L'escalade militaire hypothèque la nouvelle route céréalière

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Ying Hao 01

le Ying Hao 01, un panamax de 74 759 tpl de propriété chinoise, ont touché le port de Yuzny,

Crédit photo ©Andy Ru/MarineTraffic
Le regain de tensions entre les forces russes et ukrainiennes compromet la nouvelle route céréalière, mise en place par Kiev le long de la côte occidentale de la mer Noire, pour contrer le blocus maritime russe. Elle commençait à démontrer sa faisabilité, permettant à plusieurs vraquiers d’entrer et de sortir avec succès.

La guerre entre dans son vingtième mois en mer Noire et les attaques à l'aide de drones et de missiles redoublent d'intensité. Deux jours après les tirs de missiles ukrainiens s’abattant sur le quartier général de la flotte de la mer Noire en Crimée (le 19 septembre), les forces russes ont répliqué par une attaque de drones et une salve de missiles sur Odessa, endommageant le terminal céréalier et détruisant jusqu'à 40 000 t de céréales, selon les déclarations du député ukrainien Oleksiy Goncharenko dans un communiqué.

Selon l’élu, les dommages sont suffisamment importantes pour rendre inopérantes les infrastructures de chargement et déchargement des navires, et ce faisant l’accueil de vraquiers et les expéditions.

Contourner le blocus maritime

Cette nouvelle escalade survient alors que les autorités ukrainiennes s’efforcent de rouvrir la mer Noire à la navigation en dépit du blocus maritime russe pour compenser la suspension du pacte céréalier négocié sous l’égide des Nations Unies, qui a permis jusqu'à la mi-juillet de sortir 33 Mt céréales des deux pays, grands fournisseurs mondiaux de blé et de maïs, céréales cruciales pour la sécurité alimentaire mondiale.

Depuis le Resilient Africa, premier vraquier (3 276 tpl) à avoir quitté Chornomorsk, chargé de 3 000 t de blé, à destination d’Israël, plusieurs navires ont pu transiter par le nouveau corridor dans un sens ou l’autre – deux sorties et trois entrées –, malgré les menaces répétées de Moscou de considérer tout navire s’aventurant en mer Noire comme des bâtiments militaires.

Ce faisant, ils témoignent de la faisabilité de cette nouvelle route céréalière qui préconise de longer les côtes roumaines et bulgares, États membres de l'OTAN, en ne s’éloignant pas des limites territoriales au-delà de 12 milles (20 km).

Longer la côte occidentale de la mer Noire

Le dernier à avoir emprunté ce nouvel itinéraire, est l'Aroyat, navire battant pavillon de Palau. Il a quitté le port ukrainien avant les frappes massives du week-end et a atteint le Bosphore aux premières heures du dimanche 21 septembre. Il a longé un ensemble de plates-formes pétrolières et gazières reprise par les forces spéciales ukrainiennes sur les Russes, indiquent certains rapports.

Le 19 septembre, l’Azara, un vraquier un peu plus grand de 13 898 tpl et le Ying Hao 01, un panamax de 74 759 tpl de propriété chinoise, ont touché le port de Yuzniy, à l’est d’Odessa, pour charger tandis que l’Eneida est arrivé à Chornomorsk. Ils ont pour destination la Chine, l'Égypte et l'Espagne.

Selon les autorités ukrainiennes, les navires devaient charger des produits agricoles et du minerai de fer, dont les échanges n'ont repris que récemment, le minerai de fer étant exclu de l’accord céréalier.

L’augmentation de la taille des navires est interprétée par certains comme une certaine montée en confiance. Mais pour l’heure, rien ne filtre des prix auxquelles ont été négociées les céréales alors que les coûts d’expédition doivent être élevées compte tenu des risques.

Lire aussi : Mer Noire : assurer des navires bravant le blocus maritime

Risque de guerre aux coûts élevés

Le regain de tensions concentrées sur des infrastructures portuaires n’est pourtant pas de nature à minimiser les risques de naviguer dans ces eaux pour le moins inhospitalières. D’autant que les primes d’assurance s’échauffent. Le succès de cette route pourrait précisément contribuer à les refroidir.

Pour donner toutes ces chances à cette route à haut risque de guerre, Kiev s'est montré disposé à assumer une partie des risques dans le cadre d'un partage avec le secteur privé et une banque publique, avait-il été annoncé. L'exécutif ukrainien avait ensuite déclaré, début septembre, être en négociation avec des assureurs internationaux et une banque publique locale.

Des sources d'assurance ont ensuite confirmé l'existence d'un accord avec l'assureur Marsh & McLennan et des assureurs basés sur le marché londonien (Lloyd's).

Le risque de guerre serait couvert sur une période critique de 10 heures de navigation entre la frontière roumaine sur le Danube et les ports ukrainiens, y compris l’attente et le chargement et le voyage de retour.

1,45 Mt exportés en septembre

Depuis le début du mois, l’escalade militaire est palpable. Le port de Sébastopol a été en partie détruit, privant ainsi la marine russe d'une plateforme de premier plan pour maintenir un blocus naval tandis que les navires de patrouille russes dans l'ouest et le nord de la mer Noire ont été menacés.

Les exportations de céréales ukrainiennes ont totalisé 1,45 Mt sur la période du 1er au 21 septembre, contre 2,94 Mt il y a un an, même période.

Selon les données officielles, l'Ukraine a exporté 6 Mt jusqu'à présent de sa saison juillet 2023/juin 2024 contre 7,2 Mt (dont 2,9 Mt de blé et 2,5 Mt de maïs) il y a un an.

Le pays devrait récolter au moins 80 Mt de céréales et d'oléagineux en 2023 et l'excédent exportable en 2023/24 est estimé à environ 50 Mt.

Adeline Descamps

 

 

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