Pour la première fois en quatorze trains de sanctions, le Conseil européen a dressé une liste spécifique de navires visant à la fois les opérations de Sovcomflot et la flotte de pétroliers clandestins. Soit 27 navires soumis à une interdiction d'accès au port et de prestations de services dont la plupart sont par ailleurs déjà inscrits sur les listes des États-Unis et du Royaume-Uni.
Il s'agit notamment de navires qui auraient transporté des équipements militaires pour la Russie, des céréales ukrainiennes volées ou des énergies (essentiellement du pétrole) via notamment une flotte clandestine.
L'action désigne expressément Sovcomflot, la plus grande compagnie maritime russe dans le transport d'hydrocarbures, et n'épargne pas le PDG du transporteur ainsi que plusieurs cadres dirigeants.
Parmi les navires épinglés figurent des unités battant pavillon du Gabon, des îles Cook, du Cameroun et de la Guinée-Bissau. Plusieurs d'entre eux sont directement liés à Sovcomflot mais la plupart opèrent par l'intermédiaire de sociétés écrans établies dans les Emirats arabes unis. Un réseau mis à jour par l'administration américaine.
Le transbordement de GNL interdit
Conformément à ce qui était pressenti, le GNL se retrouve aussi au coeur des sanctions européennes. Le transbordement dans les ports de l'UE ainsi que la fourniture d'équipements desintés aux gisements gaziers de Novatek ne seront plus possibles à l'issue d'une période de transition de neuf mois.
« Ce train de mesures radicales empêchera encore davantage la Russie d'accéder à des technologies clés. Il privera la Russie de nouvelles recettes énergétiques et s'attaquera à la flotte fantôme et au réseau bancaire fantôme de Poutine à l'étranger », a commenté Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne,
Une liste qui s'étoffe
Le 24 juin, les États membres de l'UE ont par ailleurs ajouté 61 nouvelles entreprises avec lesquelles il ne sera plus possible de commercer, en raion de leur soutien au complexe militaro-industriel russe. Les entreprises placées sur la liste actualisée de l'UE sont soumises à de drastiques restrictions commerciales concernant "les biens et technologies à double usage (civil comme militaire) ou susceptibles de contribuer au développement technologique du secteur russe de la défense".
La moitié d'entre elles sont basées en Russie et dix-neuf en Chine. Certaines « ont été impliquées dans le contournement des restrictions commerciales [imposées par les Occidentaux], dans l'achat de composants sensibles utilisés par exemple dans la production de drones, ou dans un soutien matériel aux opérations militaires russes » indique l'UE.
Cette liste, qui compte 675 sociétés, est à distinguer d'une autre comportant quelque 2 200 entités et individus interdits d'entrée dans l'UE et dont les avoirs en Europe sont gelés, en raison de la responsabilité que les Vingt-Sept leur imputent dans la guerre en Ukraine. Dans ce cadre, uelque 69 personnes et 47 sociétés supplémentaires figurent dans ce 14e paquet de sanctions.
Les entreprises chinoises dans le collimateur
Dans la liste publiée au Journal officiel de l'UE figurent notamment deux acteurs majeurs de l'industrie satellitaire chinoise impliqués dans la vente au groupe de mercenaires russe Wagner de satellites et de fourniture d'images satellites.
En octobre, une enquête de l'AFP avait révélé l'existence d'un contrat datant de novembre 2022 par lequel la société Beijing Yunze Technology avait vendu deux satellites pour environ 31 M$ à une société de la galaxie de Evguéni Prigojine, patron du groupe paramilitaire Wagner.
Les deux satellites d'observation très haute résolution appartenaient à Chang Guang Satellite Technology (CGST), l'un des plus gros acteurs mondiaux du spatial par le niveau technologique et le nombre de satellites. Ce dernier a été sanctionné le 24 juin par l'UE.
Autre société ciblée, le courtier en images satellitaires Head Aerospace Technology, qui avait déjà été concerné en 2023 par des mesures de rétorsion des États-Unis, accusé d'avoir facilité l'invasion de l'Ukraine en ayant fourni de l'imagerie satellite de sites ukrainiens à des entités affiliées à Wagner.
La Chine, soutien pro-russe ?
"Les États-Unis diffusent de fausses informations sans aucune preuve et rejettent la responsabilité sur la Chine", a répliqué Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères
Adeline Descamps
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