Développer le fluvial et s’inscrire dans Seine Escaut

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La direction territoriale (DT) Nord-Pas-de Calais de Voies navigables de France (VNF) a enregistré des résultats plutôt positifs en 2020, conduit d’importants travaux et projets dans le cadre des investissements en hausse pour l’établissement.

La direction territoriale (DT) Nord-Pas-de Calais de Voies navigables de France (VNF) assure la gestion de 680 km de voies d’eau. Le périmètre de cette DT se situe dans la région Hauts-de-France et les deux départements Nord et Pas-de-Calais. Elle compte 440 agents.

Le total de 680 km se décline en 520 km utiles à la navigation de commerce. Les voies accessibles au transport sont constituées de 236 km de voies à grand gabarit, 66 km de voies à moyen gabarit, 219 km au gabarit Freycinet. Ce réseau comprend 90 écluses, plus de 100 ouvrages de régulation des niveaux d’eau et 2 000 ha de domaine public fluvial. Il traverse de nombreuses villes de la région, est connecté avec les ports de Dunkerque et du Bénélux via l’Escaut et l’axe Deûle-Lys, ce qui le relie au réseau fluvial du Nord de l’Europe. Il le sera encore davantage lors de la mise en service du canal Seine-Nord Europe qui connectera le bassin du Nord-Pas-de-Calais (NPdC) à l’Île-de-France, à la Normandie… élargissant son hinterland. 

Certaines de ses voies, comme les canaux du Nord, de Saint-Quentin, Sambre à Oise se poursuivent sur le territoire de la DT bassin de la Seine de VNF qui gère aussi le réseau de l’ex-Picardie.

En 2020, les résultats pour le transport fluvial de marchandises dans les Hauts-de-France apparaissent positifs (+3 %) avec 1 248 millions de tonnes-kilomètres (t-km). Cette croissance est un point positif malgré la baisse en tonnage (11,5 millions de tonnes, -2 %). Les chiffres sont un peu moins élevés si l’on considère « seulement » le bassin de navigation du Nord-Pas-de-Calais avec 855 millions de t-km (+4,7 %) et 8,9 Mt (-1 %). D’une manière générale, les trafics intérieurs affichent une très nette croissance avec +17 % en tonnes (internes au bassin Hauts-de-France et avec le reste de la France). Les trafics intracommunautaires accusent, quant à eux, un recul de -15 % en tonnes (-19 % pour les exports et -10 % pour les imports). 

La DT rappelle que la situation sur le bassin s’inscrit à l’inverse de la tendance enregistrée au niveau national qui présente une contraction de -10,5 % en volumes (50,9 Mt transportées) et de -11,5 % en t-km (6,6 milliards de t-km). Le NPdC n’a pas à rougir non plus de la comparaison avec les résultats sur les réseaux voisins flamand (69 Mt et -1,65 % 700 000 EVP soit +20,8 %) ou wallon (33,6 Mt soit -14 % et 1 423,5 millions de t-km soit -16 %).

Des opérations majeures 

La filière agricole est la plus importante sur le bassin NPdC avec 373 millions de t-km (+19,7 %) et 3,52 Mt (-4,4 %). Les matériaux de constructions et les minéraux bruts suivent (187,2 million de t-km, -13,8 % et 1,57 Mt, -14,1 %). Puis viennent la métallurgie (1,31 Mt, +2 % 134,4 million t-km, +1,1 %), la chimie (un peu moins d’un million de tonnes, +0,5 % et 69,4 millions de t-km, -4,9 %). La filière énergétique ferme la marche (0,36 t, -9,9 %, 45,7 3 million de t-km, +3,9 %). Les conteneurs, colis lourds et divers sont en bonne santé (45 millions de t-km, +18,6 %, 1,16 Mt, +35,7 %).

En 2020, VNF a investi près de 220 millions d’euros pour entretenir et moderniser ses infrastructures et va consacrer une enveloppe record de près de 300 millions d’euros à l’amélioration de la qualité de service en 2021. Cela est rendu possible grâce à l’augmentation de la dotation consacrée au fluvial dans le budget de l’Etat (via l’Agence de financement des infrastructures de transports de France) et à l’attribution de 175 millions d’euros dans le cadre du plan France Relance pour 2021 et 2022. Les financements de l’Union européenne sont également en croissance soutenue. 

