Le chantier italien Fincantieri l’a annoncé le 6 avril : sa filiale norvégienne Vard (ex-STX Offshore & Specialized Vessels) a signé un contrat avec North Star Renewables, filiale du groupe écossais présent dans l’offshore pétrolier et gazier North Star Shipping, pour la construction des trois premiers navires de service qui seront utilisés pour la maintenance du champ éolien offshore du Dogger Bank, revendiqué comme étant le plus grand parc éolien du monde (3,6 GW), une fois achevé en 2026. North Star Renewables avait été retenue le 16 mars pour la fourniture et l’exploitation de ces SOV pendant une période de dix ans par le consortium qui met actuellement en place le champ d’éolienne de Dogger Bank constitué de la société publique norvégienne Equinor (ex-Statoil) et du spécialiste britannique de l’éolien SSE Renewables, rejoints récemment par le pétrolier italien Eni.
SOV construits au Vietnam
Le plus grand d'entre eux, destiné à l’entretien des éoliennes et des autres équipements, fera 85 m de long et disposera de 78 cabines pour autant de passagers. Les deux autres, qui seront utilisés pour les réparations, présenteront une longueur de 78 m et pourront héberger 60 personnes en cabines individuelles.
Les trois SOV seront construits sur le site de Vũng Tàu dans le Sud du Vietnam. Leurs passerelles ajustables en hauteur seront équipées de dispositifs antiroulis. Ils disposeront en outre d’un système de transfert réglable en hauteur, ainsi que d’une grue compensée en 3D pour la manutention des cargaisons.
Conditions de navigation difficiles
Les unités conçues et construites par Vard seront donc adaptées aux conditions de navigation difficiles du Dogger Bank : situé en mer du Nord, à 130 km au large des côtes du Yorkshire, dans le nord-est de l'Angleterre, ce gigantesque banc de sable très fréquenté par les pêcheurs, présente des hauts-fonds, avec une profondeur moyenne de 20 m seulement. « Les projets ont été conçus pour un environnement marin extrême tel que celui de la mer du Nord, avec une attention particulière à la sécurité, au confort à bord et à l'empreinte environnementale grâce à une propulsion hybride diesel-électrique comprenant une solution de batterie pour des opérations neutres en carbone à l’avenir », indique Thomas Brathaug, architecte naval chez Vard.
Le chantier norvégien estime que la commande passée par North Star Renewables lui permet de « renforcer sa position dans ce segment particulier du marché offshore et dans celui des navires spécialisés à hautes performances, même dans les conditions environnementales les plus difficiles. Le secteur des énergies renouvelables offshore est dans une phase de transition, passant d'une industrie exclusivement européenne à un marché mondial. » Vard a déjà développé plusieurs concepts de ce type de navires et entend profiter de la tendance à la croissance du secteur.
Une partie du matériel fabriqué en France
Les navires devront être livrés à l’exploitant du parc Equinor en trois phases, en juillet 2023, janvier 2024 et juillet 2024. Ils seront ensuite affrétés à Dogger Bank pour une période de 10 ans et seront exploités pendant toute la durée du contrat par North Star, à partir d'une nouvelle base établie à Port of Tyne.
Le champ éolien offshore de Dogger Bank sera livré en trois phases avec pour chacune, une puissance installée de 1,2 GW. Les travaux ont commencé début 2020 et la mise en production des deux premières étapes devrait intervenir en 2023. À terme, 280 éoliennes seront installées sur une zone de 1 700 m². Un investissement estimé à 10 Md€ pour une puissance totale de 3,6 GW, ce qui en fera le plus grand site éolien offshore au monde.
Une partie du matériel, fourni par General Electric, sera fabriqué dans deux ports français : le consortium a en effet choisi l’éolienne Haliade-X, la plus puissante du moment avec 13 MW. Les nacelles proviendront de l’usine GE de Montoir-de-Bretagne, tandis que les pales, d’une longueur record de 107 m, seront fabriquées à Cherbourg.
Étienne Berrier