Concrétiser le réflexe fluvial pour les chantiers du Grand Paris Express

Article réservé aux abonnés

La réalisation des nouvelles lignes de métro devient concrète en Ile-de-France et les déblais doivent être évacués le plus que possible par le mode alternatif qu’est le fluvial. Pour aller dans ce sens, une convention de partenariat a été signée au port de Bonneuil-sur-Marne le 4 octobre 2018 entre la société du Grand Paris, Haropa - Ports de Paris, Voies navigables de France, la préfecture de la région d’Île-de-France/préfecture de Paris, et la Ville de Paris.


Granulats : un marché qui se relève L'interview : Frédéric Willemin, Société du Grand Paris Transports de granulats : davantage de trafics pour le fluvial Comment s’évacuent les déblais du Grand Paris ?

En région parisienne, le chantier du Grand Paris Express, c’est la réalisation de 4 nouvelles lignes de métro, du prolongement d’une existante, de 200km de lignes automatiques, de 68 gares, de 7 centres d’exploitation. Cela va créer 45Mt de déblais et nécessiter des approvisionnements en matériaux de construction, voussoirs pour la réalisation des tunnels, rails et traverses.

Depuis le début 2018, les chantiers du Grand Paris Express deviennent de plus en plus concrets, deux tunneliers sont entrés en action pour creuser la ligne 15 sud, d’ici deux ans, ils seront 20 en tout. Il s’agit maintenant de réduire les conséquences des travaux sur les riverains et l’environnement en limitant la congestion routière pour notamment l’évacuation des déblais. De premières estimations permettent d’évaluer à 8Mt au moins les volumes de déblais susceptibles d’être évacués par la voie d’eau (soit l’équivalent de 400000 poids lourds). Il s’agit maintenant de rendre concret le report modal vers la voie d’eau, de favoriser l’utilisation de la voie d’eau pour l’évacuation des déblais et l’approvisionnement des chantiers du Grand Paris Express.

Tel est l’objectif de la convention de partenariat signée le 4 octobre 2018 au port de Bonneuil-sur-Marne par Michel Cadot, préfet de la région d’Ile-de-France/préfet de Paris, Thierry Dallard, président du directoire de la société du Grand Paris (SGP), Thierry Guimbaud, directeur général de Voies navigables de France (VNF), Régine Bréhier, directrice générale de Haropa - Ports de Paris et Caroline Grandjean, directrice de la voirie et des déplacements de la Mairie de Paris.

Chacun des signataires de la convention de partenariat « s’engage à mettre en commun leurs compétences et leurs moyens, et à coordonner leurs actions de manière régulière pour favoriser le transport par voie d’eau ».

Il faut rappeler que mode fluvial est particulièrement bien adapté aux grands chantiers urbains. Il permet d’acheminer de grandes quantités de marchandises, en toute sécurité et en réduisant au maximum les nuisances pour les riverains et l’environnement (congestion routière, pollution atmosphérique, bruit, etc.). Il permet un strict respect des délais de livraison. Un convoi fluvial de 5 000 t équivaut à 250 camions en moins sur les routes.

Des engagements pour les 5 partenaires de la convention

Parmi les engagements pour chacun des partenaires dans la convention :

- La SGP s’engage à inciter ou à imposer, selon les cas, le recours au transport fluvial, prioritairement pour l’évacuation des déblais, à chaque fois que cela s’avère pertinent d’un point de vue environnemental et économique.

- Haropa - Ports de Paris s’engage à promouvoir le transport fluvial et contribuer au développement du Grand Paris en mettant à disposition son réseau portuaire composé de 6 plates-formes multimodales et 60 ports urbains. Parmi cet ensemble, concernant les chantiers du Grand Paris Express, il s’agit plus particulièrement des quais à usage partagé comme sur le port de Boulogne-Billancourt, de nouvelles infrastructures comme à Vitry-sur-Seine ou du projet de plus long terme de Port Seine Métropole Ouest (PSMO).

- VNF s’engage à apporter son expertise lors de la création ou de l’extension d’équipements portuaires et à mettre à disposition son domaine, à adapter en tant que de besoin son offre de services, et notamment les horaires d’ouverture des écluses, aux besoins du trafic fluvial généré par les flux du chantier. VNF propose aussi un soutien financier pour l’utilisation du transport fluvial dans les projets liés au chantier par le biais de ses dispositifs d’aide : plan d’aide au report modal (PARM) pour les nouvelles installations portuaires et plan d’aide à la modernisation et à l’innovation (PAMI) pour les équipements de transbordement ou la construction/adaptation de la flotte.

- La préfecture de la région d’Île-de-France/préfecture de Paris s’engage à promouvoir l’utilisation du transport fluvial auprès de toutes les entreprises, de poursuivre sa participation au financement des grandes infrastructures fluviales et portuaires et de mettre en œuvre les outils qui relèvent de son ressort afin de contribuer au développement de la part du trafic fluvial de marchandises. Elle s’engage à constituer, avec l’ensemble des acteurs publics du secteur, un document de stratégie pour donner de la cohérence et de la visibilité aux actions de l’État.

- La Ville de Paris s’engage à répondre aux besoins du Grand Paris Express en offrant des implantations portuaires immédiatement disponibles, au plus près des tracés des lignes 15 Est et 16, et à aider les professionnels du transport fluvial à moderniser leur flotte fluviale afin de réduire leur empreinte carbone et les rejets (motorisation et cuves de rétention des eaux usées).

« L’objectif est de développer le réflexe fluvial, actuellement trop faible, a déclaré Thierry Guimbaud. La convention signée aujourd’hui peut aller dans ce sens. Le projet Grand Paris ne se fera correctement que si la part du fluvial pour l’évacuation des déblais et les approvisionnements en matériaux de construction est importante. L’une des conditions de réussite de ce grand projet de travaux publics est que sa réalisation doit avoir le moins d’impact possible sur les populations et l’environnement. Dans ce contexte, le réseau fluvial, où il y a de la capacité disponible et irriguant les grandes métropoles, constitue un mode d’acheminement particulièrement pertinent ».


La convention de partenariat a été signée au port de Bonneuil-sur-Marne car c’est là qu’une plate-forme de tri des terres issues des excavations de la ligne 15, notamment celles produites par le tunnelier partant de la gare de Créteil, va être mise en service en 2019. Les déblais arriveront par poids lourds, seront triés sur une plate-forme de 3,6 hectares situés au bord de la voie d’eau puis chargés sur une barge pour gagner leur destination finale (centre d’enfouissement ou de valorisation).

Le trafic fluvial attendu est de l’ordre de 500 000 t sur quatre ans d’exploitation, soit la moitié du trafic annuel actuel du port de Bonneuil. Pour l’aménagement de cette plate-forme, Haropa - Ports de Paris est en train de démolir les entrepôts existants, va réaliser deux estacades, un front d’accostage et une desserte routière pour un montant d’investissement de 9,5 M €. La région Ile-de-France (à hauteur de 35 %) et l’Etat (12,5%) ont participé au financement de cette infrastructure. Une voie ferrée passe entre la plate-forme de tri et la voie d’eau, rendant la plate-forme possiblement trimodale.

Actualité

À la une

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15