Avec 31,7 millions de passagers en 2023, la croisière a largement dépassé le niveau d'avant-Covid

Aerial view of a generic cruise ship traveling with speed over b

Le secteur des croisières a le vent en poupe avec 31,7 millions de passagers en 2023, dépassant ainsi de 7 % le niveau d'avant-Covid, et il prévoit de continuer sa progression avec 35,7 millions de voyageurs attendus en 2024.

Crédit photo moofushi/Adobe Stock
Après plus d'un an d'assignation à quai et une mise à l'épreuve pour la jeune industrie de la croisière, le secteur a recouvré des couleurs et de la santé avec 31,7 millions de passagers enregistrés l'an dernier, dépassant ainsi de 7 % le niveau prépandémique. Près de 36 millions de voyageurs sont attendus cette année, selon les croisiéristes.

« L'effet Covid derrière nous », a déclaré lors d'un point presse Marie-Caroline Laurent, directrice générale Europe de l'Association internationale des croisiéristes (Clia), la principale voix de la filière au niveau mondial. D'ici 2027, les croisières devraient accueillir 40 millions de passagers, selon l'association.

« La croisière continue d'être l'un des secteurs du tourisme à la croissance la plus soutenue et la plus résiliente aux crises comme le montre le rattrapage rapide des niveaux de fréquentation pré-covid. Cette dynamique démontre plus largement une envie de croisière en France comme dans le reste du monde », ajoute-t-elle.

Marie-Caroline Laurent attribue le succès des croisières à « des produits plus variés » qu'auparavant, avec le développement des croisières de luxe et d'aventure, mais aussi à une gamme de navires de tailles différentes et une « offre de prix qui reste raisonnable pour des vacances en famille ».

L'âge moyen des passagers est ainsi de 47 ans et 27 % d'entre eux ont effectué en 2023 leur première croisière. Le public familial progresse et 28 % des passagers seraient partis avec des représentants d'au moins trois générations, précise le commuiqué de presse.

Une demande en hausse de 10 %

L'organisation professionnelle prévoit une augmentation de la demande en 2024 lui permettant de compter sur 35,7 millions de passagers, soit une croissance de plus 10 % par rapport à 2023.

En matière d’offre, la capacité totale d’accueil de passagers devrait être plus élevée de 10 % entre 2024 et 2028, pour atteindre environ 700 000 personnes à horizon 2028.

« Cette croissance se traduit par une offre plurielle, que ce soit en matière de taille de navires, de budget ou encore de moyen de propulsion », ce dernier étant un grand enjeu de l'acceptation sociale de ces navires dans les ports implantés en centre-ville. 

Un marché toujours porté par l'outre-Atlantique

La clientèle d'Amérique du Nord reste source, encore en hausse de 17,5 % avec 18 millions de passagers, devant les Européens à 8,2 millions (+ 6,5 %). La clientèle asiatique recule de 37,7 % à 2,3 millions de passagers.

À ce regain d'attractivité s'oppose inévitablement la question du tourisme de masse dans les destinations d'accueil des paquebots, actuellement dans l'œil du cyclone sociétal.

« Nous discutons avec les ports, mais aussi avec les autorités locales afin de connaître leur politique touristique », assure Marie-Caroline Laurent.

Elle aborde les quotas de voyageurs déjà en place à Dubrovnik (Croatie), Bergen (Norvège) ou encore Santorin, dans les Cyclades en Grèce tandis que Barcelone (Espagne) et Lisbonne (Portugal) y songent.

En cause, l'effet taille ? « 34 % des navires font moins de 1 000 places, 39 % entre 1 000 et 3 000 et 28 % entre 3 000 et 4 000 », balaie à cet égard le communiqué de presse.

Aux détracteurs de ces objets dits encombrants, la Clia oppose ses retombées économiques, soit selon ses données, 140 Md$ générés à l’échelle mondiale (données 2022) pour seulement 2 % des voyages dans le monde et 1 % de la flotte mondiale (350 navires) et 7,7 Md€ en France, générateurs de 38 000 emplois.

47 Md€ d'investissement

La croissance du nombre de passagers (+ 27 % des croisiéristes au cours des deux dernières années) s'accompagne par ailleurs d'une hausse du nombre de navires : 63 paquebots sont inscrits au carnet de commande des cinq prochaines années, dont profitent en France les Chantiers de l'Atlantique. Les navires de croisière
représenteraient 80 % de la valeur du carnet de commandes des chantiers navals
européens.

Quant à leur empreinte carbone, près de la moitié de la flotte (46 %) est déjà équipée pour le branchement électrique à quai, soutient la Clia, et ce sera 72 % d'ici 2028. En France, Toulon permettra aux compagnies de croisières de s'alimenter en électricité dès cette année tandis que Marseille – aura finalisé les aménagements pour l'ensemble de ses terminaux en 2025.

En 2023n les aménagements ont concerné le terminal du Cap Janet (passagers internationaux) où cinq postes à quais ont été équipés tandis que les études et marchés pour le raccordement du môle Léon Gourret (croisière) ont été lancés. Un premier poste doté d’un équipement de conversion pourrait ainsi être opérationnel au dernier trimestre 2025. Un défi technique car les paquebots nécessitent une conversion de 50 à 60 Hz pour être connectés.

Au Havre, le raccordement électrique des navires de croisière sera possible dès 2025 sur un premier quai (Pierre-Callet), puis sur le quai Roger-Meunier fin 2025 et enfin, Joannès-Couvert début 2026.

Le projet de nouveau terminal des croisières sur la Pointe de Floride vient par ailleurs de recevoir, après enquête publique, un avis favorable au réaménagement complet des espaces croisière avec la création de trois nouveaux terminaux.

En ce qui concerne les nouveaux carburants, le secteur, pionnier dans l'adoption du GNL, planche actuellement sur le méthanol et les carburants de synthèse. Plusieurs expérimentations sont en cours.

Pierfrancesco Vago, le représentant de l'association au niveau européen, qui a
participé aux côtés de la Chambre internationale de la marine marchande (ICS), à
la session ministérielle du G7 sur le transport maritime le 13 avril dernier, a rappelé à cette occasion que des investissements en infrastructures sont attendus dans les ports pour être en mesure de tenir les engagements internationaux en matière de changement climatique.

« Il sera essentiel de veiller à ce que les nouveaux types de carburants et les infrastructures portuaires nécessaires soient disponibles à grande échelle dans les endroits où ils sont nécessaires afin d'éviter les goulets d'étranglement sur les routes maritimes », a-t-il insisté.

Pour identifier les besoins futurs en la matière, le syndicat a récemment annoncé avoir lancé une étude sur les besoins en infrastructures et en énergies dans les ports desservis par ses paquebots.

A.D.

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