Il y a un mois, le premier des très grands porte-conteneurs de Hapag-Lloyd, qui seront tous à double carburation avec le GNL, a été mis à flot sur le site du constructeur sud-coréen DSME. Deux ans après la commande. La tête de série de 23 500 EVP devait être livrée en avril 2023 tandis que le dernier de cette commande effectuée en deux temps, à six moi d’intervalle, est attendu pour fin 2024.
« Nous misons sur le GNL comme solution à moyen terme », avait précisé, à l’occasion de la commande, le transporteur allemand, qui veut croire à l’après-GNL. « L'objectif à moyen terme est de disposer de navires fonctionnant de manière neutre sur le plan climatique en utilisant du gaz naturel synthétique (GNS) ».
Le cinquième transporteur maritime mondial de conteneurs, qui s’est engagé à être net zéro carbone d'ici 2045, a pris le temps de poser ses convictions quant au GNL, préconisant pendant un temps un mix énergétique, en panachant des scrubbers (donc avec du fuel à 3,5 % de teneur en soufre), du LSFO (moins de 0,5 % de soufre).
Il a commencé par opter pour la conversion au GNL de l’ex-Sajir, rebaptisé Brussels Express. Le porte-conteneurs de 15 000 EVP, hérité de la flotte de United Arab Shipping Company (UASC) acquise en mai 2017, avait été pensé en « LNG ready ». Après sept mois de travaux exécutés par le chantier naval Huarun Dadong Dockyard à Shanghai et un investissement de 35 M$, le panamax de Hapag-Lloyd a été remis en service en avril. Il est jusqu'à présent le seul transporteur à avoir opéré un tel ouvrage. Et à quel prix… Rolf Habben Jansen, le PDG de Hapag-Lloyd, a admis qu’il ne récupérerait son investissement au cours de sa durée de vie, estimant à 25 M$ par navire le coût maximal d’une mise à niveau.
Shell, fournisseur officiel
Nouvelle étape. Hapag-Lloyd a signé avec Shell pour l’avitaillement de ses grands gabarits dans le port de Rotterdam. « Grâce à un réseau étendu de 15 sites de ravitaillement en GNL dans 10 pays, Shell a déjà réalisé plus de 1 000 opérations de ravitaillement de navire à navire en toute sécurité pour ses clients maritimes », fait valoir la major britannique, qui assure déjà la soutage du panamax reconverti.
Outre l'accord d'approvisionnement en GNL, Shell et Hapag-Lloyd ont noué un « accord de collaboration stratégique » visant à accélérer de déploiement de carburants marins alternatifs. « Dans un premier temps, l'accent sera mis sur le développement du potentiel d'autres solutions de carburants à faible teneur en carbone, notamment le biométhane liquéfié et l'e-méthane. Le biométhane liquéfié en tant que carburant marin a le potentiel de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 65 % à 100 % », précise l’armateur.
Les douze navires au GNL de 23 500 EVP, pour lesquels l’armateur allemand aura dégagé près de 2 Md€ (dont un peu moins de 900 M€ financés par un prêt vert), seront déployés sur les lignes entre Europe et Asie (services FE) dans le cadre de THE Alliance [Hapag-Lloyd, One, HMM, Yang Ming]. Avec cette commande, Hapag-Lloyd avait rejoint le club des armateurs ayant opté pour les formats XXL. Le transporteur public a dix-huit navires en commandes totalisant plus de 360 000 EVP de capacité.
Adeline Descamps