À 9 mois du début des Jeux olympiques, l’inquiétude des acteurs du transport et de la logistique en Ile-de-France croît face au manque d’information concernant l’organisation de la supply chain pendant la période de l’événement. Pourtant, la logistique urbaine bénéficie désormais d’une meilleure prise en considération. Au cours de l’assemblée générale du Groupement des activités de transport et de manutention de la Région Île-de-France (Gatmarif), son président, Jean-Pierre Gaumet a ainsi souligné que la charte de la logistique urbaine, signée en 2014, a permis une meilleure reconnaissance du secteur par les collectivités locales. Par ailleurs, l’observatoire de la logistique, toujours prévu, devrait encore améliorer cette visibilité. « Un observatoire, avec des représentants neutres, représente un avantage certain, précise Jean-Pierre Gaumet. Il est regardé par les politiques et, par exemple, quand on parle de multimodalité, il permettra de voir les impossibilités lorsqu'il n'y a pas d'investissement. » La mairie de Paris s’est par ailleurs engagée à augmenter les aires de livraison, qui devraient passer de 9400 à 10300 places. Autre avancée notée au cours de cette AG : l’abandon du projet d’écotaxe régionale après des actions communes menées avec les fédérations, même si la vigilance sur ce dossier reste de mise. Enfin, l’interdiction des véhicules Crit’Air 3 dans la ZFE-m du Grand Paris, prévue initialement en juillet 2022 puis repoussée en juillet 2023, a été de nouveau reportée au 1er janvier 2025. Ce serait aussi le cas pour le projet de Zone à trafic limité (ZTL) à Paris, prévu un temps pour 2024 et qui semble aller vers un report pour 2025. L’urgence semble en effet se focaliser sur l’organisation des Jeux Olympiques. Mais, pour le moment, les représentants du Gatmarif ne peuvent que déplorer l’absence d’information des collectivités locales pour pouvoir se préparer.
Toujours le flou concernant les JOP
Outre les 185 km de voies réservées, quelque 300 « portions sanctuarisées » ou encore 25 sites dédiés, dont 13 dans Paris, devraient fortement impacter la circulation dans la capitale entre le 1er juillet et le 15 septembre 2024. Autant de perspectives qui inquiètent les acteurs de la logistique urbaine. Malgré de multiples réunions, le flou subsiste sur les modalités de livraisons : est-ce qu’il y aura des autorisations temporaires pour livrer dans les zones sanctuarisées ? Des livraisons de nuit ? Une mutualisation des livraisons pourra-t-elle être mise en place ? Ou, à l’instar des chantiers qui seront arrêtés pendant la période, certaines activités non urgentes devront-elles être reportées ? Les entreprises, bien qu’habituées à s’adapter, ont besoin de ces informations. L’enjeu sécuritaire semble freiner les autorités.
Mais le constat est à l’urgence. « Si on ne prépare pas, il y a un réel risque de thrombose. Et les prémices se font sentir… s’alarme Jean-Pierre Gaumet, précisant toutefois que, « si tout le monde s’y met, on peut y arriver ».
Les restrictions de circulation entraînent une autre interrogation. « En Ile-de-France, 80% de l’approvisionnement des plateformes viennent de l’étranger, précise Jean-Pierre Gaumet. Or les voies dédiées incluent toutes les autoroutes qui entrent sur Paris et le périphérique… Il est fort possible que les transporteurs préfèrent ne pas venir face au risque de devoir tourner plusieurs fois avant de pouvoir entrer dans Paris… »
Des déménagements pendant les JO ?
Le secteur du déménagement, en attente d’une décision du tribunal sur le recours contre les redevances de stationnement à Paris, redoute elle-aussi fortement la période. « Dans le déménagement, l’été est la pleine saison, a rappelé Laurence Lechaptois, déléguée générale de la Chambre syndicale du déménagement, au cours de l’AG du Gatmarif. Le déménagement ne peut pas se faire de nuit et, en cas d’arrêt d’activité, il y a un réel risque que certaines entreprises ne s’en remettent pas... Mais, à partir du moment où on sait, on peut au moins se préparer. »
