La compagnie pétrolière et gazière qatarie a donné le feu vert à ce qui va l’animer pendant quelques années. Elle a signé avec le chantier chinois Hudong-Zhonghua (groupe CSSC) un contrat de 770 M$ pour les quatre premiers méthaniers d’un vaste programme de construction portant sur une centaine de méthaniers (151 avec les options).
L’investissement de 20 Md$ doit étoffer et moderniser la flotte de Qatar Energy dans les cinq ans en prévision d’une hausse de 43 % de sa production de GNL. La petite monarchie du Golfe entend porter sa capacité de 77 à 126 Mt/j d’ici 2027.
Les premiers navires seront exploités pour le transport de GNL extrait du champ gazier offshore North Field que le Qatar partage avec l'Iran. Mais Qatar Petroleum anticipe aussi sur les besoins de transport d'Ocean LNG, une coentreprise qu’il détient avec ExxonMobil (30 %) créée spécifiquement pour le projet Golden Pass LNG dans l’État du Texas aux États-Unis. D’une capacité de production de 16 Mt/an avec trois trains de liquéfaction, la mise en service de ce dernier est prévue en 2024.
Le Qatar offre à la Chine une commande record à l'exportation
2,86 Md$
C’est en avril 2020 que le groupe chinois de construction navale China State Shipbuilding et Qatar Petroleum avaient officiellement signé un contrat de 2,86 Md$ pour une première série, mettant fin à un suspense de deux ans et interminable feuilleton médiatique pendant lequel les représentants du Qatar avaient parcouru les chantiers de réference sur le segment des méthaniers.
La signature du contrat avait aussi pris de court « un monde » assommé par la crise sanitaire. Ils étaient pourtant nombreux à penser que la conjoncture déprimée du GNL allait l’amener à retarder voire à enterrer quelques-unes de ses emplettes.
L’accord sino-qatari a finalement été signé et a eu un goût particulièrement amer pour les chantiers sud-coréens (Hyundai Heavy Industries, DSME et Samsung Heavy Industries), maîtres mondiaux du segment et qui avaient jusqu’alors construit tous les méthaniers commandés par le Qatar de 2004 à 2007. Mais le chinois Hudong-Zhonghua, pour sa part, scellait sa plus grande affaire jamais signée avec une société étrangère. Seul chantier capable de délivrer des méthaniers de grande taille, la filiale de CSSC, qui a son siège à Pudong (Shanghai) et possède trois sites, en a déjà construit une vingtaine.
Finalement, en juin 2020, Qatar Petroleum finira par signer d’autres accords avec HHI, DSME et SHI pour leur réserver la majeure partie de leur capacité de construction de méthaniers jusqu’en 2027.
En mars dernier, la compagnie publique a lancé l’appel d’offres pour des contrats d'affrètement à long terme portant sur sa future flotte, dont le nombre exact, les caractéristiques et la ventilation entre les chantiers ne sont toujours pas connus. L’appel d’offres comprend par ailleurs des options pour remplacer l’affrètement à temps pour un certain nombre de méthaniers qui expireront dans les prochaines années.
Qatar Petroleum a confié au producteur de gaz du pays, Qatargas, dont il est actionnaire aux côtés de capitaux étrangers, la gestion du programme de sélection d'armateurs.
Deuxième exportateur mondial de GNL
L’un des plus petits États arabes, avec une population de 2,5 millions d'habitants, qui avait refusé d'être intégré à la fédération des Émirats arabes unis en 1971 lors de son indépendance après 55 ans de protectorat britannique, est le deuxième exportateur mondial de GNL (il était le premier jusqu'en 2020). Il a quitté le cartel pétrolier de l'OPEP en 2019.
Après deux ans d'excédent budgétaire, le pays devait accuser un déficit en 2021 en raison de la baisse des prix des hydrocarbures liée à la pandémie. Le Qatar est aussi ce pays qui s'est fait connaître sur la scène internationale grâce à des investissements tous azimuts, réalisés le plus souvent par son fonds souverain, le Qatar Investment Authority, l'un des plus importants du monde.
Adeline Descamps