En léger décalé par rapport à son planning, les travaux de conversion du Sajir, l'un des 17 navires que Hapag-LLoyd entend propulser au GNL, ont démarré sur le chantier chinois Huarun Dadong Dockyard à Shanghai. Ouverture de la voie au retrofit de grands porte-conteneurs.
Le porte-conteneurs de 15 000 EVP, hérité de la flotte de United Arab Shipping Company (UASC) acquise en mai 2017 par le transporteur allemand, est arrivé sur le chantier de Shanghai du constructeur Hudong Zhonghua Shipbuilding le 31 août pour les travaux de rétrofit comprenant l'installation d'un réservoir de GNL GTT de 6 500 m3. Le navire devra donc être ravitaillé deux fois lors d'un voyage Asie-Europe et une fois lors d'un voyage aller-retour transpacifique.
Le calendrier a été légèrement perturbé par la crise sanitaire. Il était prévu pour des travaux en mai. Le moteur MAN existant, qui brûle du fuel lourd, sera reconfiguré pour être hybride, alimenté en GNL avec le fuel à faible teneur en soufre (LSFO) en carburant d’appoint. La conversion du Sajir est estimée à 30 M$. Une somme non négligeable alors que le porte-conteneurs, construit en 2014 par le sud-coréen Hyundai Heavy à Ulsan, avait été présenté comme « prêt pour le GNL » (« LNG ready ») ». Huarun Dadong prévoit de terminer les travaux d'ici la fin de l'année.
Une conversion pilote
Il s’agit pour le 5e armateur mondial de porte-conteneurs d’un navire pilote, ouvrant la voie à 16 autres unités de la flotte UASC appelées à recevoir les mêmes travaux en fonction du retour opérationnel. Hapag-Lloyd (234 navires dont 112 en propriété) l’avait annoncé dans un document d’une centaine de pages publié en novembre 2018 et portant sur les points clés de sa stratégie à horizon 2023 alors que l’armateur hésitait encore entre scrubbers et GNL. Rolf Habben Jansen, le directeur général de l’entreprise, avait mentionné l’éventualité de convertir certaines des unités de UASC. Si le premier essai est concluant, expliquait-il, alors le groupe investirait alors dans cette solution pour les 16 autres. Le document stratégique 2023 mentionnait « un coût estimatif de conversion de 25 à 30 M$ par navire ».
« En convertissant le Sajir, nous serons la première compagnie maritime au monde à convertir un porte-conteneurs de cette taille à la propulsion au GNL », avait avancé Richard von Berlepsch, directeur général de la gestion de flotte chez Hapag-Lloyd. En réalisant ce projet pilote sans précédent, nous espérons apprendre pour l'avenir et ouvrir la voie aux grands navires pour qu'ils puissent utiliser ce carburant de remplacement. » La sémantique est importante : le transporteur évoque un carburant de substitution et non de transition, objet d’un débat d’experts aujourd’hui.
Hapag-Lloyd convertit un premier navire au GNL ... comme convenu
GNL, carburant star de cette année
Avant la fin de l’année, le GNL doit faire sa grande rentrée dans le monde des géants si des retards ne perturbent pas l’ordonnancement prévu. La livraison du premier des neuf megamax de 23 000 EVP au GNL, le Jacques Saade de CMA CGM, doit intervenir dès ce mois de septembre. Son avitaillement sera assuré par le Gaz Agility, propriété de l’armateur nippon Mitsui O.S.K. Lines (Mol), affrété à long terme par Total marine fuels global solutions (TMFGS) et qui opérera à partir de Rotterdam. Il est notamment destiné à alimenter l’ensemble de la série suivant un contrat de dix ans signé entre l’armateur français et TMFGS en décembre 2017. Construits sur les chantiers chinois de China State Shipbuilding Corp (CSSC), les nouvelles unités doivent être livrées entre 2020 et 2021.
A.D.