Les prix du pétrole se sont repris ces dernières heures – le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s’est stabilisé à 80,78 $ et son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), à 77,93 $ –, mais il s’agit d’un rebond. Car en ce début d’année, les prix du pétrole naviguent en deçà des 80 $ après avoir allègrement franchi la barre symbolique de 100 $ en 2022.
Sur le front du gaz naturel, le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, s'échangeait à 38,15 € le mégawattheure (MWh), effaçant toutes les envolées de prix provoquées par les tensions géopolitiques entre l'Europe et la Russie.
Un résultat net de 5,6 Md$
Dans cet environnement moins favorable, la compagnie pétrolière et gazière française a engrangé au premier trimestre 2023 un résultat net en hausse de 12 %, à 5,6 Md$, contre 4,9 milliards il y a un an à la même époque. Il se trouve légèrement en deçà des attentes des analystes financiers, autour de 6 Md$.
La division pétrolière (exploration et production) y a contribué à hauteur de 2,7 Md$ avec une production en croissance de 2 % (2,5 Mb/j) par rapport au trimestre précédent du fait du démarrage de la production de gaz sur le bloc 10 en Oman et de l’acquisition d’une participation de 20 % dans les champs pétroliers de Umm Lulu aux Émirats Arabes Unis.
Le GNL impacté par la baisse de la demande européenne
Le deuxième opérateur mondial dans le domaine du GNL (production de 463 kbep/j au premier trimestre) a réalisé un résultat opérationnel net ajusté de 2,1 Md$, impacté la baisse des ventes GNL et des prix du fait de la faiblesse de la demande européene. Cette activité avait enregistré un résultat opérationnel net ajusté de 11,2 Md$ en 2022 en raison d'une forte demande en Europe.
Les ventes de GNL au premier trimestre 2023 sont en baisse de 17 % sur l’année et son prix moyen s’est élevé à 13,27 $/MMBtu au cours de la période janvier-mars, ayant perdu 1,56 $/MMBtu par rapport au trimestre précédent et 0,33 $/MMBtu par rapport au premier trimestre 2022.
À 15,90 $/MMBtu en 2022, le prix moyen du gaz liquéfié avait bondi de 81 % par rapport à 2021. « Les prix du gaz européens et asiatiques sont revenus à des niveaux proches de la parité Brent, à 16-17 $/Mbtu compte tenu de l’hiver doux et des stocks élevés en Europe », indique le communiqué, soit une baisse de 50 % par rapport aux 32,3 $ observé aux premier et quatrième trimestre 2022.
L'activité « GNL intégré » a en outre pâti de l'effet de la déconsolidation de Novatek à partir du 1er janvier 2023. La dépréciation de sa participation s’était soldée par une perte de 4,1 Md$ dans ses résultats du quatrième trimestre.
Parmi les faits marquants dans ce domaine, la mise en service du terminal flottant de regazéification de GNL à Lubmin, en Allemagne et le feu vert des autorités françaises et européennes pour l’installation du terminal flottant de regazéification de GNL au Havre.
Capacité d'électricité renouvelable à 18 GW
Dans les énergies renouvelables, le premier trimestre a généré un résultat opérationnel net ajusté de 370 M$ et un cash-flow de 0,4 Md$. La major française se dit satisfaite de la rentabilité des capitaux investis dans ce domaine avec un ROCE (return on capital Employed) de près de 10 % sur 12 mois, « confirmant notre capacité à croîre de manière rentable dans cette activité », indique le communiqué.
La compagnie a finalisé ce trimestre l’acquisition d’une participation de 34 % dans Casa Dos Ventos au Brésil, portant sa capacité installée de génération électrique renouvelable à 18 GW, en hausse de plus de 1 GW par rapport au trimestre précédent, dont 0,6 GW liés à cette prise de participation.
La production nette d’électricité (8,4 TWh) ressort en hausse de 10 % sur le trimestre.
Hausse des volumes raffinés
Le résultat opérationnel net ajusté du secteur Raffinage-Chimie s’est établi à 1,62 Md$ en hausse de 44 % sur un an, du fait de la hausse des volumes raffinés. notamment en raison du redémarrage de la raffinerie de Donges en France au deuxième trimestre 2022. Conséquence de la baisse des cours,
Un chiffre d'affaires de 62,6 Md$
Le chiffre d'affaires trimestriel du groupe est en recul par rapport à la même période l'an dernier, à 62,6 Md$ (- 8,7 %). Conforté par ces résultats, le conseil d’administration a confirmé l’augmentation de 7,25 % du premier acompte sur dividende au titre de l’exercice 2023, à 0,74 € par action, ainsi que le rachat jusqu’à 2 Md$ d’actions au deuxième trimestre 2023.
Fin des bitumineux au Canada
Parallèlement à ses résultats trimestriels, le groupe a annoncé la vente de ses activités d'exploitation des sables bitumineux au Canada à SunCor Energy pour 4,1 Md$, « dans le cadre d'une stratégie de réduction de son empreinte carbone ». L’opération devrait être finalisée avant la fin du 3e trimestre 2023, L'activité avait été classifiée de « stranded assets » (actifs en perte de valeur) dès 2022.
Reprise du projet GNL au Morambique prématuré
Quant à un éventuel redémarrage de son projet d'exploitation de gaz naturel au Mozambique, dans lequel TotalEnergies devrait investir 16,5 Md$, il est « prématuré » à ce stade, a balayé Patrick Pouyanné, le PDG du groupe. Le président mozambicain, Filipe Nyusi, avait assuré le 25 avril que les conditions étaient réunies pour permettre les opérations suspendues depuis 2021 à la suite d'une attaque jihadiste d'ampleur. La province du Cabo Delgado (nord-est), riche en ressources naturelles et à majorité musulmane, située à la frontière avec la Tanzanie, est en proie à des violences de groupes armés depuis fin 2017.
Peu avant 12H00, après l’annonce des résultats, le titre était en baisse de 1,44 % à 57,56 €, dans une bourse de Paris en légère hausse (+ 0,44%).
Adeline Descamps