La surcharge technologique peut être créatrice de stress, comme le confirme Olivier Torrès, président-fondateur d’Amarok, une association à vocation scientifique, qui parle de « techno stress ». Thibaud Dumas, directeur scientifique au sein de l’agence Into the Tribe (encadré), embraye : « Nous voyons des corrélations entre le temps passé sur les outils numériques (Internet, réseaux sociaux) et l’augmentation de l’anxiété, du stress, du sentiment de solitude et une baisse de l’estime de soi. » Autre effet négatif selon lui : la concentration. « La possibilité de notre durée d’attention a diminué, passant de deux minutes trente en 2004 à quarante-cinq secondes aujourd’hui. Par ailleurs, il nous faut en moyenne vingt minutes pour retrouver une concentration entière et de qualité après avoir été interrompu dans notre travail, par des notifications par exemple. »
Manque de sommeil
Cette hyperconnexion est d’autant plus problématique que les chefs d’entreprise seraient particulièrement exposés au manque de sommeil. « Beaucoup de dirigeants de PME sont adeptes du “dormir moins pour travailler plus”. Or, le sommeil est un capital précieux », indique Olivier Torrès, qui cite la thèse de Florence Guilliani sur l’impact du sommeil sur l’efficacité entrepreneuriale : « Plus un dirigeant réduit sa quantité de sommeil, plus il est irritable, moins il est créatif et apte à saisir des opportunités et moins bonne est sa vigilance entrepreneuriale. » À la longue, cette dette de sommeil amplifie aussi le risque de burn-out. La règle à appliquer : « Dormir plus pour entreprendre mieux. ».
Risques sur le plan moral
Outre ces conséquences physiques, des risques sur le plan moral sont également observés. D’après le directeur du Credir, la surcharge informationnelle se traduit souvent par une fatigue cognitive qui, elle-même, aboutit à des problèmes de mémoire, mais aussi à une baisse des liens sociaux. Puisqu’ils travaillent sans cesse, le soir, les week-ends, pendant les vacances, les dirigeants sont confrontés à des problèmes relationnels avec leur entourage.
« Pour déconnecter, il faut tout d’abord en avoir l’envie », note Frédérique Renard. Il faut aussi avoir conscience de son hyperconnexion. C’est pourquoi cette dernière propose notamment aux dirigeants de PME un programme d’accompagnement qui se décline sous forme de conférences, formations et ateliers qui mixent les neurosciences et la théorie scientifique de la salutogénèse (science qui étudie la santé). « Un dirigeant doit s’interroger sur ses horaires de connexion, le temps qu’il passe sur Internet, pourquoi il le fait et en quoi sa connexion est utile et efficace. »