En septembre, le nombre de camions ayant circulé sur les autoroutes allemandes a de nouveau baissé, reflet d’une conjoncture morose, alors que cette année encore, la République Fédérale traversera un épisode de récession. Selon des statistiques officielles, le kilométrage des poids-lourds d’au moins quatre essieux ayant borné dans le système de péage, relevé par l’Office fédéral de la logistique et de la mobilité BALM, a baissé en septembre de 0,2% sur un mois et de 1,2% sur un an. « Il y a une évidente corrélation entre l'indice de fréquentation du péage et les indices relatifs à l'activité économique, notamment avec l’indice de production industrielle, explique l'autorité statistique dans un communiqué. Les relevés du péage fournissent une approximation grossière de l'évolution de la production industrielle. » Sur le long terme pourtant, le trafic routier doit fortement augmenter dans le pays, selon des prévisions d’Intraplan, officiellement présentées fin octobre par le ministre des Transports, Volker Wissing.
En 2040, le TRM augmentera de 34%
Selon cette étude, le volume de marchandises transportées doit augmenter d’environ un tiers d’ici 2040, passant de 689 en 2019 à 905 milliards de tonnes-km. Quant au transport routier, il devrait lui aussi connaître une hausse supérieure à la moyenne, +34% avec 669 mds de tonnes-km. En 2040, le transport routier de marchandises devrait représenter 74% du total des marchandises transportées. Une répartition par secteurs révèle une forte hausse des envois postaux (+ 86% d’ici 2040), des marchandises de groupage (+56%), des denrées alimentaires et des boissons (+30%). Le transport de véhicules (+23%), du bois et du papier (+19%) devrait connaître également une hausse, un peu moindre.
Des rénovations des infrastructures
Du fait de forts investissements dans la neutralité climatique, la hausse du trafic routier ne devrait pas se traduire par une hausse des émissions de CO2, selon l’étude. Le ministre mise, tous modes de transports confondus, sur un recul des émissions de 77% par rapport à 1990.
Fait significatif, le trafic ferroviaire devrait connaître d’ici 2040 une hausse supérieure à celle de la route (+35%) et atteindre 188 mds de t-km. « Il s'agit des prévisions les plus complètes sur l'évolution future du trafic en Allemagne depuis plus d'une décennie, souligne Volker Wissing. Elles prennent en compte les derniers développements dans les domaines de la mobilité et de la logistique ainsi que les modifications des conditions générales telles que la croissance démographique, les effets de la transition énergétique et les conséquences de la guerre en Ukraine. »
La hausse prévisible du trafic est un véritable défi pour l’Allemagne, dont les infrastructures sont notoirement vétustes. « Pour éviter une paralysie du trafic à l’avenir, nous devons continuer à investir dans tous les modes de transport, insiste le ministre. Nous avons besoin d’un réseau hautement résistant. Nos routes, ponts, tunnels vieillissants doivent être rénovés de toute urgence. L’extension du réseau ferroviaire doit être poursuivie. Et la construction de nouvelles routes est indispensable. » Ce dernier point est hautement contesté en Allemagne, tant par les Verts associés au gouvernement que par les associations de défense de l’environnement tandis que les fédérations de transporteurs et logisticiens rappellent que les camions doivent faire de considérables détours pour éviter les ponts trop vétustes pour supporter leur poids.