Engager des démarches pour la liaison fluviale à grand gabarit Saône-Rhin

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L’assemblée générale de Saône-Rhin Europe a été l’occasion pour son président Pascal Viret de revenir sur les actualités du fluvial en France et de présenter les actions passées et à venir de l’association, notamment en lien avec le projet de liaison fluviale à grand gabarit entre la Saône et le Rhin supérieur.

L’association Saône-Rhin-Europe a organisé son assemblée générale annuelle mi-octobre 2021 dans les locaux de la CCI du Doubs à Besançon, l’occasion d’aborder les actualités du fluvial en France, les actions menées et celles à venir pour la promotion de la voie d’eau, en général, et du projet de liaison fluviale à grand gabarit entre la Saône et le Rhin supérieur en particulier.

Cette association fédère, en effet, depuis 1997, toutes les parties et acteurs engagés en faveur du projet de liaison fluviale à grand gabarit entre la Saône et le Rhin supérieur et soutient, plus globalement, le développement et la promotion de la voie d’eau auprès des pouvoirs publics, des acteurs économiques, des citoyens.

Elle a, par exemple, participé à la concertation en octobre-novembre 2020 sur le canal du Rhône à Sète.

2020 et 2021 ont été des années avec élections, municipales pour la première, régionales pour la deuxième : comme d’habitude, l’association a écrit aux candidats dans les régions Bourgogne Franche-Comté et Grand Est.

« Après avoir listé les compétences des régions et souligné tous les bénéfices de la voie d’eau, socio-économiques, attractivité territoriale, environnementaux, le courrier leur rappelait la dimension stratégique de la liaison fluviale Saône-Rhin qui figure dans les deux Sraddet adoptés en 2020. En retour, nous n’avons obtenu qu’un entretien et un courrier de réponse », indique Pascal Viret, président de l’association dans son rapport moral.

Constater cette absence quasi totale de réponse n’incite pas le responsable à l’optimisme alors que les élus des différentes collectivités locales et territoriales ont, comme le gouvernement et les services de l’Etat, un rôle décisif à jouer dans le développement des solutions fluviales et ferroviaires et le report modal.

Après Seine-Nord Europe en 2028-2030, Saône-Rhin en 2040

Autre constat, nettement plus positif, « le canal Seine-Nord sera bientôt une réalité », l’arrêté valant autorisation environnementale publié 8 avril 2021 a permis le démarrage du chantier dans le premier secteur.

Ce canal à grand gabarit, chainon majeur de la liaison fluviale européenne Seine-Escaut, étant désormais dans sa phase travaux, l’association et son responsable vont entamer un nouveau travail pour le projet Saône-Rhin.

Dans le prolongement de la concrétisation de Seine-Nord, « des démarches pour la liaison fluviale à grand gabarit Saône-Rhin doivent être officiellement envisagées, sans tarder, dit Pascal Viret. Comme Seine-Nord, cette infrastructure n’est pas une fin en soi, mais elle relève d’une logique évidente : constituer, en France, un réseau moderne maillé et interconnecté avec celui de l’Europe fluviale, condition indispensable à la montée en puissance des trafics fluviaux ».

Pour l’association, dans cette perspective, l’inscription de Saône-Rhin dans les Sraddet de Bourgogne Franche-Comté et du Grand Est a constitué la toute première étape :  celle de l’échelon régional.

« Il nous faut désormais, après avoir ciblé acteurs et instances politiques, nous adresser au gouvernement pour que l’Etat ramène d’abord le projet Saône-Moselle/Saône-Rhin à une échéance proche ». Celle-ci est actuellement prévue en 2050, une échéance que l’association estime trop lointaine et souhaite voir se caler à 2040.

« Dans un second temps, la France devra se tourner vers l’Union européenne pour que le projet soit confirmé et inscrit dans le RTE-T qui sera révisé en 2023. En effet -et  rappelons le- un projet ne peut être inscrit au RTE-T qu’à la demande expresse de l’Etat membre européen concerné ».

Le responsable compte sur le soutien d’autres associations fluviales dans ces démarches, citant notamment le Consortium international des voies navigables et multimodales et Agir pour le fluvial (APLF), « avec lesquelles nous sommes en relation. Pour aboutir, jouons collectif ! ».

La crainte d’un infléchissement des investissements à long terme

Dans son rapport moral, Pascal Viret rappelle que plusieurs programmes de travaux liés à Seine-Nord progressent également dans le Nord de la France et sur le bassin de la Seine : remise en navigation du canal de Condé-Pommerœul, recalibrage de la Lys mitoyenne et de la Deûle, modernisation des écluses de Méricourt et de Coudray-Montceaux.

En 2021, il y a eu la poursuite des procédures pour la mise au gabarit européen de l’Oise (MAGEO) avec l’avis favorable de la commission d’enquête publique en juin pour Bray-Nogent sur la Seine amont, la DUP a reçu un avis favorable en avril.

Le responsable souligne que le plan de relance « offre l’opportunité des 175 M€ d’investissements de son volet fluvial, attribués sur la période 2021/2022. Ajoutés au budget annuel de VNF, le montant total des investissements de 2021 pour la voie d’eau, en forte progression s’élève en effet à 300 M€ » à comparer à 223 M€ en 2020 et 155 M€ en 2019.

Pour Pascal Viret : « Nous ne pouvons que nous en réjouir, mais en même temps, affirmer aussi que le compte n’y est pas. En effet, ces 300 M€ correspondent à peu près aux 307 M€ des besoins d’investissements annuels évalués en 2018 par l’audit Mensia pour l’entretien et la reconstitution de l’état -un rattrapage étant nécessaire- de nos voies navigables. Nous ne pouvons que répéter qu’en y rajoutant 50 M€ pour leur modernisation et 150 M€ en infrastructures nouvelles, 500 M€ au total sont nécessaires chaque année pour mener à bien une politique fluviale ambitieuse, à la hauteur de celles de nos voisins européens.

Malgré une trajectoire d’investissements relativement haute fixée pour les prochaines années, demeure aussi la crainte d’un infléchissement à terme ».

 L’utilité et les usages du petit gabarit

Le président de l’association revient également sur le contrat d’objectif et  de performance (COP)de VNF signé avec l’Etat en avril 2021.

Pour lui : « S’il faut se féliciter des orientations prises et des objectifs fixés, nous devons cependant rester vigilants, écouter les professionnels de la navigation et les plaisanciers, pour ne pas oublier les réalités du terrain.

A quoi bon, en effet, consacrer 40 M€ au déploiement de la fibre optique sur le réseau et gérer les écluses à distance, si des berges s’effondrent, des ouvrages tombent en panne, les sédiments s’accumulent, et que des plantes aquatiques envahissantes perturbent gravement  la navigation ?

De plus, le niveau des investissements passés et même actuels oblige VNF à pratiquer des arbitrages lourds de conséquences. Ainsi le petit gabarit est ouvertement voué au tourisme et à la plaisance uniquement, alors que certains itinéraires recensés possèdent un potentiel évident pour le fret.

Encore plus grave : tout près de nous, le canal du Rhône au Rhin (branche sud) risque fort de perdre toutes ses capacités de navigation, plaisance inclue, et de ne conserver que ses fonctions hydrauliques et de loisirs ».

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