Plus de 600 entreprises de transport routier au tapis, un ralentissement de l’activité et une hausse des coûts d’exploitation de 5,5%... 2024 laisse un goût amer aux transporteurs routiers qui sont 51% à qualifier l’année de récession. « Ils sont moins pessimistes pour 2025 et prévoient une stagnation de leur activité et sont seulement 32% à envisager une croissance du chiffre d’affaires. Le contexte est défavorable aux transporteurs. Il n’y a pas de prévision de recrutement en 2025, simplement une adaptation de l’activité pour s’aligner à la baisse des volumes », analyse Mathilde Vassas, senior manager chez PWC qui présentait en avant-première, les 16 et 17 octobre, sur le salon Top Transport Marseille, les résultats d’une enquête de conjoncture conduite ces dernières semaines.
De nombreuses hausses selon le CNR
Dans ce contexte, les professionnels souhaitent répercuter une hausse de 3,5% sur leur clients l’an prochain. Pas suffisant pour couvrir la hausse des coûts fixes ce qui, mécaniquement, va se traduire une nouvelle fois par une dégradation de la rentabilité. « Toutes les spécialités sont touchées y compris dans le transport alimentaire, en recul depuis un an. Même le transport frigorifique a connu une baisse, ce qui n’arrive jamais. Les Français ont réduit leur consommation alimentaire et cette situation va se prolonger », a commenté Alexis Giret, directeur du Comité National Routier. En données corrigées des variations saisonnières, l’activité a baissé de 2,2% en 2023 et de -2,7% au premier trimestre 2024. « L’activité joue au yoyo y compris sur un mois ce qui rend complexe la gestion pour les transporteurs », détaille Alexis Giret. Le CNR relève des hausses tous azimuts : + 5,5% pour les coûts de revient des véhicules hors carburant, + 5,2% pour les coûts d’entretien et de réparation, +9% prix d‘achat des véhicules en septembre 2024.
S’agissant des salaires, les minima conventionnels ont été revalorisés de 5,4% en décembre 2023 induisant une hausse de plus de 7% des salaires et des charges. Assurance et infrastructures routières ont augmenté de 3,2 et 3,5% respectivement en 2024. Ces 12 derniers mois, le coût du gazole s’est résorbé, mais il reste supérieur au niveau connu avant la crise de 2022. Pour l’instant, le ralentissement marqué de l’inflation —revenue à + 1,2 % à la fin du 3ème trimestre 2024— ne provoque pas d’accélération de la demande.
Face à une conjoncture dégradée, les transporteurs misent sur le développement du volume d’activité en mettant en avant la qualité de service et en multipliant les offres décarbonées (B100, HVO/ XTL, électrique).