En fin d’année, la mise à l’eau du premier microméthanier russe, projet porté par Gazprom Neft, et le financement du premier souteur espagnol par l’UE ont animé le marché. 2020 avait déjà offert un écrin à ces avitailleurs de navires au GNL, dont on ne sait toujours pas s’il ne sera que de transition.
Vingt. C’est le nombre de navires de soutage en GNL identifés au 1er janvier par DNV GL. Plus discrets que les géants qu’ils sont censés avitailler, les microméthaniers ont néanmoins animé l’année 2020. Parmi les plus remarquables, on retient d’ordinaire le plus grand navire de soute jamais construit avec sa longueur de 135 m et ses 18 600 m3 de capacité dans ses cuves de Mark III FLEX fournies par la société française GTT. Basé à Rotterdam d’où il rayonnera sur l’Europe du nord, le Gas Agility a beaucoup fait parler de lui ces derniers mois notamment parce qu’il alimentera en GNL les neuf mastodontes de plus de 23 000 EVP de CMA CGM, dont certains ont déjà été livrés. Il est lui-même propulsé au GNL et doté d’un système de reliquéfaction de ses gaz. Propriété de Emerald Green Maritime, une filiale de MOL, construit dans les chantiers navals du chinois Hudong-Zhonghua, il a été affrété à Total Marine Fuels Global Solutions (TFMGS).
Le GNL dans les starting-blocks
Avitailleur de PCTC
Le Japon a également introduit l’an dernier son premier souteur en GNL opérant dans la baie de Tokyo. D'une capacité de 3 500 m3 et long de 80 m, le Kaguya (une princesse japonaise) a été baptisé le 16 septembre. Il est exploité par LNG Marine Fuel Japan Corp. – joint-venture entre "K" Line, JERA, Toyota Tsusho Corp. et NYK Line – et basé à la centrale thermique de Kawagoe de JERA. Il a commencé à livrer du GNL en ship-to-ship dans la région de Chubu. Il fournira notamment du GNL au Sakura Leader, premier grand PCTC (transporteur de voitures et de camions) alimenté au GNL exploité par NYK ainsi qu’à un nouveau transporteur de voitures qui sera livré à "K" Line.
Singapour a également reçu son premier avitailler, le FueLNG Bellina, récemment livré par le chantier singapourien Keppel Offshore & Marine à FueLNG, une entreprise commune entre Keppel O&M et Shell Eastern Petroleum. Parmi ses premiers clients, les navires affrétés par Shell et de l'un des porte-conteneurs de Hapag Lloyd (le Sajir). FueLNG assurera également le soutage de GNL à partir de la première installation de soutage spécifiqement dédiée de la Cité-État. Elle devrait être également construite et Shell fournira le GNL lorsqu'elle sera opérationnelle d’ici la fin de 2021.
Singapour veut porter sa capacité de soute de GNL à 1 Mt
Souteur russe
Parmi les derniers événements qui ont animé ce marché mais passé inaperçus en raison des fêtes de fin d’année : la mise à l’eau du premier microméthanier russe et le financement européen pour la construction d’un souteur espagnol.
Lancé par la société russe Gazprom Neft, nommé en l'honneur du chimiste et chercheur russ, le Dmitri Mendeleïev dispose d’une capacité de 5 800 m3 de GNL. Exploité en mer Baltique, il est également équipé d'une coque renforcée classée Arc4, capable de fendre la glace jusqu'à environ 0,7 m. Il reçoit actuellement les systèmes de navigation et de commandes. Il doit entrer en service au cours du second semestre 2021.
Pour soutenir la croissance des opérations de GNL en Espagne, la Commission européenne a accepté de cofinancer la construction du premier avitailleur espagnol de GNL. Le projet, porté par une filiale d'Enagás et de l'Autorité portuaire de la baie d'Algésiras (APBA), sera subventionné à hauteur de 20 % de son coût, soit environ 13,5 M€. D’une capacité de 12 500 m3, il est attendu pour 2023 au terminal d'Enagás à Huelva. Il sera exploité à la fois pour ravitailler les navires mais aussi pour transférer le GNL vers de plus petites barges destinées à alimenter en carburant les petits navires amarrés. Le port espagnol, qui a effectué sa première livraison de GNL aux navires par camion-citerne en 2012, a opéré sept ravitaillements en GNL en truck-to-ship en 2020.
175 navires au GNL
Selon les dernières données actualisées de Sea\LNG, un lobby industriel britannique, 175 navires à propulsion GNL sont en service dans le monde (hors la flotte de 600 méthaniers, dont la majorité est au GNL). 230 navires sont en commande et 150 en « LNG ready ». Les données de la Society for Gas as a Marine Fuel diffèrent quelque peu : il y aurait 185 navires alimentés au GNL en exploitation et 212 autres en commande dans le monde. Une trentaine de souteurs pourraient être exploités dans les cinq ans. Côté infrastructures, le produit serait disponible dans une petite centaine de ports alors qu’une soixantaine sont en train ou ont réalisé les investissements nécessaires.
Adeline Descamps