distribution de vaccins. Depuis un an et demi, les volumes ont retrouvé leur niveau d’avant-crise », explique Virgyl Bergiel, directeur de Chabas Santé. Son axe de développement ? La plage de températures en 2-8 °C.
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