Le registre de la petite île perdue au milieu de la mer d’Irlande a recruté un profil capé pour le représenter en Chine. Dernière étape d’une intense campagne de promotion opérée ces derniers mois pour attirer de nouvelles immatriculations en Asie, son marché cible.
Le démarchage commerciale bat son plein. Le registre d’immatriculation des navires de l'Île de Man (IOMSR), classé au 17e rang mondial par Clarksons en termes de tonnage, juste après l'Italie, avec environ 14 millions de jauge brute, 400 navires et 11 000 marins sous son drapeau, entend se donner les moyens de se positionner sur les marchés clés. Après la Grèce, le Japon et le Singapour, où a il installé des émissaires, la dépendance autonome de la Couronne britannique a fait appel aux services de Jonathan Kingdon, directeur des activités en Asie de la société d'inspection maritime IDWAL.
La Chine est un marché stratégique pour la petite île de la mer d'Irlande. Elle y a mené ces derniers mois une intense campagne de promotion, opération orchestrée par le directeur du registre, Cameron Mitchell, un ex-dirigeant de Maersk, arrive à la tête du registre en mars 2019. Une présence commerciale capitale pour l’ex-ingénieur maritime. « La grande majorité des navires sont construits dans les chantiers navals de Chine, du Japon et de Corée du Sud, et certaines des plus grandes compagnies maritimes du monde opèrent à partir des principaux centres maritimes d'Asie, notamment Hong Kong, Singapour et Tokyo », justifie-t-il, mentionnant les propriétaires et exploitants de pétroliers et de vraquiers grecs, qui constituent la base de sa clientèle. Bien que les adhérents au Red Ensign soient traditionnellement européens, les deux tiers du tonnage du régistre sont gérés depuis l'Asie, indique-t-il.
Panama, Libéria, Îles Marshall : des positions renforcées en 2020
Grande opération commerciale
À l’instar de ses concurrents, Douglas déploie les mêmes arguments pour attirer le chaland : un service assuré 24 h/24h, rendant l’enregistrement possible à tout le monde et à tout moment, des tarifs compétitifs (réductions opérées en fonction du nombre de navires, des incitations financières pour les navires vertueux), une rapidité d’exécution sans formalités excessives avec livraison des documents « généralement dans la journée », une « expertise technique interne constamment disponible », un éventail de services maritimes, notamment la gestion des navires, le financement des navires, les assurances maritimes, les services juridiques, l'affrètement et la formation. Le port d’attache de 400 navires à ce jour ne manque pas d’ajouter que ces caractéristiques, suffisamment attrayantes en soi, sont opérées dans un cadre exonéré d'impôts…
Jonathan Kingdon usera de ces arguments auprès des armateurs chinois mais pour lui, « un des messages clés à transmettre au marché chinois est le statut de nation favorisée offert par le registre avec des droits de tonnage préférentiels ». Le statut équivaudrait à une ristourne de 28 %, ce qui, « dans le cas de newcastlemax représente une économie de quelque 90 000 $ par an. »
L'Île de Man rejoint la coalition Getting to zero
Numérisation à marche forcée
L’année 2020, exercice contrarié par des restrictions d’opérer, a été l’occasion pour le registre d’accélérer sur la digitalisation de ses procédures. Ainsi, en mai, le capesize Berge Zugspitze a effectué son inspection annuelle à distance alors qu’il était au mouillage, au large de Port Hedland en Australie, par des moyens video et numérisés.
Le registre n’occupait plus, dans le classement 2017-2019, la première place du Memorandum of Understanding on Port State Control (MoU) qui spécifie la qualité des registres des États du pavillon en fonction de leur conformité aux diverses conventions internationales. Mais il l’était dans celui de 2016-2018 et est invariablement sur liste blanche depuis des années. Il fait également partie du redoutable programme Qualship 21 des garde-côtes américains et est bien placé dans le protocole de Tokyo.
Adeline Descamps