Marie-Céline Masson, directrice territoriale de VNF, précise : « A ce titre, 28,97 millions d’euros ont été investis en 2020 sur le bassin de navigation Nord-Pas-de-Calais et 56,1 millions d’euros le seront en 2021 ». 

Ces hauts niveaux d’investissements ont permis la poursuite et l’engagement d’opérations majeures sur le bassin en 2020. Celles-ci visent à favoriser le développement de la logistique fluviale et s’inscrivent dans la liaison européenne Seine Escaut. Il s’agit notamment de la remise en navigation du canal de Condé-Pommerœul (68 M€) avec le début du dragage, du recalibrage de la Lys (46 M€) avec le lancement de l’élargissement et les mesures environnementales, du recalibrage de la Deûle (42,7 M€) avec la réalisation des travaux d’élargissement sous ouvrages et la préparation du dragage. 

Il y a eu aussi des opérations pour fiabiliser et sécuriser le réseau comme le remplacement des installations hydrauliques et des organes de manœuvre des vannes de l’écluse de Goeulzin, sur le canal de la Sensée, la poursuite de l’entretien du réseau via les chômages réalisés sur l’Escaut, la Scarpe, la Sambre, les canaux du Nord et de Saint Quentin. 

En 2021, les montants alloués à VNF permettent la poursuite des chantiers engagés en 2020, leur achèvement pour certains d’entre eux, mais aussi d’accélérer des projets. Parmi ceux-ci, il s’agit : des premiers travaux de l’opération d’allongement de l’écluse de Quesnoy-sur-Deûle (34 M€), la régénération de l’écluse de Denain (de janvier 2021 à juillet 2022). Des travaux de maintenance « classique » sont prévus sur le réseau (écluses de Douai, de Trith, de Fontinettes, de Flandres etc.) et sur le linéaire de berge à l’occasion de plusieurs chômages d’entretien. Il ne faut pas oublier non plus le chantier du canal de la Sambre à l’Oise en vue de sa réouverture au printemps 2021. Cette dernière réalisation constitue aussi une déclinaison du contrat d’objectifs et de performance (COP) de VNF dans ce bassin. 

Le canal Condé-Pommeroeul, liaison fluviale directe entre l’Escaut et le canal du Centre, est en travaux côté France pour une remise en navigation en 2022. © VNF P.Houze

Avec des réalisations pour la fin de la décennie si les financements suivent, la création et le redimensionnement de garages d’écluses et de zones de stationnement font partie des projets conduits par la DT tout comme les besoins de bassins de virement pour lesquels un schéma directeur est en cours de réalisation. Il y a aussi le doublement et l’allongement des écluses selon les axes, des études ont été lancées en 2020.

La modernisation du réseau avec l’objectif d’une navigation possible 24 h sur 24 et 7 j sur 7 avec la téléconduite fait partie des priorités sur le bassin NPdC. Entre 2023 et 2025, à Waziers (près de Douai) et à Valenciennes, deux centres de téléconduite (PCC) sont destinés à piloter les écluses de la liaison Dunkerque-Escaut et Deûle-Lys à grand gabarit ainsi que l’ensemble des ouvrages du canal Seine-Nord Europe. La téléconduite nécessite des équipements aux écluses, l’installation de la fibre optique. Sur le gabarit Freycinet, l’automatisation et le réarmement à distance sont envisagés tout comme la fibre optique avec un déploiement progressif.

Report modal et verdissement

La DT conduit un travail auprès des chargeurs et logisticiens pour les convaincre des atouts de la voie d’eau ou répondre à des sollicitations de projet de report modal. Plusieurs tests du fluvial ont été réalisés ces derniers temps sur le bassin (produits chimiques de Loos, Veolia, Arc France) dans le cadre des accompagnements prévus par le PARM. L’enjeu est ensuite de pérenniser les trafics. 

Les préoccupations de transitions énergétique et écologique sont présentes sur le bassin où il existe plus d’une centaine de bornes électriques pour couper le groupe électrogène lors du stationnement à quai. L’accès aux bornes repose sur la disponibilité des places de stationnement. Elles ne sont pas adaptées pour le rechargement de batteries en lien avec la motorisation des bateaux. Une étude sur « la conversion de bateaux à l’électricité et l’élaboration d’un schéma directeur régional d’avitaillement » avec Norlink, les ports de Dunkerque et Lille, GRDF et VNF va démarrer pour modéliser le comportement d’un panel de cinq flux logistiques afin de déterminer le type d’énergie nouvelle le plus adapté en fonction des trajets et de leur distance.

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