VNF et la CNR ont présenté conjointement les chiffres de l’année 2021 sur le bassin Rhône-Saône-Méditerranée et insisté sur les perspectives créées par de nouveaux trafics mais aussi la nécessité de continuer à travailler pour relancer le fluvial sur cet axe, notamment autour de l'association Medlink Ports pour laquelle des évolutions sont prévues.
Pour la première fois, VNF et la CNR ont décidé de présenter conjointement les résultats du bassin Rhône-Saône-Méditerranée lors d’une conférence de presse commune le 21 juin 2022.Après une année 2020 marquée par l’accident de l’écluse de Sablons qui a interrompu la navigation sur le fleuve pendant un mois, le trafic renoue avec une légère croissance entre Pagny, Lyon, et Marseille en 2021 avec +0,7 % en tonne-kilomètre (1,080 milliard de t-km) et +2,8 % en tonnage (4,95 millions de tonnes transportées). Des chiffres largement en deçà des résultats nationaux (voir article de NPI).Sur Rhône-Saône-Méditerranée, il y a eu des difficultés pour les filières énergétique et agricole notamment. La première a connu une chute de 19 % du fait de l’arrêt des trafics de charbon sur Salaise. L’autre a souffert de la mauvaise campagne de récolte (-23 %). Résultat : malgré la reprise du trafic lié au BTP, à la métallurgie et à la filière chimique, le transport fluvial entre Rhône et Saône reste à la peine. Le trafic 2021 accuse une baisse de 30 % en t-km et de 20 % en tonnage par rapport à 2019.
Déchets, logistique urbaine
Toutefois, VNF et la CNR se veulent optimistes. « On a un vrai potentiel de développement sur différentes filières. Maintenant, il faut qu’on s’adapte aux changements, comme aux mauvaises récoltes », commente Cécile Avezard, directrice de VNF Rhône-Saône.À ses côtés, Pierre Meffre, directeur valorisation portuaire de la CNR, rappelle que de nouveaux flux porteurs d’espoir ont vu le jour. Au printemps 2021, la société Combronde a basculé sur le fluvial l’évacuation de mâchefers, produits par l’usine d’incinération des déchets de la Métropole de Lyon, vers Loire-sur-Rhône.Début 2022, le groupe Pradier s’est installé au port de Lyon-Edouard Herriot pour développer une logistique 100 % fluviale axée sur l’économie circulaire. « Notre matière première principale va être nos déchets, veut croire le responsable de la CNR. La ferraille va prendre énormément de valeurs ». Enfin, sur Lyon, la mise en place d’un premier service de logistique fluviale avec ULS est également un bon signe. L’inauguration est prévue pour le 29 juin 2022.Sachant qu’une autre expérimentation de logistique urbaine fluviale a eu lieu mi-mai 2022 entre les ports de Villefranche-sur-Saône et Lyon. Et, en juin 2022, le même bateau, Le Tourville, a également approvisionné depuis Villefranche en palettes de blocs de béton le chantier de l’hôtel de logistique urbaine (HLU) du port de Lyon pour le compte du groupe Plattard.Les deux responsables notent une réelle « volonté politique » d’aller vers du fluvial sur la métropole lyonnaise.
Faire évoluer Medlink Ports
Reste qu’un travail de concertation est toujours nécessaire pour pousser au report modal sur l’axe Rhône-Saône-Méditerranée.« Il faut se mettre tous ensemble. Or, pour cela, nous avons Medlink Ports », assure Cécile Avezard. Présidente de cette association pendant deux ans, elle vient de laisser cette fonction à Laurence Borie Bancel, présidente du directoire de CNR, lors de la nouvelle assemblée générale. Medlink Ports peut être la structure qui rassemble tous les ports du bassin. L’idée ? L’ouvrir aux collectivités locales. « On veut que ces dernières prennent en compte la logistique fluviale de leur territoire », développe Cécile Avezard.Via Medlink Ports, VNF et CNR comptent bien changer de braquet. Cette association pourrait-elle devenir une structure juridique similaire à Haropa Port sur le bassin de la Seine ?« A travers Medlink Ports, nous accueillons déjà des acteurs du ferroviaire, ce qui n’est pas le cas de Haropa, indique Cécile Avezard. Ceci dit, il ne serait pas possible de calquer le modèle de Haropa et de créer une seule structure juridique ici. Au Nord, nous avions trois ports d’État. Ici, l'histoire et la situation sont différentes ». Cependant, elle concède qu’une « réflexion est en cours » sur le sujet. « Elle pourrait aboutir à la création d’une nouvelle structure, ou d’une organisation reprenant comme base Medlink Ports », ajoute-t-elle.Pas de copier-coller donc, mais l’idée de travailler à une vraie complémentarité entre fluvial, ferroviaire et route.
Transférer des conteneurs du fer au fleuve
« Aujourd’hui, si nous mettons des conteneurs du ferroviaire sur le fleuve, cela pourra délester des flux ferroviaires, complète Pierre Meffre pour la CNR. En enlevant des conteneurs sur les voies ferroviaires entre Lyon et Marseille, on permet d’autres flux ferroviaires entre Marseille et des destinations plus éloignées, comme le Luxembourg ».VNF précise avoir échangé avec la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR) en partant de l’idée que tous les modes trouvent leur place.En attendant, quelques espoirs viennent de Marseille où CMA CGM a annoncé la fin du surcoût pour la manutention fluviale de ses conteneurs au port de Fos-sur-Mer et au Havre depuis le 1 avril 2022.Plus globalement, Medlink Ports pousse pour que les grands armateurs passent par le fluvial. De quoi faire enfin décoller le transport fluvial sur le bassin ? VNF et CNR veulent y croire.